En apparence, il s'agissait d'un entraînement normal pour l'Impact; le premier de la semaine en vue du déplacement à New York, samedi. Mais la séance d'hier matin constituait aussi le premier regroupement des Montréalais depuis l'annonce de l'embauche de Didier Drogba. L'Ivoirien n'est pas encore là physiquement - il arrivera cet après-midi -, mais son nom a déjà bien résonné dans les installations de la caserne Letourneux, lieu des entraînements du club.

Car Drogba est ce joueur que la plupart des membres de l'Impact regardaient à la télévision, il y a peu, lors des matinées de Premier League ou des belles soirées de la Ligue des champions. Celui qui semblait alors dans un autre monde sera désormais un coéquipier et un mentor prêt à aider l'Impact en deuxième moitié de saison, tout en braquant les projecteurs sur l'équipe.



«C'est un grand joueur et c'est fantastique de l'avoir ici dans notre équipe, a commencé par dire l'entraîneur Frank Klopas. [...] Quand on regarde le bagage et les réalisations de Didier [Drogba], c'est formidable d'avoir la possibilité de travailler avec lui. C'est la même chose pour la plupart des joueurs, qui pourront apprendre à ses côtés. Surtout qu'il vient avec la bonne attitude, une bonne mentalité, et qu'il veut gagner. C'est la chose la plus importante.»

Qu'ils aient grandi en Afrique, en France, au Québec ou aux États-Unis, tous les joueurs sollicités par les médias, hier, avaient leur petite histoire sur le nouveau joueur désigné. Pour les uns et les autres, il a été un adversaire, une idole ou un modèle à suivre. Nick De Santis n'a-t-il pas dit lundi que Drogba était l'un des joueurs les plus respectés dans le monde entier grâce à ses performances, à son charisme et à ses gestes humanitaires? Ambroise Oyongo, né au Cameroun, a jeté le même regard sur Drogba. «C'est un symbole de réussite, mais aussi un exemple avec tout ce qu'il fait en Afrique, que ce soit dans le football ou à l'extérieur. Tout le monde est content et, nous, les Africains qui sont ici, nous sommes très fiers de voir que notre grand frère va nous rejoindre. Nous allons beaucoup apprendre de lui pour pouvoir être bien dans notre carrière et avoir un coup de pouce.»

Parmi les joueurs actuels de l'Impact, Nigel Reo-Coker est celui qui a le plus souvent croisé Drogba lors des matchs du championnat anglais. Lors de leur premier duel, les deux hommes ont même eu une solide altercation après un tacle un peu trop appuyé du milieu défensif sur un joueur de Chelsea. Les deux hommes pourront rigoler de cette anecdote et du destin qui les réunit finalement après une rencontre houleuse. Le destin fait aussi bien les choses pour Hassoun Camara, qui a débarqué à l'Olympique de Marseille peu de temps après le départ de Drogba.

«Je suis arrivé un an après lui, mais ce qu'il a laissé dans le vestiaire et dans l'expérience auprès des joueurs ou l'engouement chez les spectateurs, c'était quelque chose d'extraordinaire, a indiqué le défenseur français. Une fois par semaine, il y avait des discussions qui se faisaient avec [Franck] Ribéry et [Samir] Nasri à son propos. [Son arrivée] est quelque chose de grand pour moi. Je me disais que j'avais peut-être loupé ma chance de côtoyer une légende comme celle-ci, mais aujourd'hui, les choses se font sans forcer.»

La question du numéro 11

Lors de son retour à Chelsea, en 2014, Drogba avait récupéré son numéro 11 fétiche même s'il était déjà porté par Oscar. Cette fois, c'est Dilly Duka qui devra trouver un autre numéro. L'Américain n'y voit aucune objection. «Cette question de numéro n'est pas un problème. Je suis un grand fan de Drogba depuis ma jeunesse, et ce n'est pas comme si j'avais besoin de porter ce numéro en particulier ou un autre numéro. Je préfère m'entraîner avec lui, jouer avec lui et apprécier sa qualité plutôt que de me concentrer sur ce numéro.»

Photo Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

Dilly Duka est prêt à céder son numéro 11 à Didier Drogba.

Dans le top 5 de Bernier

De près ou de loin, lors de son séjour en Europe, Patrice Bernier a pu constater l'évolution du soccer en Amérique du Nord. Et, selon lui, le recrutement de Didier Drogba est l'un des grands moments dans l'histoire de la MLS. «Il n'a pas gagné la Coupe du monde, mais avec son statut, je le classe comme Thierry Henry. Henry est une coche au-dessus, car il était plus régulièrement classé au Ballon d'or. Avec tous les joueurs qui sont arrivés dernièrement, c'est difficile de les trier, mais [Drogba] est dans le top 5 de ceux qui sont passés dans la MLS», a estimé le capitaine.

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Ils ont dit

> Patrice Bernier: «C'est une grosse signature, c'est un grand joueur de renommée internationale. Il a beaucoup d'expérience, et c'est un bon gabarit pour cette ligue. Il a aussi gagné partout où il est allé. Ce sera peut-être un facteur de plus grande intimidation pour les adversaires.»

Ambroise Oyongo: «Pour tout le monde, et pas seulement pour les Africains, Drogba est un grand joueur, une idole et une icône dans le [monde du] ballon. Tout le monde serait fier de jouer avec lui et de lui faire des passes. On est tous fiers qu'il soit bientôt avec nous, et on va tout faire pour bien l'accueillir.»

Nigel Reo-Coker: «C'est une acquisition incroyable pour le club et c'est formidable pour la ville, les partisans et les joueurs. Bien des joueurs pourront apprendre de lui avec ses qualités. Je l'ai rencontré plusieurs fois à Londres, et il possède un bon caractère et il a une forte personnalité. Dans l'ensemble, son jeu est fantastique, et je trouve qu'il n'a pas reçu le mérite qui lui revient.»

Frank Klopas: «Le plus important, maintenant, sera de voir où il en est physiquement. Je sais qu'il s'entraînait de son côté, avec un entraîneur personnel, mais il faudra s'asseoir avec lui et évaluer sa condition. Il n'a pas joué depuis trois mois.»

Hassoun Camara: «On passe quasiment dans une nouvelle ère et un nouveau souffle. Quand on voit l'engouement que cela produit sur les réseaux sociaux ou même dans la ville quand on se promène et que les gens nous interpellent, c'est quelque chose d'extra. Je suis Parisien et il vient de là-bas; il a joué à Marseille, comme moi. Je suis fier de porter un deuxième maillot similaire, et je suis encore plus fier que ce soit celui de l'Impact.»

Dilly Duka: «La chose la plus importante est que nous formons une bonne équipe et notre organisation a recruté un bon joueur afin de nous aider à atteindre les séries et essayer de gagner quelque chose.»