La CONCACAF veut de nouvelles règles de gouvernance à la suite du scandale de corruption qui a secoué la FIFA.

La Confédération de l'Amérique du Nord, de l'Amérique centrale et des Caraïbes a présenté des propositions anticorruption après que ses deux derniers présidents et secrétaires généraux eurent été inculpés dans une enquête fédérale américaine.

Président de la CONCACAF depuis 2012, Jeffrey Webb, des îles Caïmans, et son collègue du comité exécutif Eduardo Li, du Costa Rica, contestent leur extradition de la Suisse, où ils sont emprisonnés depuis leur arrestation en mai, vers les États-Unis.

Leur principal administrateur, Enrique Sanz, a été suspendu de toutes activités entourant le football par la FIFA et la CONCACAF, après qu'on l'eut lié à des pots-de-vin versés à Webb par la compagnie de marketing sportif pour laquelle il travaillait auparavant.

«C'est une crise très importante, a déclaré à l'Associated Press le conseiller juridique de la CONCACAF, Sam Gandhi. Nous devons résoudre nos propres problèmes et devons démontrer que nous sommes des leaders.»

Parmi les propositions présentées, les termes des présidents et des membres du comité exécutif seraient limités, des personnes indépendantes siégeraient au comité exécutif, et les salaires et les dépenses des principaux dirigeants seraient publiées.

«Le monde entier sait que d'assigner des personnes indépendantes à un conseil d'administration est important afin d'éviter les conflits d'intérêt», a dit Gandhi au sujet de cette notion que la FIFA a refusé d'appliquer à sa propre réforme, il y a deux ans.

La CONCACAF veut aussi se garder le droit de passer au crible d'éventuels partenaires commerciaux, embaucher un responsable de la conformité, en plus de mettre sur pied une ligne téléphonique pour les lanceurs d'alertes.

Ces plans détaillés de «changement orgnisationnel systémique» ont été publiés lundi, à la veille du lancement de la Gold Cup de la CONCACAF aux États-Unis.

«Nous allons organiser une super compétition et allons être en mesure de verser les bourses, a dit Gandhi au cours d'un entretien téléphonique. Nous n'avons aucune restriction quant à nos opérations.»

Malgré tout, la plus importante compétition de la CONCACAF a été pointée du doigt dans l'acte d'accusations de 164 pages émis par le département de la Justice américain. Selon ce document, les droits de télédiffusion de l'événement auraient été la source de corruption à grande échelle au cours des 24 dernières années.

Les droits de la Gold Cup appartiennent à l'agence Traffic Sports USA jusqu'en 2021. Son président, Aaron Davidson, est l'un des 14 dirigeants dont le nom est mentionné dans l'acte d'accusations. La compagnie a déposé un plaidoyer de culpabilité à une accusation de conspiration pour fraude bancaire.

Webb et Li font aussi partie des 14 personnes inculpées, tout comme l'ex-président de la CONCACAF Jack Warner, qui conteste aussi son extradition de Trinité-et-Tobago, d'où il est originaire. Deux des fils de Warner ont déposé un plaidoyer de culpabilité.

L'ex-bras droit de Warner à la CONCACAF, l'Américain Chuck Blazer, a fait de même. C'est Blazer qui a retourné sa veste en 2011 afin d'impliquer Warner et le Qatari Mohammed ben Hammam, alors candidat à la présidence de la FIFA, dans un scandale de pots-de-vin en lien avec les votes pour l'attribution des Coupes du monde.

Afin de laver sa réputation, la CONCACAF a élu Webb et embauché Sanz, mais l'enquête américaine a démontré que Webb acceptait déjà des pots-de-vin de la part de l'ex-employeur de Sanz.

Le document de réformes a été accepté samedi par le comité exécutif de la CONCACAF. Il a été rédigé par Gandhi et un panel d'urgence formé des dirigeants des fédérations américaine, canadienne et mexicaine.

Ces changements doivent être approuvés par les 41 nations membres de la CONCACAF. Cette réunion au sommet sera organisée d'ici un an.