L'année débute sous l'orage au FC Barcelone: le club catalan, ébranlé par sa récente sanction d'interdiction de transferts, a désigné comme responsable implicite son directeur sportif Andoni Zubizarreta, dont le limogeage lundi a entraîné la démission de son adjoint, l'emblématique Carles Puyol.

Les raisons du départ de «Zubi», qui était en poste depuis 2010, n'ont pas été détaillées par le Barça, pas plus que le nom de son successeur.

Mais il est probable que l'impossibilité de recruter jusqu'en 2016, punition prononcée par la FIFA pour des infractions lors de transferts de joueurs mineurs, ait été la déconvenue de trop pour Zubizarreta, âgé de 53 ans.

Ce limogeage, annoncé lundi après-midi sur fond de résultats sportifs mitigés, met en tout cas en lumière la crise interne qui secoue l'actuelle direction, éclaboussée ces derniers mois par plusieurs scandales extra sportifs.

Zubizarreta, ancien gardien de la «Dream Team» du Barça champion d'Europe en 1992, avait pourtant prolongé l'an dernier son contrat jusqu'en 2016. Sous sa supervision, le club a notamment remporté une fois la Ligue des champions (2011) et deux fois la Liga (2011, 2013).

Mais l'année 2014, vierge de tout trophée, a assombri le bilan du dirigeant, qui s'est vu en outre reprocher plusieurs recrutements ratés cet été: le latéral brésilien Douglas, pour le moment très fébrile, ou le défenseur belge Thomas Vermaelen, arrivé blessé et indisponible au moins jusqu'au printemps.

Un départ qui fait désordre

Une heure seulement après le limogeage de Zubizarreta, c'est Carles Puyol, autre ancienne gloire du club, qui a claqué la porte: l'ex-capitaine a renoncé à son poste d'adjoint, qu'il occupait depuis qu'il avait mis un terme à sa carrière sportive en mai.

«J'aimerais découvrir d'autres choses, depuis une autre perspective (...) pour que, à l'avenir, je puisse revenir dans cette maison», a déclaré l'emblématique ancien défenseur dans un communiqué diffusé sur sa page Facebook.

Même si Puyol (36 ans) s'est dit «reconnaissant» vis-à-vis des dirigeants du club, son départ fait désordre s'agissant de l'un des symboles du Barça triomphant de l'ère de l'entraîneur Pep Guardiola (2008-2012).

Sur fond de rivalités entre l'actuel président Josep Maria Bartomeu, candidat à sa propre succession, et son prédécesseur Joan Laporta (2003-2010), qui envisage de revenir, la direction actuelle se retrouve de plus en plus sous pression pour organiser des élections anticipées avant la fin de son mandat en 2016.

Dans un deuxième communiqué, le club d'ailleurs a fait savoir que Bartomeu s'expliquerait devant la presse mercredi après-midi. Une réunion extraordinaire de la direction se tiendra ensuite, avec pour unique sujet à l'ordre du jour la sanction de la FIFA.

Handicap sportif

Cette condamnation, confirmée la semaine dernière par le Tribunal arbitral du sport (TAS), signifie que le Barça ne pourra pas recruter de nouveaux joueurs avant janvier 2016, un handicap sportif considérable face aux autres grands d'Europe.

Dimanche soir, Zubizarreta avait laissé entendre que Bartomeu, par sa précédente fonction de vice-président du club, portait peut-être une part de responsabilité dans la sanction, des propos qui pourraient avoir précipité sa chute.

«Comme le vice-président chargé des questions sportives qui travaillait avec moi était M. Bartomeu, il est celui qui connaît le mieux la situation», avait dit Zubizarreta au micro de Canal+ Espagne, tout en assurant «assumer la responsabilité» de cette condamnation.

Son limogeage intervient alors que les résultats sportifs mitigés ont mis sur la sellette l'entraîneur Luis Enrique, très critiqué pour le jeu décousu de son équipe et pour ses choix, comme celui de n'avoir pas titularisé Lionel Messi et Neymar dimanche lors de la défaite de 1-0 contre la Real Sociedad.

Résultat: le Barça, actuel deuxième de Liga (38 points) à une longueur du Real Madrid (39 points, un match en moins), a raté dimanche une opportunité en or de reprendre les commandes du championnat, ce qui a peut-être accéléré la crise.