Son nom figure en bonne place dans la légende du foot vintage des années 70: l'équipe du Cosmos de New York dispute mardi à La Havane un match amical historique contre la sélection cubaine, qui illustre le rapprochement entre Cuba et les États-Unis.

La légende brésilienne Pelé, ancien joueur du Cosmos dans les années 1970, et l'inusable buteur espagnol Raul font partie de la délégation qui sera à La Havane pour la première apparition d'une équipe américaine sur le sol cubain depuis 1999.

«C'est quelque chose d'incroyable, une occasion unique de découvrir Cuba et de jouer un match important. Je suis vraiment impatient», assure Raul, joueur du Cosmos depuis octobre 2014 et deuxième meilleur buteur de l'histoire des compétitions européennes.

Le Cosmos ne fait plus partie de l'élite américaine: il évolue dans la NASL, l'équivalent de la 2e division, dont il est le leader invaincu après neuf journées. Mais son nom reste prestigieux dans le monde entier: Pelé, Franz Beckenbauer et Giorgio Chinaglia ont écrit sa légende sur les terrains (et en dehors) à l'époque où le club était censé jouer le rôle de tête de pont pour populariser le foot aux États-Unis.

Diplomatie du ping-pong

Depuis l'annonce historique de leur rapprochement avec Cuba le 17 décembre 2014, les États-Unis ont assoupli leurs restrictions envers l'île. Mais beaucoup de points de désaccord demeurent entre les deux ennemis de la Guerre froide et les dirigeants du Cosmos ont dû faire preuve de diplomatie pour arriver à leurs fins.

«Tout s'est passé plutôt rapidement, il a juste fallu prendre les choses dans le bon ordre et recevoir le soutien du ministère des Affaires étrangères, de celui de la Justice et de la Maison-Blanche», a expliqué Erik Stover, le directeur général du Cosmos.

«C'est un peu cliché de parler de "diplomatie du ping-pong", mais ils ont tout de suite adhéré au projet», a-t-il ajouté, en référence au rapprochement diplomatique entre les États-Unis et la Chine dans les années 1970 grâce aux équipes nationales de tennis de table.

Côté cubain, la rencontre décisive a eu lieu en Jamaïque en janvier en marge d'un match qualificatif pour la Coupe du monde des moins de 20 ans: Giovanni Savarese, l'entraîneur du Cosmos, y croise des hauts-responsables du football cubain.

«J'ai eu la chance de rencontrer le président de la Fédération cubaine à qui j'ai dit: "Nous voulons disputer un match contre vous". Au début, il m'a dit: "OK, parlons-en, mais qui êtes vous?" Quand je lui ai parlé du New York Cosmos, il a écarquillé les yeux», a expliqué Savarese.

Les Orioles de Baltimore aussi

Le Cosmos a l'âme voyageuse et jouera à Cuba dans son 42e pays: «C'est sans précédent pour un club de football, dans le passé ou actuellement, a estimé son président Seamus O'Brien. Nous espérons que ce match va accroître la popularité du football à Cuba et améliorer les relations entre nos deux pays».

Le résultat de ce match disputé au stade Pedro Marrero entre la 109e nation au classement Fifa et un club à la recherche de son glorieux passé n'a au fond aucune importance.

D'autres sports, comme le baseball et le basket-ball, se sont déjà engouffrés dans la brèche.

Les Orioles de Baltimore ont prévu de disputer cette année une rencontre à La Havane contre la sélection cubaine.

À Cuba, où le baseball est le sport national, le régime castriste a même donné son feu vert à la diffusion pour la première fois d'un match de la MLB avec un Cubain ayant quitté illégalement son pays, Kendrys Morales.

La NBA n'est pas en reste: deux de ses anciennes vedettes, Steve Nash et Dikembe Mutombo, ont animé un stage d'entraînement dans la capitale cubaine fin avril.