Net mais pas sans aucune bavure. Si les grands débuts de Jose Mourinho avec Manchester United sont brillants au niveau comptable avec la victoire ramenée dimanche de Bournemouth (3-1), la manière a longtemps ressemblé de loin à celle, insipide, du mandat de Louis van Gaal.

Attendus au tournant à l'aube d'une nouvelle ère, les Mancuniens peuvent néanmoins souffler car ils ont su éviter le piège dans lequel est tombé samedi le champion en titre Leicester à Hull (2-1).

Et puisque la rivalité municipale avec le City de Pep Guardiola, laborieux vainqueur de Sunderland en ouverture (2-1), sera le fil rouge de la Premier League cette saison, MU peut se féliciter d'avoir fait meilleure impression que ses rivaux tout en laissant apparaître un jeu encore en rodage avant le choc entre Arsenal et Liverpool et l'entrée en lice de Chelsea contre West Ham lundi.

Chahutés en première demie avant d'ouvrir le score de façon très heureuse par Juan Mata (40) grâce à un double cadeau défensif de Simon Francis, les Red Devils ont ensuite dû attendre l'heure de jeu pour se libérer, le temps que Wayne Rooney (59) et Zlatan Ibrahimovic (64) ne gonflent le score.

Sur le papier, tout va donc bien pour le géant endormi depuis le départ de Sir Alex Ferguson en 2013 : il occupe déjà la tête du championnat comme à ses plus belles heures et, en attendant l'intégration de Paul Pogba, l'homme le plus cher du monde qui était suspendu, ses deux attaquants vedettes ont marqué en affichant même quelques promesses collectives dans le jeu.

Recrues déjà décisives

Comme un clin d'oeil, c'est même le meneur espagnol, que le « Special One » portugais avait poussé sans ménagement de Chelsea vers Old Trafford en janvier 2014, qui a débloqué une rencontre jusque-là bloquée en milieu de terrain. Son remplaçant, l'Arménien Henrikh Mkhitaryan, a par contre encore dû se contenter d'un rôle de joker à 40 millions d'euros.

Autre satisfaction une semaine après avoir décroché le Community Shield aux dépens de Leicester avec déjà un but de Zlatan, la recrue défensive Eric Bailly s'est une nouvelle fois montrée aussi sobre que rugueuse derrière.

Ce qui ne sera pas du luxe si Daley Blind et Luke Shaw, plus apparu en championnat depuis septembre, ne haussent pas rapidement leur niveau. Dans ce secteur, l'ensemble est en effet apparu plusieurs fois défaillant, à l'image de la jolie réduction du score finalement sans conséquence de Adam Smith (69).

Histoire de nourrir la réflexion d'un Mourinho qui n'a perdu aucun de ses sept matchs d'ouverture en Angleterre, son équipe a désormais encaissé au moins un but lors de ses cinq derniers matchs en compétition et Jordon Ibe, le transfuge de Liverpool, lui a parfois donné du fil à retordre.

Dans l'animation offensive, les Mancuniens ont pris leur temps, ce qui est normal à cette époque, et Anthony Martial a semblé avoir actuellement plus de jambes que d'imagination malgré des intentions louables.

Privé de la Ligue des champions cette saison après la cinquième place de son équipe l'an passé, Mou pourrait ainsi profiter de quelques semaines supplémentaires pour peaufiner l'expression de son équipe.

En face, Eddie Howe, 16e au printemps 10 mois après sa promotion et pressenti cet été pour remplacer Roy Hodgson à la tête de l'Angleterre avant d'être finalement doublé par Sam Allardyce, referme sans honte une série de quatre matchs sans défaite à domicile face à MU. Les Cherries étaient pourtant invaincus lors de leurs six matchs de préparation.

Liverpool bat Arsenal dans un match fou

Jamais deux sans trois. La malédiction qui frappe Arsenal lors des matchs d'ouverture de Premier League s'est encore lourdement vérifiée dimanche contre Liverpool (4-3), avec la troisième défaite à domicile des Gunners en quatre ans.

Après Aston Villa en 2013 (3-1) et West Ham en 2015 (2-0), les Reds ont donc plombé à l'Emirates Stadium le début de saison du Dauphin 2016 qui a subi le même sort que le champion Leicester la veille contre Hull (2-1).

Sauf que ce revers cinglant et spectaculaire, de surcroit face à un rival direct et alors que les Londoniens ont logiquement mené 1-0 avant de couper inexplicablement le courant avant la pause, pourrait s'avérer encore plus douloureux que les autres.

Accusé de discrétion lors de sa préparation et lors du mercato avec les seuls achats de Rob Holding, bouche-trou titulaire en défense, et Granit Xhaka, simple remplaçant, Arsène Wenger s'est donné une bonne raison de casser sa tirelire, juste avant de fêter ses 20 ans de présence à Londres.

La prestation de l'adversaire rappelle qu'en dépit d'une inconstance récurrente, les Reds viennent récemment de dynamiter le grand Barcelone (4-0) avec une équipe qui ressemble grandement à celle qui a fini huitième en mai.

Celle des Gunners avait bien changé par la force des choses avec tous ses absents (Per Mertesacker, Laurent Koscielny, Gabriel, Danny Welbeck, Olivier Giroud ou Mesut Özil) mais elle a pourtant mordu dans la rencontre et été récompensée par l'ouverture du score de Theo Walcott (31), une minute après un penalty raté de l'Anglais bien aidé les deux fois par la fragilité d»Alberto Moreno.

Festival de Liverpool

Et puis, alors que Liverpool s'en sortait tant bien que mal en pressant au milieu et en tentant de miser sur Sadio Mane en pointe, Arsenal s'est une nouvelle fois relâché. Ce dont a profité Philippe Coutinho pour égaliser d'un maître coup-franc juste avant la pause (45+1).

Sonnés, les Gunners ont repris sur le même faux rythme, face à l'équipe de Jürgen Klopp redevenue cette fois virevoltante.

Adam Lallana, laissé tranquille au deuxième poteau (49), Coutinho, auteur d'un doublé (56), puis Mané, la recrue principale auteur d'un slalom magnifique (63), ont alors fait grimper à 45 le meilleur total de buts inscrits en 2016 par Liverpool.

Alex Oxlade-Chamberlain d'un exploit lui aussi (65) puis Calum Chambers (75) ont pu sauver l'honneur mais le retard était trop important pour arracher le point du nul.

Une chose est sûre, les deux défenses se sont montrées bien trop lâches et ce point de détail devra rapidement être réglé si Gunners et Reds veulent bien figurer au printemps.

Après cinq matchs d'invincibilité contre les Reds et dix d'affilée en championnat, Arsenal referme donc tristement sa série. Liverpool, qui restait lui sur trois matchs sans victoire en compétition et deux nuls dans l'élite, en ouvre pour sa part une autre bien plus agréable.