À 37 ans, Didier Drogba bouscule encore tout sur son passage comme le roi des «Éléphants» qu'il fut; Sebastian Giovinco justifie (enfin) son surnom de «fourmi atomique»: l'un et l'autre font rêver Montréal et Toronto, leur équipe respective dans la MLS.

C'est l'affiche, jeudi, du premier tour des séries, un derby canadien, un choc entre deux des meilleurs joueurs de la MLS.

Quelle que soit l'issue de ce duel, Drogba, ancien capitaine des «Éléphants» de Côte d'Ivoire, et Giovinco, ex-prodige du football italien, ont déjà atteint leur objectif: ils ont offert un éclat et une saison régulière sans pareils à leurs équipes.

Arrivé l'été dernier après une dernière saison et un quatrième titre de champion d'Angleterre à Chelsea, Drogba a transformé l'Impact de Montréal sur le terrain, et en dehors.

L'attaquant, passé notamment par Marseille (2003-04) et Chelsea (2004-12 et 2014-15), n'a disputé «que» onze des 34 matchs de saison régulière de Montréal, mais avec ses onze buts, il est le grand artisan de la 3e place de son équipe dans l'association de l'Est (51 points).

Quand Drogba revêt le maillot de l'Impact, son équipe n'a aucun complexe: elle a ainsi remporté sept victoires, obtenu deux nuls et concédé seulement deux défaites avec dans ses rangs sa star ivoirienne.

Doublé contre Toronto

Son toucher de balle est encore sans équivalent en MLS où sont pourtant arrivés cette année des buteurs patentés et techniciens hors-pair comme David Villa (New York City FC), Kaka (Orlando) ou Steven Gerrard (LA Galaxy).

Dimanche dernier, il a ainsi inscrit un doublé, dont une talonnade dos au but, lors de la dernière journée de la saison régulière contre... Toronto (2-1).

Mieux encore, l'Impact n'a plus perdu à domicile, au Stade Saputo, depuis le 22 août!

La «Drogbamania» se mesure au nombre de maillots floqués à son nom vendus dans les magasins de la ville qui se sont retrouvés en rupture de stock, et à la fréquentation des matches à domicile qui a bondi à 460 000 spectateurs, soit 40 000 de plus que le record précédent datant de 2012.

À 500 km de là, Toronto, autre ville canadienne où le soccer ne peut rivaliser avec le hockey, est tombé sous le charme de Giovinco.

Il n'a certes pas le palmarès et le renom de Drogba, mais à 28 ans, l'ancien attaquant de la Juventus a fait mentir ceux qui présentaient son transfert en MLS comme une préretraite dorée avec son salaire de sept millions de dollars.

Fourmi atomique

Le pari est gagnant pour «la fourmi atomique», personnage d'un dessin animé des années 1980 en référence à sa taille (1,62 m) et à ses dribles supersoniques.

Il a décroché les titres de meilleur buteur (22) et de meilleur passeur (16), devenant au passage le premier joueur de l'histoire de la MLS à dépasser les 20 buts et 10 passes la même saison.

Du coup, Antonio Conte l'a rappelé en octobre pour participer aux deux derniers matches de qualification pour l'Euro-2016 de l'Italie.

Le 14 octobre, «Seba» a connu une journée folle: quelques heures seulement après avoir participé à la victoire de l'Italie face à la Norvège (2-1), malgré le décalage horaire et la fatigue, il a inscrit au terme d'un improbable slalom dans la défense des Red Bulls de New York le but de la qualification historique en séries.

«Pour moi, c'est le meilleur joueur du Championnat», a affirmé son capitaine Michael Bradley.

À lui de le confirmer contre Drogba et Montréal, puis en cas de victoire, contre les Red Bulls, la meilleure équipe de la saison régulière et grande favorite pour le titre.