L'attaquant Wayne Rooney a effacé des tablettes Sir Bobby Charlton en devenant mardi, à 29 ans seulement, le premier Anglais à inscrire 50 buts pour la sélection aux Trois Lions, après sa nouvelle réalisation contre la Suisse en éliminatoires de l'Euro-2016.

Comme samedi à Saint-Marin, la délivrance est venue d'un penalty obtenu par Sterling, qu'il a converti alors qu'il était pourtant jusque-là bien discret (84e).

Pour le plus grand plaisir du public, qui a soudainement rugi de plaisir alors qu'il n'avait avant ça pas eu grand-chose à se mettre sous la dent.

Le record précédent, écrit par l'un des monstres sacrés du foot anglais tenait depuis 45 ans et mai 1970.

Avec 48 buts, Gary Lineker, rejoint en juin par «Mr. Waynederful», avait tutoyé les 49 réalisations du champion du monde 1966 mais n'était pas parvenu à passer devant.

Cette performance appartient désormais au passé, et elle aide un peu mieux à situer la place que mérite le talent des Red Devils dans l'histoire de son pays.

La sélection et Rooney, tantôt bon génie, tantôt mauvais garçon, jouent en effet à «je t'aime... moi non plus» depuis ses débuts internationaux en février 2003, à 17 ans et 317 jours (record national ensuite amélioré en 2006 par Theo Walcott).

Côté pile, du haut de ses 107 sélections, Rooney, fidèle soldat qui disputera en juin sa 6e compétition majeure après trois Mondiaux et deux Euros, porte le brassard depuis le départ de Steven Gerrard en juillet 2014.

Mais l'enfant d'Everton, qui a claqué deux fois la porte d'United avant de se laisser convaincre par Sir Alex Ferguson en 2004, a aussi connu son lot de déboires personnels et sportifs dans un pays où la presse people n'est jamais tendre.

Tout pour le titre à l'Euro

Au point de reconnaître vendredi, avant de rejoindre Charlton le lendemain en inscrivant son 49e but contre Saint-Marin, qu'il «échangerait bien tous ces buts contre la médaille du vainqueur l'été prochain».

Non qualifié pour l'Euro-2008, il a été exclu en quart du Mondial-2006 après avoir piétiné le Portugais Ricardo Carvalho, précipitant l'élimination des siens. Enfin, buteur redoutable, il traîne comme une misère son unique but inscrit en trois Coupes du monde, en 2014 contre l'Uruguay (élimination de l'Angleterre au premier tour).

Comme Beckham avant lui, il a donc connu le déshonneur national après avoir été placé sur un piédestal.

Son nouveau record, Rooney entend pourtant le porter bien plus haut puisqu'il lui reste de nombreuses années et qu'il n'a pas l'intention de raccrocher les crampons.

«Je pense être capable d'aller en Russie, estimait-il lundi en regardant déjà jusqu'en 2018. Après cela, il semble réaliste de voir comment je me sens et, si je pense que ce n'est pas une bonne chose pour l'Angleterre ou pour moi, il faudra prendre une décision. Je ne suis pas du genre à dire que je ne suis pas disponible pour l'équipe nationale. Ca viendra plus du choix du sélectionneur que de moi. C'est un grand honneur de jouer pour l'Angleterre».

«Si moi je pense que je peux continuer, j'essaierais. Mais si le sélectionneur dit que je ne fais pas partie de ses plans, c'est peut-être mieux que je ne dispute pas les éliminatoires», poursuivait-il.

Car un nuage au-dessus d'Old Trafford menace actuellement le Mancunien.

Sous l'influence de Louis van Gaal, le statut de Rooney, qui n'est plus qu'à 17 buts des 249 réalisations de son aîné Charlton sous le maillot des Red Devils, est en effet en train de s'éroder.

Ce serait oublier un peu vite que ce technicien puissant doté d'un gros volume de jeu est aussi un redoutable instinctif, capable d'écrire encore de nombreuses pages de son livre personnel.