À une époque, la Coupe du monde féminine était réservée aux 12 meilleures nations et ne s'étirait que sur 13 jours. Lors de certains matchs, les spectateurs ne se comptaient même pas par milliers, mais plutôt par centaines. À cette époque-là, c'est en fait la Coupe du monde 1995 qui a marqué la première présence canadienne à ce niveau de la compétition.

«On était les pionnières, que ce soit moi comme entraîneuse ou toutes les joueuses qui ont disputé cette première Coupe du monde sans soutien financier, se rappelle Sylvie Béliveau, rencontrée hier à 100 jours du début du Mondial organisé en sol canadien. Il y avait de l'engouement, mais c'était une organisation tout autre. On marchait dans la rue, en Suède, et les gens ne savaient pas ce qui se passait. Par rapport à 1995, l'engouement actuel ne se compare même pas.»

La responsable du développement à long terme du joueur, à l'Association canadienne de soccer (ACS), est le baromètre idéal de la progression du soccer féminin. Joueuse, puis entraîneuse, elle a également suivi de près toutes les phases finales qui se sont déroulées depuis 1995. Membre du Groupe d'étude technique (TSG) de la FIFA, elle a vu les tendances défiler et les contours de la compétition se modifier. Elle se souvient de l'apparition du marquage en zone, du développement - tardif - des gardiennes et, plus récemment, du passage de la phase finale à 24 équipes. Qu'est-ce qui a le plus évolué au gré des sept compétitions de la Coupe du monde, dont celle de 1999, aux États-Unis, qui a marqué un tournant?

«On atteint une performance beaucoup plus constante. Avant, on parlait de quelques athlètes, maintenant, on parle de 11 bonnes athlètes [par équipe], répond-elle. La différence, entre les équipes, se joue au niveau de la profondeur. Est-ce qu'il y a des joueuses sur le banc qui peuvent faire la différence lorsqu'elles rentrent en jeu ou qui permettent de maintenir une constance? L'Allemagne est forte à ce niveau-là. Par ailleurs, les équipes sont aussi plus solides défensivement.»

Cent jours

Le Canada lancera la compétition, le 6 juin, en affrontant la Chine à Edmonton. S'ensuivront des matchs contre la Nouvelle-Zélande et les Pays-Bas dans un groupe bien plus abordable qu'en 2011. Les Canadiennes avaient alors pris le dernier rang sans récolter le moindre point. «Il y a une notion de chance et de malchance comme la blessure de Christine Sinclair lors du premier match il y a quatre ans, rappelle Béliveau. Il faut faire attention quand on compare, mais si tout se passe bien, on a un groupe qui favorise le Canada. Et pour la première Coupe du monde à 24 équipes, cela change la donne et le cheminement pour atteindre les phases finales.»

D'ici le début du tournoi, il reste également à convaincre le public montréalais qui, selon elle, est encore «dans l'attente». «Si c'étaient les hommes brésiliens qui étaient à Montréal, cela fait longtemps que les gens s'arracheraient les billets. Il y a toujours une forme de comparaison, et on perçoit le Mondial féminin comme moins important. Pourtant, le spectacle est tout aussi intéressant et ceux qui ont vu la compétition des moins de 20 ans, l'été dernier, avaient été épatés par le jeu.»

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Un objectif d'assistance atteignable?

Francis Millien a bon espoir que l'objectif de 1,5 million de billets vendus pour les 52 matchs de la Coupe du monde soit atteint. «On nous disait qu'on visait un peu gros, mais on ne doute pas d'y arriver à travers le Canada, a lancé le directeur général à Montréal. Le nombre de gens de l'extérieur qui vont suivre leur pays commence à être significatif, notamment les Américains.»

Après les passeports et les demi-passeports, ce sont les billets individuels qui ont été mis en vente hier. Et contrairement au Championnat mondial de hockey junior, critiqué pour ses prix élevés, le comité organisateur a choisi la voie opposée. Les billets les moins chers pour la première soirée au Stade olympique, le 9 juin, coûtent ainsi autour de 20$. «[La situation au Mondial de hockey junior] ne nous a pas inquiétés, mais cela nous a permis de comprendre que le prix fixé, afin que ce soit accessible à tous, était la solution», a poursuivi Millien.

Montréal est l'une des six villes qui accueilleront les meilleures nations mondiales, du 6 juin au 5 juillet