Avec un tel prénom, Romario Williams ne pouvait pas prétendre à autre chose qu'une carrière de joueur de soccer professionnel. Plus précisément, il ne pouvait pas devenir autre chose qu'un attaquant.

Oui, le Jamaïcain, né dans la foulée de la Coupe du monde de 1994, a été prénommé en l'honneur du légendaire buteur brésilien Romario. Combien de fois lui a-t-on posé la question? «D'innombrables fois. Des tonnes de fois», dit-il en soupirant, après avoir de nouveau décrit l'amour de son père pour le joueur de Rio de Janeiro.

On le comprend, le troisième choix du dernier repêchage n'est pas tombé dans la marmite du soccer par hasard. Il se revoit, tout jeune, dans son île caribéenne, en train de taper dans ses premiers ballons. Dès l'âge de 3 ou 4 ans, son père faisait en sorte que son garçon en ait toujours un à sa disposition, à la maison comme au parc. Le bambin n'a surtout pas cherché bien loin pour trouver des modèles. Dans la famille Williams, tous les chemins mènent visiblement à l'apprentissage du soccer, puis au professionnalisme.

«Pendant la quasi-totalité de sa carrière, mon père a été un défenseur central professionnel en Jamaïque, explique-t-il dans un anglais mâtiné d'intonations jamaïcaines. Il a aussi été aligné comme défenseur latéral ou attaquant. L'un de mes frères ainsi que mon oncle ont également été professionnels. C'est comme ça que tout a commencé pour moi.»

Il est cependant le premier de cette lignée à quitter son île pour tenter de réaliser son objectif: celui de se joindre à la sélection nationale senior. Quelques mois après avoir participé à la Coupe du monde des moins de 17 ans, Williams a mis le cap vers l'Université Central Florida, à Orlando. Avec le recul, il consent que le jeu en valait la chandelle, mais à l'époque, un certain mal du pays l'habitait. «Je ne dirais pas que c'était difficile au début, mais il m'a quand même fallu une période d'adaptation. Je n'avais que 17 ans et je me retrouvais dans un nouvel environnement, où je ne pouvais plus voir les personnes que je côtoyais habituellement. Mais, sur le long terme, j'ai vraiment récolté les bénéfices.»

En trois saisons, Williams a inscrit 18 buts, dont 6 pénaltys, et délivré 5 passes décisives. Ses statistiques comprennent une année 2013 fructueuse avec 10 buts, mais aussi une première saison passée dans un rôle plus défensif. «L'entraîneur m'a demandé de jouer en tant que milieu défensif, et parfois de défenseur central, puisqu'il pouvait déjà compter sur Deshorn Brown, qui joue avec les Rapids du Colorado, ou McKauly Tulloch. Mais c'est un rôle auquel j'étais déjà habitué avec la sélection jamaïcaine et qui ne m'a pas demandé trop d'ajustements. Puis, quand ces gars sont partis, l'entraîneur m'a aligné comme attaquant.»

«Bonjour Montréal»

Williams, 20 ans, a puisé dans ses cours de français, suivis au secondaire, pour lancer un retentissant «Bonjour Montréal» lors de l'annonce de sa sélection par l'Impact, le 15 janvier. On soupçonne que le jeune homme avait préparé son coup tant il était persuadé que l'Impact s'intéressait à lui. C'est le déroulement de l'entrevue, lors du camp d'évaluation des recrues, qui lui a mis la puce à l'oreille. Mauro Biello raconte: «En entrevue, il y a certains gars qui se voient déjà à Arsenal et qui disent ne pas regarder du tout la MLS. Mais quand tu parles à un jeune qui suit le club, qui connaît les joueurs et qui analyse bien son rôle avec son équipe collégiale, cela montre qu'il réfléchit. Romario, lui, était calme quand nous lui avons parlé.»

Ce flegme ne l'a pas quitté quelques semaines après le début du camp d'entraînement. Le membre de la Génération Adidas comprend que ce premier contrat professionnel n'est pas un aboutissement, mais le début d'une aventure. Une aventure durant laquelle il devra accentuer ses forces, gommer ses faiblesses et s'ajuster aux rigueurs de la MLS. Les principales? La rapidité du jeu et l'aspect physique, tranche-t-il.

«Lors du premier match [contre l'équipe des moins de 16 ans], il a eu beaucoup d'occasions de but. Il faut valoriser son mouvement, mais on va continuer à travailler sur la finition, précise Biello. C'est un jeune joueur qui va continuer à progresser au fil du temps. Déjà, on voit qu'il possède une bonne frappe. [...] Sur la phase défensive, c'est quelqu'un qui peut mettre la pression, qui travaille et qui peut donner des problèmes aux défenseurs adverses.»