Dans une ambiance électrique et un stade « chauffé à bleu » par un doublé de Jamie Vardy, Leicester a dignement fêté contre Everton (3-1) son premier titre de champion d'Angleterre en 132 ans d'existence, samedi lors de la 37e journée de Premier League.

Sacré lundi sans jouer après le nul entre Chelsea et Tottenham (2-2), les Foxes, pris depuis dans le tourbillon d'une ville en effervescence, en ont mis plein les yeux à leurs fidèles partisans, réunis au King Power Stadium pour communier.

Tellement que leur entraîneur Claudio Ranieri a eu du mal à retenir une petite larme lorsque comme prévu le chanteur d'opéra Andrea Bocelli, vêtu d'un maillot aux couleurs du club et à son nom, a donné de la voix à côté de lui avant le coup d'envoi.

Dehors, une foule impatiente piaffait depuis plusieurs heures et son enthousiasme n'a pas été refroidi par l'orage qui s'est abattu sur Leicester avant puis pendant la rencontre.

Certains s'étaient déguisés en pizza pour rendre hommage à leur technicien italien dont le nom a été chanté toute la rencontre, d'autres étaient venus de Thaïlande, le pays du propriétaire du club.

« Je veux vous dire que nous sommes devenus champions parce que vous nous avez poussés, merci à tous, je vous aime », leur a retourné Ranieri, dont le visage s'affichait sur plusieurs affiches disséminées dans le stade et parodiant celle du « Parrain ».

Sur les sites de revente, le prix des billets avait lui dépassé les 10 000 euros.

L'idole Vardy

En marge du début de la rencontre, une personne avait même amené un charriot pour acheter 240 numéros du programme officiel du match, afin de les distribuer ensuite ou revendre cet exemplaire historique.

L'idole Vardy, de retour de suspension après avoir accueilli au débotté chez lui la fête lundi, a fait monter d'un cran la température en ouvrant la marque dès la 5e minute devant un public survolté. Il s'est ensuite offert sur penalty un doublé (65) qui lui permet de compter 24 réalisations et une de moins que le meilleur spécialiste Harry Kane. Et dire qu'il a raté un deuxième penalty (71)...

Car de match, même si Kevin Mirallas a sauvé l'honneur (88), il n'y en a pas vraiment eu contre des Toffees (12e) plus spectateurs qu'acteurs et Andy King, déjà au club du temps de la 3e division, a éteint à la 33e minute les dernières lueurs de suspens, allumant ainsi un peu plus la fièvre du peuple bleu.

Après s'être congratulé une fois le match fini, les joueurs se sont pliés au rituel, ressortant un par un pour recevoir leur médaille. Ranieri, le plus applaudi, a alors soulevé avec son capitaine Wes Morgan le trophée de 25 kg amené par la légende du club Alan Birchenall, déclenchant ainsi le feu d'artifice tant attendu.

Tout à une joie enfantine, les joueurs ont ensuite immortalisé la scène, rejoints par le propriétaire Vichai Srivaddhanaprabha et son fils. Les familles ont ensuite fait leur apparition pour prolonger ce moment de joie sur la pelouse lors d'un tour d'honneur effectué au ralenti.

« C'était une saison de fou, étrange, mais on a été incroyablement réguliers, a déclaré Ranieri. J'ai rencontré des gens incroyables qui ont travaillé si dur. Les fondations sont profondes. J'ai commencé à y croire après la victoire contre Manchester City. Même pour moi, c'est un moment formidable et je ne suis pas le plus jeune... »

« Émotionnellement, je suis vidé, a reconnu ensuite Morgan sous les premières notes du célèbre tube de Queen. J'ai ressenti quelque chose d'incroyable en posant mes mains sur le trophée. J'ai dû retenir mes larmes. C'est comme un rêve mais c'est vrai et je veux juste en profiter ».

Dans des ambiances nettement moins enfiévrées, quoiqu'au Stadium of Light, Manchester United et Sunderland ont fait sportivement les bonnes affaires de la journée.

Sunderland sort de la zone rouge, Newcastle y retombe

Sunderland, grâce à sa renversante victoire contre Chelsea (3-2), sort de la zone de relégation dans laquelle retombe Newcastle après son nul contre Aston Villa (0-0).

Dans le bas du classement, Sunderland (17e) a de nouveau son avenir entre les mains, avec 35 points et un match en retard, tandis que les Magpies (18e), bien timides, comptent 34 unités et n'ont plus aucun joker.

Sunderland a vu son obstination récompensée car, mené deux fois par les Blues (9e) après les buts de Diego Costa (14) et Nemanja Matic (45+3), il est à chaque fois revenu au score, grâce à Wahbi Khazri (41) et Fabio Borini (67). Avant que le 15e but de Jermain Defoe (70) lui permette de remporter sa première victoire à domicile contre les Londoniens depuis 2000.

Chez le 20e, les Magpies n'ont eux pas réussi à suivre le rythme alors qu'ils venaient pourtant de prendre huit points en quatre matches pour repasser au dessus de la ligne de flottaison. L'embellie n'aura donc pas duré longtemps et Rafael Benitez ne contrôle plus rien avant de recevoir Tottenham (2).

Villa évite de son côté l'infamie d'un nouveau record de 12 défaites de rang...

Toujours dans la zone rouge, Norwich (19e) a également fait plus tôt une bien mauvaise opération en s'inclinant (1-0) pour la quatrième fois sans marquer de but contre le Manchester United de Juan Mata (72).

Avec également un match en retard, Norwich compte quatre points de retard sur Sunderland. De leur côté, même laborieux, les Red Devils restent au cinquième rang mais reviennent à un point de Manchester City (4e) avant son choc contre Arsenal (3e) dimanche.

West Ham qui voulait continuer de chasser MU avant de le recevoir mercredi, est en revanche distancé après sa claque à domicile (4-1) contre Swansea (11e). Les Hammers (6e) sont désormais à quatre longueurs des Mancuniens qui vont tout donner pour essayer de se qualifier sur la ligne pour la prochaine édition de la Ligue des champions et gagner la Coupe d'Angleterre le 21 mai.

Leur adversaire ce jour-là, Crystal Palace (14e) a entretenu sa confiance en retournant la situation (2-1) contre Stoke (10e). Une victoire qui tombe bien pour les Eagles qui n'avaient gagné qu'un seul de leur 19 matchs de championnat au préalable.

En début de soirée, Leicester, champion depuis lundi, reçoit Everton pour conclure en beauté sa semaine de festivités après son premier sacre en 132 ans d'existence.

PHOTO ED SYKES, REUTERS

Fabio Borini célèbre son but.