Une affaire de dopage aux anabolisants remontant aux années 70-80 agitait mardi le soccer allemand, avec la mise en cause de deux clubs où a joué le sélectionneur des champions du monde Joachim Löw.

«Le dopage n'a aucune place dans le sport, je le désapprouve complètement. C'est aussi vrai dans ma carrière de joueur que ça le reste aujourd'hui dans mon rôle de sélectionneur», a assuré mardi Joachim Löw à l'agence d'informations sportives SID, filiale de l'AFP.

La réaction de Löw, devenu icône nationale après avoir conduit l'été dernier la Mannschaft au sacre mondial, était attendue depuis la révélation lundi d'un système de dopage «à grande échelle» aux anabolisants en ex-Allemagne de l'Ouest.

Dans un communiqué, un membre de la Commission d'évaluation sur la médecine du sport basée à Fribourg, le docteur Andreas Siegler, avait mis en cause le club de Stuttgart et, dans une moindre mesure, celui de Fribourg, pour leurs pratiques dopantes «à la fin des années 1970 et au début des années 1980».

Or Löw a été milieu de terrain à Fribourg de 1978 à 1980 et de 1982 à 1984, avec un interlude à Stuttgart lors de la saison 1980-1981 et avant d'entraîner ce dernier club.

Soccer et cyclisme

Il est possible que le dopage en ex-RFA «n'ait nullement été une simple question de responsabilité individuelle des athlètes», mais ait été «financé et organisé de manière centralisée par des fédérations ou des clubs sportifs», a affirmé M. Siegler.

Par cette initiative isolée, vertement désapprouvée mardi par les autres membres de la commission de Fribourg, le médecin dévoilait les conclusions préliminaires de travaux menés depuis 2007 par cette instance, qui visent à la fois le soccer et le cyclisme allemand.

La question est d'autant plus sensible qu'elle touche à la fois l'ex-Allemagne de l'Ouest, plus épargnée que l'ex-RDA par les affaires de dopage, et le soccer, sport-roi qu'aucun scandale de ce type n'avait pour l'heure éclaboussé.

«Pour nous, c'est difficile de donner la moindre information, parce que nous n'avons aucun élément entre les mains», a déploré le directeur sportif de Stuttgart, Robin Dutt, sur la chaîne télévisée Sky Sports.

«Nous voulons néanmoins donner une explication solide, parce que nous sommes attachés à un sport propre», a-t-il assuré, réclamant une copie du rapport de la commission.

Le SC Fribourg a également fait savoir qu'il soutenait l'enquête et condamnait l'emploi de produits dopants, mais qu'il n'avait pas eu connaissance «de résultats détaillés, ni d'un rapport complet».

«Clinique de la Forêt noire»

«Je suis complètement surpris par ces informations. Je ne peux imaginer qu'un de mes coéquipiers se soit sciemment dopé», a déclaré à la chaîne Sport1 le sélectionneur suisse Ottmar Hitzfeld, ancien entraîneur du Bayern Munich, qui a joué pour Stuttgart de 1975 à 1978.

Hans-Jurgen Sundermann, qui a entraîné Stuttgart de 1976 à 1979 et de 1980 à 1982, a de son côté jugé «absurdes» les accusations de dopage. «Je ne peux imaginer cela et je peux l'exclure totalement», a-t-il dit à l'agence SID.

Le président de la Commission antidopage de la Fédération allemande de soccer, Rainer Koch, s'est dit «surpris» de n'avoir pas été informé, préférant attendre «de voir un rapport détaillé pour évaluer sérieusement la question».

Au centre de l'affaire figure l'ex-médecin de Fribourg Armin Klümper, soupçonné d'avoir organisé le dopage au sein des deux clubs alors qu'il avait déjà été mis en cause dans le scandale touchant l'ancienne équipe cycliste de Jan Ullrich, Deutsch Telekom, à la fin des années 1990.

Mardi, le site internet du Spiegel ironisait sur «les piqûres de la clinique de la Forêt noire», détaillant les soupçons de dopage pesant sur plusieurs autres médecins de Fribourg. Mais après cinq ans, l'enquête ouverte par le parquet local n'a abouti à aucune inculpation, rappelait aussi l'hebdomadaire.