La démission mardi de Joseph Blatter et la perspective de nouvelles élections à la tête de la FIFA vont aiguiser les appétits; le prince jordanien Ali a déjà fait acte de candidature, en attendant la position de Michel Platini, le grand favori potentiel.

L'évidence Michel Platini

Le président de l'UEFA est le premier nom qui revient quand il s'agit de dresser la liste des prétendants possibles au trône de la FIFA. Mais est-il prêt à laisser tomber la Confédération européenne où il fait l'unanimité et où il a entrepris de vastes réformes pour diriger une Fédération internationale devenue un lieu d'intrigues en tout genre?

L'ancien capitaine de l'équipe de France, âgé de 59 ans, a incarné ces derniers mois l'opposition farouche à Sepp Blatter, qu'il avait aidé lors de sa première élection en 1998. Mais il avait finalement refusé de se porter candidat contre son ancien mentor, préférant briguer un troisième mandat à la tête de la Confédération européenne en mars avant de soutenir le prince jordanien Ali.

Peut-il tout d'un coup abandonner l'UEFA pour se lancer dans une entreprise périlleuse de conquête de la FIFA? Lui qui avait demandé la démission de Blatter jeudi sort assurément renforcé des derniers événements. Mais il devra avant tout tenir compte du rapport de forces au sein du congrès, le corps électoral, où l'Europe ne pèse que 53 voix sur 209.

Platini sait également que les autres confédérations, bénéficiaires de l'aide au développement de la FIFA, n'accepteront pas si facilement de voir la Fédération internationale dominée par un représentant de la richissime et toute puissante UEFA.

Prince Ali, le premier candidat

Inconnu au bataillon avant de mettre Blatter en ballottage vendredi, le prince jordanien Ali bin Al Hussein, demi-frère du roi Abdallah II, a été le premier à se déclarer de nouveau candidat à la succession de Blatter. À peine une demi-heure après la démission du Suisse.

Ali a pour lui d'avoir réuni 73 voix au premier tour et de bénéficier d'une très bonne image dans les milieux sportifs internationaux grâce à son rang de vice-président de la FIFA pour l'Asie (2011-2015) et de patron de la Fédération jordanienne de football.

Mais le prince Ali a aussi de sérieux handicaps. Son jeune âge (39 ans) est considéré par certains comme un signe d'inexpérience. La Confédération asiatique ne l'a en outre pas reconduit à son poste de vice-président de la FIFA et avait pris fait et cause pour Blatter jusque-là.

Les outsiders

On peut d'ores et déjà citer dans cette liste les deux autres candidats malheureux à la présidence, le patron de la Fédération néerlandaise Michael van Praag et l'ancienne légende portugaise Luis Figo, qui se sont retirés en faveur du prince Ali une semaine avant le scrutin.

Quelle sera leur attitude alors que le Jordanien a de nouveau décidé de briguer le poste? «Je vais d'abord m'entretenir avec différentes parties prenantes la semaine prochaine à Berlin (lors du comité exécutif de l'UEFA en marge de la finale de la Ligue des champions, ndlr) puis j'envisagerai quels seront mes plans», a déclaré Van Praag aux sites des journaux Algemeen Dagblad et De Telegraaf.

Ne disposant que de peu de soutiens en dehors de leur pays ou manquant de vécu dans les instances (Figo), ils n'ont quasiment aucune chance et devraient logiquement former des tickets avec les postulants les plus sérieux.

Il y aussi une piste menant au chef de la puissante Fédération allemande Wolfgang Niersbach. Mais nul doute que l'Europe voudra s'avancer unie derrière un seul homme lors du prochain congrès extraordinaire. Tout dépendra donc de l'attitude de Platini.

En dehors de l'Europe, le président de la Fédération américaine Sunil Gulati s'était montré très virulent à l'égard de Blatter dans la lignée des enquêtes judiciaires menées par son pays.

Il faudra guetter aussi la position de David Ginola dont l'aventure folklorique, financée par un organisme de paris (Paddy Power), avait tourné court fin janvier faute de parrainages, tout comme celle du diplomate français Jérôme Champagne, ex-secrétaire général adjoint et ancien directeur des relations internationales de la FIFA.