Un an et quelques mois après son départ de Chicago, Frank Klopas ne reconnaît plus le Fire que l'Impact affrontera, ce soir (20h30). Quand il passe mentalement en revue l'alignement de son ancienne équipe, il peut tout juste compter sur les doigts d'une main les rescapés de son époque. «L'équipe est différente par rapport à l'an passé. Et en 2014, ils avaient déjà quasiment changé 20 joueurs par rapport à l'équipe qu'il y avait avant mon départ», résume l'entraîneur montréalais lors d'une entrevue avec La Presse.

Ce soir, l'ancien entraîneur et directeur sportif du Fire prendra certainement le temps d'aller saluer les Mike Magee, Sean Johnson ou Jeff Larentowicz. Klopas a également un certain nombre d'amis au sein de l'équipe de sa ville. C'est à Chicago qu'il a grandi, après son départ de Grèce à l'âge de 9 ans, mais c'est aussi là qu'il a commencé et achevé sa carrière de joueur professionnel. C'est finalement sur les rives du lac Michigan qu'il a rencontré son épouse, Sophia. Si le retour à Chicago avec l'Impact n'est pas aussi spécial qu'il l'a été la première fois, le 5 octobre dernier, il y a toujours un petit pincement au coeur.

«La famille est la chose la plus importante dans la vie et c'est évidemment ce qui me manque le plus à cause de l'éloignement. [...] Je n'ai pas beaucoup d'occasions d'y retourner durant la saison. Quand il y a la possibilité d'accorder une pause supplémentaire d'une journée ou deux, j'essaie d'y aller ou ma femme vient à Montréal. Quand nous jouons à Chicago et qu'il n'y a pas de match, au milieu de la semaine suivante, je peux aussi rester une journée supplémentaire.»

Klopas est autant attaché à sa Grèce natale qu'à Chicago, sa deuxième maison. Au milieu de cette double identité, la ville de Montréal s'est imposée à lui au cours des 18 derniers mois. Malgré les longues journées au stade, qui s'étirent en moyenne de 7h30 jusqu'à 17 ou 18h, Klopas - qui réside dans le Vieux-Montréal - apprécie le cadre montréalais. C'est en grande partie lui qui doit maintenant vendre la ville, avec ses spécificités, aux joueurs étrangers, et notamment américains. «Je ne mentirais pas, c'est une partie difficile. Quand les joueurs ont des compagnes qui ne parlent pas la langue [française], cela nuit à leur possibilité d'avoir un emploi. Mais quand ils passent un peu de temps ici, ils apprennent à connaître les gens et constatent que la ville est magnifique. Du point de vue du club et de ses objectifs de victoire, ce nouveau centre d'entraînement [la caserne Letourneux] sera un gros avantage. L'an dernier, c'était un désastre: on ne pouvait même pas faire deux séances par jour.» L'Impact fournit également un livre à ses nouveaux joueurs afin qu'ils se familiarisent avec les différents quartiers, les écoles ou le système médical...

Au bord du gouffre

Les saisons se suivent et ne se ressemblent pas pour Klopas. L'an dernier, son équipe a démarré la saison avec sept matchs sans victoire. Au milieu de la campagne, sept défaites consécutives l'ont aussi menée tout droit vers la dernière place du classement général. A-t-il eu peur de voir son aventure québécoise s'achever prématurément? «Si tu n'obtiens pas de bons résultats, cela fait toujours partie de l'équation. Je suis arrivé dans un contexte où l'équipe était déjà en place et je ne pouvais rien y faire. Je ne pouvais pas faire de changements, mais je croyais tout de même en ce groupe. Nous avons travaillé fort pour que ça fonctionne mais, en cours de route, nous avons perdu des joueurs qui étaient importants et qui ont allégé certains secteurs. Je n'ai jamais pensé [au congédiement], j'ai préparé l'équipe du mieux possible et je n'ai aucun regret. Mais j'ai appris de ce moment difficile et je crois que c'est la chose la plus importante.»

Cet hiver, lui et le reste du personnel technique ont revu la copie avec un changement de garde au poste de gardien, un renouvellement quasi total de la défense et quelques ajouts en milieu de terrain. Sans citer une transaction en particulier, Klopas est satisfait du portrait général après une quinzaine de matchs, toutes compétitions confondues. «Nous sommes plus profonds, plus athlétiques, plus jeunes et nous avons plus de qualités à chaque position, je crois. Nous avons aussi injecté de la rapidité et du leadership.»

Après le parcours de Ligue des champions, les deux victoires acquises contre le Real Salt Lake et Dallas sont les premières promesses d'une année plus réussie. Mais la confirmation, avec des résultats plus constants, implique d'amasser des points à l'extérieur et de vaincre la baisse de régime en deuxième période. «Que ce soit la fatigue, le mental ou la concentration, nous déclinons en deuxième période, convient-il. Il y a des moments dans le match que nous devons mieux gérer et nous devons nous assurer de continuer à progresser collectivement. Nous allons dans la bonne direction, mais cela doit maintenant être le cas pendant 90 minutes.»