En annonçant sa retraite après une carrière de 20 ans, Thierry Henry s'est assuré de faire savoir où il s'est senti le plus apprécié.

Ce n'était pas en France, qu'il a aidée à remporter la Coupe du monde 1998 et l'Euro 2000. Il y est d'ailleurs toujours le plus prolifique buteur, et deuxième pour les sélections.

Henry, qui parle français, anglais et espagnol, a décidé d'annoncer sa retraite en publiant en anglais un message sur sa page Facebook et en émettant un communiqué par l'entremise de son prochain employeur, Sky Sports, en Grande-Bretagne.

«Les Anglais lui ont érigé une statue, mais en France, il n'a pas toujours été reconnu à sa juste valeur, a déclaré Frédéric Thiriez, président de la Ligue de soccer professionnel française. Il demeurera néanmoins une légende. Il a été un attaquant exceptionnel.»

La statue de Henry, sur ses genoux, célébrant un but, est située à l'extérieur du stade d'Arsenal, où il est perçu comme le meilleur joueur de l'histoire des Gunners. Certains avaient d'ailleurs avancé que l'homme de 37 ans assumerait un rôle au sein du personnel technique du club quand il quitterait les Red Bulls de New York, en MLS, mais il a plutôt préféré devenir analyste à la télévision.

Henry détient le record français de 51 buts en 123 sélections, mais il n'a jamais été aussi populaire que Zinédine Zidane, Michel Platini, Raymond Kopa ou même Just Fontaine.

Il a amorcé sa carrière avec l'AS Monaco avant de jouer brièvement pour la Juventus de Turin, puis il a remporté plusieurs trophées avec le FC Barcelone. Mais c'est à Arsenal, de 1999 à 2007, qu'il s'est joint au panthéon des dieux modernes du soccer.

Il a gagné sept trophées avec Arsenal, dont deux titres de la Premier League, incluant celui de 2003-04, alors que les Gunners sont demeurés invaincus. Il est leur meilleur buteur de tous les temps (228), en Premier League (175) et en Europe (42).

Quand on lui a demandé s'il avait songé à jouer de nouveau pour le club, il a dit: «Vous ne quittez jamais vraiment Arsenal. Combien de retours pouvez-vous effectuer? À un certain moment, ça aura l'air d'un mauvais film. On a tous aimé le premier Rocky, mais je ne suis pas trop sûr pour le dernier».

Henry, qui est né dans la difficile banlieue parisienne de Les Ulis, a commencé le soccer à l'âge de six ans et son talent n'est pas demeuré dans l'anonymat trop longtemps. Développé au Centre national du soccer de la Fédération française en compagnie de Nicolas Anelka et de David Trezeguet, l'attaquant astucieux, rapide et très technique a gravi les échelons jusqu'à l'AS Monaco, avec qui il a remporté la Ligue 1 en 1997.

Ses accomplissements monégasques lui ont ouvert les portes de l'équipe nationale, étant sélectionné pour le Mondial de 1998, disputé à domicile. Bien que Zidane eut été la grande vedette du tournoi, Henry n'a pas déçu et a marqué son premier but international en phase de groupes contre l'Afrique du Sud, avant d'ajouter un doublé contre l'Arabie saoudite. Il a aussi pu démontrer tout son sang-froid en marquant du point de penalty pendant les tirs de barrage en quarts de finale, contre l'italie.

«Quand ils (Henry et Trezeguet) ont dû prendre ces tirs contre l'italie, ce n'était pas un problème, malgré toute la responsabilité qui reposait sur leurs épaules, a déclaré Didier Deschamps, capitaine de cette édition. Ça a défini les carrières qu'ils ont eues.»

Après un séjour décevant à la Juventus, Henry a retrouvé son ancien entraîneur à Monaco, Asène Wenger, à Arsenal. Incapable de trouver le fond du filet à ses premiers huit matchs, Henry a conclu cette saison 1999-2000 avec 26 buts. Il est ensuite devenu le meilleur buteur de la Premier League en quatre occasions.

D'Arsenal, Henry s'est joint au FC Barcelone, devenant l'un des éléments-clés du club de Pep Guardiola qui a remporté six trophées en deux ans, dont celui de la Ligue des Champions, contre Manchester United.

Sa carrière internationale, qui comprend également un titre à l'Euro 2000, s'est terminée sur une fausse note. Il y a d'abord eu cette fameuse faute de main sur le but décisif face à l'Irlande en éliminatoires du Mondial 2010, puis, en Afrique du Sud, la France n'a pas gagné un seul match et les joueurs ont refusé de s'entraîner avant leur dernière rencontre, après qu'Anelka eut été retourné à la maison pour s'être engueulé avec le sélectionneur Raymond Domenech.

«Ça a été toute une aventure, a-t-il écrit sur Facebook. J'ai plusieurs souvenirs - bons pour la plupart - et vécu une super expérience. J'espère que vous avez apprécié regarder autant que j'ai apprécié jouer.»