Ce n'était pas un soir de feux d'artifice au stade Saputo, mais un soir où l'Impact a dû puiser dans ses ressources physiques et mentales pour venir à bout du Crew de Columbus par la marque de 2-1. Dans un match âprement disputé, avec son lot de tacles appuyés, d'altercations - et de mauvaises décisions arbitrales, ont ajouté les Montréalais -, Patrice Bernier et Johan Venegas ont réchauffé le coeur des 17 655 spectateurs.

«Je suis extrêmement content qu'après trois matchs en une semaine, on ait été capables de gagner le match. Eux doivent nous battre là-bas. On a l'avance, on va se préparer cette semaine et on va être prêts pour le match [retour] à Columbus», a indiqué Mauro Biello.

> Le sommaire du match

L'Impact peut obtenir sa qualification pour la finale d'association, dimanche, s'il gagne, obtient un match nul ou s'incline par une marge d'un but dans un score supérieur à 2-1. Dans l'esprit des Montréalais, ce but encaissé à domicile est compensé par le fait d'avoir su renverser la vapeur après l'ouverture du score de Federico Higuain.

«Nous avons commencé un peu à plat, tant mentalement que physiquement. Ça nous a pris un peu de temps à nous mettre en marche après avoir disputé deux matchs émotifs au cours de la semaine, a rappelé Evan Bush. Mais en se battant et en obtenant le résultat dont on avait besoin, on va à Columbus avec un avantage. C'est très positif pour nous.»

Comme le veut la tradition, la cloche a retenti deux fois plutôt qu'une dans les tribunes du stade Saputo. Sur le but de Bernier, qui a repris un corner de Marco Donadel, elle a célébré une confirmation: celle de la belle histoire du capitaine dans cet automne qui tranche avec le reste de la saison (37e).

Pour Venegas, la cloche a fêté la rédemption d'un joueur qui a connu une succession de matchs difficiles (77e) et une longue adaptation. Sur le jeu, le milieu du Costa Rica a profité d'une erreur de Michael Parkhurst avant de tromper Steve Clarke (77e). «On a discuté ensemble et j'ai dit que j'avais besoin de lui, a révélé Biello. Des fois, il faut une adaptation pour les joueurs qui viennent d'un autre pays. Il a passé du temps avec l'équipe nationale; il partait, il revenait, mais je crois en lui. [Dimanche], il est entré et il a compté le but de la victoire.»

L'Impact aurait bien pu inscrire un troisième but sur un coup franc de Didier Drogba (81e). Le joueur ivoirien s'est également vu refuser un but, en première mi-temps, pour une faute peu évidente sur un défenseur du Crew. «Une faute un peu faible», a tranché Biello. Ce but supplémentaire aurait évidemment placé l'Impact dans une situation plus confortable en vue du match retour. Dans les dernières semaines, l'équipe a cependant montré sa force de caractère lorsqu'elle devait obtenir un résultat.

Une équipe différente

Les Montréalais avaient raison de dire que le Crew, malgré l'absence de joueurs très chèrement rémunérés, représentait un défi différent - et probablement plus compliqué - par rapport au Toronto FC. Défensivement, les joueurs de l'Ohio ont laissé bien moins d'espace aux Montréalais, notamment à Nacho Piatti et à Drogba. En attaque, elle possède plus de variété, avec un danger qui peut venir autant de l'axe que sur les flancs. Il a beaucoup été question de Kei Kamara dans les derniers jours, mais Higuain est un habitué des bons matchs contre l'Impact. Le numéro 10, précieux dans l'organisation du jeu, a d'ailleurs inscrit le premier but du match (26e) sur un centre dégagé imprudemment par Drogba.

Dans l'ensemble, le quatuor défensif montréalais a encore connu un excellent match, particulièrement la défense centrale. Laurent Ciman et Victor Cabrera ont été intraitables dans les duels avec Kei Kamara, Higuain ou en couverture. «La défense a joué un excellent match. Columbus a eu un peu plus le ballon, mais on s'y attendait, a rappelé Biello. C'est une équipe qui passe bien le ballon, mais ils n'ont pas été capables de pénétrer. On a été solide défensivement.»

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Ils ont dit

> GREGG BERHALTER, entraîneur-chef du Crew: «C'était un match âprement disputé et où l'intensité était élevée. Mais en fin de compte, nous sommes satisfaits du résultat. Il y a quelques moments où j'estime que nous aurions pu mieux faire, et c'est le processus que cette équipe traverse: rester calme et ne pas laisser une erreur vous déconcentrer.»

«2-1 est un résultat décent. Nous avons eu ce but à l'étranger. Nous savons tous comment ceux-ci sont comptabilisés, alors c'est un but important.»

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> PATRICE BERNIER: «Jamais dans ma carrière, je n'avais marqué dans deux matchs d'affilée. C'est déjà bien, mais l'important, c'était de remettre l'équipe en route. Ça a aidé et on a gagné le match. On part là-bas avec une victoire qui est très importante pour le moral et la confiance de l'équipe.»

«Ce sont les séries. Personne ne veut donner aucun millimètre à l'adversaire et les contacts sont plus fréquents. Tout le monde veut essayer d'attirer l'attention de l'arbitre pour essayer d'avoir l'avantage. C'est comme ça.»

«On avance. Collectivement, on est forts. Et comme je vous l'avais dit il y a deux ou trois ans, quand le collectif est fort, il y a certaines individualités qui ressortent toujours.»

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> EVAN BUSH

sur l'arbitrage: «J'étais assez près pour avoir une opinion sur ce qui est arrivé, et je crois que nous aurions sans doute dû gagner ce match 3-1 ou 4-1. Mais ce n'est pas le cas, et nous devons aller à Columbus avec un avantage de 2-1.»

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> LAURENT CIMAN: «On le voit au hockey. Quand ce sont les matchs de séries, il y a plus d'intensité et de duels. Au soccer, c'est pareil. On ne doit pas se laisser marcher sur les pieds.»

«On a fait le travail, même si je suis un peu déçu du but que nous avons donné. On pourra bien se reposer et bien travailler cette semaine. On va devoir être solides là-bas, parce qu'à mon avis, ça va pousser dès le début.»

sur Patrice Bernier: «Je ne savais pas qu'il pouvait marquer de la tête aussi! Il m'a encore surpris. Il a une mentalité qui est la sienne, de même qu'une détermination. Il marque un but de la tête en pleine lucarne. Pour moi, c'est magnifique.»

- Propos recueillis par Jean-Philippe Arcand