Si Wandrille Lefèvre évolue aujourd'hui en défense centrale, c'est d'abord en raison d'un coup du destin datant de 2012. À l'approche d'un match de la défunte ligue réserve, le milieu défensif qu'il était a été contraint de reculer d'un cran pour pallier les nombreuses blessures. Sans contrat professionnel, celui qui s'entraînait quotidiennement avec l'équipe a alors accepté cette nouvelle mission sans grand enthousiasme.

La première étape vers un repositionnement s'est jouée à ce moment-là. La confirmation, quant à elle, est survenue la saison suivante sous les ordres d'un nouveau personnel d'entraîneurs.

«C'est avec Philippe Eullaffroy et Marco Schällibaum que je me suis inscrit sur la durée à ce poste. Au début, c'était encore pour des raisons de blessures, puis ça leur a plu, rappelle-t-il. En cours d'année, je leur ai demandé si ça allait être ma position définitive, et ils m'ont dit: «Oui, tu peux t'installer là, on voit quelque chose en toi à cet endroit».»

Lui-même si réticent au départ, il s'est laissé prendre au jeu lors de sa première saison en MLS. Aux côtés des Matteo Ferrari et Alessandro Nesta, un autre milieu reconverti en défenseur central, il s'est découvert de nouvelles caractéristiques. Car un changement de secteur, à l'âge de 24 ans, demande forcément des ajustements et l'acquisition de nouveaux repères. La qualité de relance faisait partie de sa panoplie, mais il a, par exemple, dû aiguiser son placement ou son sens de l'anticipation.

«Il y a un certain engagement physique que j'ai peut-être toujours eu en moi, mais que je n'exprimais pas de la bonne manière en milieu de terrain. C'est une de mes forces à l'heure actuelle», ajoute-t-il. À ce chapitre, le numéro 55 n'est pas avare de tacles durant les matchs, à l'image de sa récente prestation à Toronto, en Championnat canadien. «Par mon placement, je n'avais pas besoin de tacler en milieu de terrain. Maintenant, je les fais car c'est tout aussi important de s'affirmer et de montrer à l'attaquant adverse qu'on est là. Mais un tacle, c'est de l'instinct. C'est une question de timing car, en une fraction de seconde, je dois analyser la situation. Est-ce que, si je me jette, je vais arriver à temps ou est-ce que l'adversaire aura le temps de toucher le ballon?»

Une chimie grandissante

Cette saison, Lefèvre a disputé trois matchs de MLS, ainsi que les deux rendez-vous du Championnat canadien. En côtoyant Laurent Ciman, dont il partage plusieurs caractéristiques, ou Bakary Soumare, il n'évolue pas forcément dans le même registre. «Laurent est très facile balle au pied et il est très instinctif dans sa manière de défendre. Il voit quelque chose, il casse la ligne de quatre [défenseurs] pour sortir et aller chercher. Je suis comme ça aussi. Baky, de son côté, est plus attentiste: il laisse l'attaquant avoir le ballon, venir vers lui et, là, il joue le duel physique. Nos gabarits expliquent la différence de profils, mais c'est rapide de s'ajuster.»

La paire qu'il forme avec Ciman devrait être reconduite, demain à New York, pour un troisième match de suite. Les performances du joueur d'origine français, qui a pris le relais de Soumare, ne passent pas inaperçues chez les entraîneurs de l'Impact.

«C'est un joueur intelligent qui est capable d'appliquer ce que tu lui dis. Il se complète bien avec Laurent, ils sont toujours en train de parler et de se positionner au bon moment, explique Mauro Biello. On voit cette chimie qui commence à se produire et on espère que ça va continuer.»

Un rôle différent

Lors d'une réunion d'équipe, après la cinglante défaite à Chicago, les joueurs montréalais ont exprimé leurs états d'âme dans le vestiaire. Derrière les leaders plus expérimentés, Lefèvre n'hésite plus à faire entendre sa voix. C'est une demande qui avait été faite par les entraîneurs vers la fin de la dernière campagne. «Ils me voyaient comme un leader, au moins parmi la partie jeune du vestiaire. Ce vote de confiance m'a fait plaisir, et je l'assume car j'ai un caractère un peu excentrique. J'aime parler et prendre du leadership, mais c'est important de ne pas brûler les étapes et de comprendre sa place dans un vestiaire. La langue - je parle le français, l'anglais et l'espagnol - me permet aussi de communiquer avec l'ensemble du groupe.»

Des offres pour Piatti

Si son nom est au coeur de plusieurs rumeurs, Nacho Piatti ne compte pas changer de décor au cours des prochaines semaines. «Je sais qu'il y a eu des offres de Toluca, de León [Mexique] et même de Malaisie. J'ai parlé avec Nick [De Santis], mais je suis très content à Montréal. Je m'y sens bien et j'aimerais rester», a répondu le joueur désigné argentin, hier. L'épopée en Ligue des champions n'a fait qu'améliorer sa cote au Mexique où, un peu plus tôt dans sa carrière, il avait déjà été ciblé par Club América et Cruz Azul.