Comme tout bon Argentin qui vit loin de sa patrie, Victor Cabrera s'ennuie des asados, ces barbecues mondialement reconnus. Et comme n'importe quel jeune homme de 21 ans qui a choisi de quitter sa maison très tôt, le défenseur montréalais reconnaît que ses amis lui manquent.

Mais en s'engageant avec l'Impact, Cabrera, acquis sous forme de prêt avec une option d'achat, avait un but précis: fouetter sa carrière en accumulant du temps de jeu. Car sous les couleurs de l'emblématique club de River Plate, le jeune homme a bien plus souvent été spectateur qu'acteur avec l'équipe première. Il n'a en fait été aperçu qu'à une seule reprise, lors d'un match face à Colón, le 23 février 2014. Celui qui partage l'agent d'Andrés Romero devait donc faire un choix important, cet hiver. «J'avais d'autres options en Argentine et aux États-Unis, mais j'ai plutôt décidé de venir [à Montréal], explique-t-il en entrevue. Je voulais avoir la chance de jouer et de connaître la ligue. Je reconnais que c'était une décision un peu folle, mais je suis content de l'avoir prise.»

Cabrera sous-entend ici que le dernier mois a pris une très bonne tournure pour lui. Lors de l'annonce de son arrivée au début janvier, il était défini par Frank Klopas comme un joueur «fort et rapide», mais qui permettait au club d'ajouter «de la profondeur en défense». Au tout début du camp, Cabrera composait effectivement la deuxième charnière centrale avec Wandrille Lefèvre. Ce n'est qu'avec la blessure d'Hassoun Camara que Klopas a décidé de l'essayer sur le côté droit. Depuis, il a commencé les trois matchs de Ligue des champions en apprivoisant une position jusque-là inconnue. «Sur le côté, il y a beaucoup plus de un contre un, mais je m'y fais. Le plus difficile est finalement de sortir avec le ballon et de relancer, puisqu'il y a moins d'options qu'en étant dans l'axe. C'est comme si on coupait le terrain de moitié», image le natif de San Isidro de Lules, dans le nord de l'Argentine.

Honnête, Cabrera reconnaît qu'il préfère jouer en défense centrale, mais que la transition des dernières semaines, au poste de latéral droit, n'a pas été un problème. Ce n'est pas la première fois qu'il doit se remettre en question et percevoir le jeu sous une autre perspective. «J'ai commencé en tant que milieu défensif, mais à mon arrivée à River Plate, on a décidé de m'aligner comme défenseur central, révèle le numéro 36. Au début, c'est sûr qu'il a fallu une adaptation, mais j'ai travaillé fort, je m'y suis habitué et c'est aujourd'hui la position que je préfère.» C'est d'ailleurs en défense centrale qu'il a conclu l'entraînement, hier matin, aux côtés de Laurent Ciman.

Un but et des amis

Au moment de quitter son pays pour la première fois et de se retrouver à l'autre bout du continent américain, Cabrera a été rassuré par la présence de ses compatriotes Romero et Nacho Piatti. Les deux milieux de terrain ont immédiatement accueilli à bras ouverts le plus jeune membre de la délégation argentine. Le trio se côtoie fréquemment à l'extérieur du terrain, autour d'une bonne table ou d'un maté.

Mercredi, Cabrera a également gagné quelques milliers d'amis en inscrivant le deuxième but de la rencontre face à Alajuelense. Comment a-t-il vécu ce moment? «Cela m'a surpris d'être seul [sur le corner]. Il y avait un joueur sur moi au marquage puis, l'instant d'après, il n'était plus là. J'ai reçu le ballon et j'ai simplement essayé de le frapper comme je le pouvais. Ç'a été une très grande émotion de pouvoir marquer et ç'a été encore plus fort par la suite puisque ça a contribué à notre victoire.»

Une émotion qui valait bien la peine de s'éloigner un peu des siens et de se priver de quelques asados...

McInerney déçu

Tout indique que Cameron Porter sera encore préféré à Jack McInerney, cet après-midi, sur la pelouse du Revolution de la Nouvelle-Angleterre (15h). On imagine bien que cela n'enchante guère l'ancien attaquant de l'Union de Philadelphie. «C'est frustrant, mais la situation est ce qu'elle est», a-t-il commencé par dire, un brin fataliste. McInerney reconnaît ainsi que Porter «joue bien» et que les entraîneurs ne se tourneront pas vers un système à deux attaquants pour l'accommoder («ce serait idéal pour moi»). Du coup, il devrait se contenter des fins de match ces prochaines semaines. «Je préférerais évidemment que ce ne soit pas le cas et être plutôt dans le onze partant. Mais je ne peux pas contrôler qui les entraîneurs choisissent pour être de l'alignement. Je dois garder la tête haute et continuer à travailler fort.»

Selon McInerney, les entraîneurs n'ont pas besoin de lui expliquer la situation. Mauro Biello apporte une touche de nuance dans le type de communication à maintenir. «C'est important de lui répéter de se tenir prêt et de ne pas être surpris quand son tour va venir. Cela fait partie du professionnalisme qu'un joueur doit avoir et c'est important qu'il le prenne de cette façon-là.»