Malgré un 5e Ballon d'Or décroché lundi soir, Lionel Messi reste encore loin derrière le légendaire Maradona dans le coeur des fans de foot argentins, qui reprochent à «La Puce» de plus enrichir la collection de trophées du Barça que celle de l'Albiceleste.

«Tout avec Barcelone et rien avec l'Argentine. C'est ce qui manque dans son CV», lance Ariel Vallejos, un agent de sécurité de 42 ans, attablé avec des amis dans un café du centre de Rosario, la 3e ville d'Argentine.

A Rosario, la ville natale de Messi, l'annonce de son 5e Ballon d'or de la vedette locale est parvenue en plein été austral, un lundi après-midi de canicule, dans des rues presque désertes.

«En Argentine, on le critique car il n'a rien gagné d'important avec la sélection, je crois que tant que cela n'arrivera pas, il ne sera pas une véritable idole», abonde Emiliano Magnaterra, un ouvrier de 28 ans.

Conscient de ce déficit, Messi a reconnu lundi avant la cérémonie de son 5e sacre qu'il échangerait bien ses Ballons d'Or pour une victoire en Coupe du monde. «Les récompenses collectives passent avant les récompenses personnelles», a assuré l'Argentin.

En juillet 2015, Messi et ses coéquipiers ont été battus en finale de la Copa America par le Chili. Un an plus tôt, c'est l'Allemagne qui brisait les rêves argentins(1-0, a.p.) en finale du Mondial-2014 au Brésil. S'il brille avec son club, il passe souvent à côté de matches clés avec l'équipe d'Argentine.

«La Pulga» paie aussi un manque d'affectif avec l'Argentine, lui qui a quitté le pays dès l'âge de 13 ans pour intégrer le prestigieux centre de formation du FC Barcelone et devenir le meilleur joueur au monde.

Maradona lui a quitté l'Argentine et les Boca Juniors pour l'Europe à 22 ans, et si «El Pibe de Oro» n'a remporté aucun Ballon d'Or, c'est qu'à l'époque, le trophée était réservé aux joueurs européens évoluant en Europe. Et Maradona a remporté le Mondial en 1986, en marquant les esprits en quart de finale contre l'Angleterre avec sa fameuse «main de Dieu» et un but en partant du milieu de terrain et en driblant la défense anglaise.

Comme un signe, les chaînes de télévision argentines, qui ont interrompu leur programmation pour diffuser une partie de la cérémonie à Zurich, ont par la suite privilégié la couverture de la capture de trois trafiquants de drogue évadés de prison.

Le plus humain des surhumains 

Mais Messi conserve aussi ses inconditionnels en Argentine. «Je suis fier, car il est de Newell's et de Rosario comme moi, mais qu'il gagne avec Barcelone est une chose, et la sélection en est une autre», souligne ainsi Aldo Eduarte, un commerçant de 23 ans.

«C'est le plus humain des surhumains. Je n'ai plus assez de qualificatifs pour décrire Leo. Ce qui m'émerveille en le regardant jouer, c'est qu'il réalise les mêmes gestes que quand il était enfant, avec la même facilité», réagit Enrique Dominguez, son entraîneur au club de Newell's Old Boys en 1999 et 2000, avant son départ pour Barcelone.

«C'est un garçon qui garde les pieds sur terre, toujours près de sa famille et de ses proches. Je suis témoin qu'il aime la même femme depuis qu'il a 11 ou 12 ans, Leo m'émeut au delà du football», ajoute-il.

Hernan Baigoria a le numéro 10 tatoué dans le dos. Président du seul groupe de supporteurs ayant l'aval de la famille Messi, il a tremblé en apprenant que le Prix Puskas du plus beau but de l'année échappait à son idole, craignant que le Ballon d'or soit attribué au Portugais Cristiano (BIEN Cristiano) Ronaldo. «Qu'il ait gagné ce 5e Ballon d'or renforce notre enthousiasme», dit-il.

En juin aux États-Unis, Messi aura l'occasion de donner un titre à l'Argentine, lors de la Copa América du centenaire de la Confédération sud-américain de football. Et à 31 ans lors du Mondial-2018, il aura une dernière chance d'égaler Diego Maradona.