Casser une mauvaise spirale n'est déjà pas une mince affaire, mais le faire à Toronto, où il n'a jamais gagné, ajoute une difficulté supplémentaire pour l'Impact. Dans le cadre de ce match à la saveur particulière, cet après-midi au BMO Field, les Montréalais devront afficher un visage radicalement différent par rapport aux dernières semaines afin de se relancer. Contre un adversaire surmotivé à l'idée d'enfoncer un grand rival, les hommes de Frank Klopas savent que le passage à vide ne doit pas s'éterniser.

«Perdre une finale [en championnat canadien], c'est toujours un coup dur, mais la réalité est qu'on est impliqués dans une course aux séries qui ne va pas être facile. On se rend compte que la place à l'erreur est de moins en moins grande, a souligné Wandrille Lefèvre en entrevue. Même si le BMO Field est historiquement difficile pour nous, on y va en se disant que ce serait déjà pas mal d'accrocher un point.»

Si l'Impact espère stopper sa glissade du mois d'août, il devra y parvenir sans les accélérations de Nacho Piatti et l'expérience de Didier Drogba, qui n'a finalement pas fait le voyage en raison de sa blessure à un orteil. Comme pour souligner encore davantage le vide laissé par les deux hommes, les Montréalais croiseront un adversaire qui, lui, aligne des joueurs désignés carburant à plein régime.

Lors des deux premiers rendez-vous au BMO Field, dont le championnat canadien, Sebastian Giovinco, Michael Bradley et Jozy Altidore avaient marqué cinq des six buts ontariens face à l'Impact. Sur un échantillon élargi, soit l'ensemble de la saison, le trio a inscrit près de 70% des buts du TFC. La première mission est donc de limiter l'apport et la relation entre les trois hommes. Il reste maintenant à voir si l'entraîneur Greg Vanney retournera au 4-4-2 en losange ou s'il laissera Altidore sur le banc dans le 4-2-3-1 qui avait porté ses fruits contre Orlando, samedi dernier.

«C'est une triplette qui peut faire mal dès lors qu'il y a de l'espace et que le jeu s'ouvre, analyse Lefèvre. Pour moi, le détail tactique qu'il faut garder à l'esprit, c'est qu'il faut rester compact et avoir peu d'espaces entre les lignes. Mais si tu n'es pas assez intelligent défensivement et que tu ouvres les espaces, Bradley peut envoyer la balle dans l'intervalle, et si Giovinco se retourne et t'attaque en un contre un, ça devient difficile.»

Les deux grands rivaux, séparés par six points au classement, ont certes leur lot d'interrogations, mais elles n'atteignent pas les mêmes proportions. Du côté torontois, la recherche d'un équilibre défensif est toujours d'actualité même si le récent changement tactique peut apporter des garanties. À l'heure actuelle, le TFC est avant-dernier en défense - 41 buts encaissés - parmi les 12 équipes en position de faire les séries. En outre, il n'a pas remporté deux victoires de suite depuis le début du mois de juin.

Dans le camp montréalais, la colère populaire gronde devant ce deuxième grand passage à vide de la saison - la Ligue des champions expliquait, en partie, le premier. L'attaque est en panne d'idées et de réussite, avec Dominic Oduro comme seule véritable option dans l'axe. Au chapitre défensif, l'Impact a accordé sept buts lors des cinq derniers matchs, mais a trop souvent donné des cadeaux à l'adversaire.

«Dernièrement, on est bien pendant 89 minutes et pendant une ou deux minutes, on flanche côté concentration, regrette Lefèvre. Peut-être parce qu'on est très à l'aise en possession et qu'on pense qu'on est bien installés. La couverture préventive est moins resserrée. Malheureusement, on le paye et, ces derniers temps, on n'a pas l'efficacité offensive pour marquer deux ou trois buts.»

Encore moins de munitions

Les Montréalais retrouveront le stade Saputo, le 5 septembre, lors de la visite du Fire de Chicago. Mais le personnel d'entraîneurs devra être créatif, tant les absents seront nombreux. Après Maxime Crépeau et Kyle Bekker, plus tôt cette semaine, Laurent Ciman, Ambroise Oyongo et Johan Venegas ont été convoqués par leurs sélections nationales respectives, hier. Eric Miller a également reçu un appel de l'équipe américaine des moins de 23 ans. À cela s'ajoute une infirmerie qui, lors des derniers jours, a accueilli Drogba, Piatti, Hassoun Camara et Patrice Bernier.