Les joueurs de l'Impact font l'objet d'un suivi étroit à l'entraînement grâce à la technologie du miCoach Elite System, qui permet au personnel technique de quantifier les performances sur le terrain et d'effectuer des tests physiques plus précis que jamais.

À l'entraînement, les joueurs de l'Impact sont étroitement surveillés. Pas seulement par Frank Klopas, mais par le système miCoach Elite System qui permet au personnel technique de connaître en détail les performances affichées par chacun.

Sous leur chandail, les joueurs portent un mince gilet dans lequel sont incrustées des électrodes mesurant l'évolution de la fréquence cardiaque. Dans une pochette placée entre les omoplates, les joueurs portent aussi un capteur qui détermine leurs mouvements, les accélérations/décélérations ou la puissance dégagée durant chaque séance.

«Le GPS, ce n'est pas nouveau, cela fait 10 ans que c'est utilisé par de gros clubs dans le monde. Dans les autres équipes, c'est une brassière noire. Nous, on l'a sous le maillot et le moniteur de fréquence cardiaque est intégré. C'est beaucoup plus confortable», explique Paolo Pacione, le préparateur physique du club.

Une base centrale installée le long du terrain reçoit les informations qui peuvent être lues sur un iPad et qui seront ensuite analysées dans un système développé par Adidas. À côté de cette méthode, Pacione prend lui-même le pouls de l'équipe avant chaque entraînement.

Comment cela influence-t-il la charge des joueurs?

Pacione utilise peu les données durant l'entraînement, mais elles lui permettent de déterminer la charge de chaque séance - ou de la semaine - à partir des informations collectées. Par exemple, la charge du mardi est assez importante mais doit s'effectuer à faible intensité, alors que le mercredi est la journée la plus lourde.

Sur le plan de la performance individuelle, miCoach lui permet aussi de bâtir plusieurs journaux de bord. «Une fois que l'on a les résultats individuels, on fait une moyenne pour l'équipe. On met ce chiffre dans notre journal de travail. On a aussi un journal pour chaque exercice et un autre pour chaque joueur. On peut regarder la charge de travail du joueur pour la journée, le mois et l'année, puis voir où il se situe par rapport aux autres. Est-ce qu'on doit le calmer un peu, est-ce qu'on doit le pousser un peu?»

Le calcul des vitesses permet également de suivre l'évolution d'un joueur qui revient de blessure.

Les joueurs ont-ils connaissance de leurs résultats?

Grâce à cette technologie, les tests physiques sont plus précis que jamais et permettent de tordre le cou à certaines idées. Justin Mapp, par exemple, a souvent été perçu comme un joueur manquant de vitesse, lors de ses séjours à Chicago et Philadelphie. «Dans les tests physiques, Mapp est le plus rapide de l'équipe, même sur 30 mètres. Après ça, c'est Andrés Romero», révèle Pacione avant d'enchaîner sur Felipe. «C'est un joueur dont les chiffres sont toujours très élevés. Il est passionné, il veut toujours voir les résultats et se pousser lui-même.»

Le suivi est assuré par la remise de rapports écrits au cours de la semaine. Les joueurs peuvent y voir leurs performances et la moyenne pour l'équipe. «Après les séances du mardi et du mercredi (l'analyse des performances), Vassili Cremanzidis remet des feuilles aux joueurs qui peuvent poser des questions sur les exercices ou leurs performances. Cela crée une petite compétition entre eux et cela leur donne de l'information.»

Ce système est-il utilisé par toutes les équipes de la MLS?

Si toutes les équipes de la MLS ont accès à ce système, elles ne l'utilisent pas de la même manière. «Deux ou trois équipes ne s'en servent pas et une ou deux utilisent un autre système. D'autres peuvent l'utiliser sans réussir à l'intégrer dans l'entraînement comme je le fais, explique Pacione. J'ai l'aide de Vassili - je lui donne les problèmes et il trouve les solutions - et les entraîneurs m'écoutent. Mais c'est encore nouveau pour certaines personnes.»

C'est au cours de la saison 2012 que la MLS et Adidas ont conclu ce partenariat qui s'inscrit dans une tendance à concevoir le sport sous un angle scientifique. «Le système GPS était beaucoup utilisé dans le rugby avant le soccer, ajoute-t-il. Cela a démarré en Australie et en Nouvelle-Zélande avant que cela se popularise en Europe et dans le monde. (...) Moi, je travaille avec le système GPS depuis 2010 quand j'étais avec les équipes nationales.»

Ce système est-il utilisé pendant les matchs?

Dans les règlements de la MLS, rien n'empêche les équipes d'utiliser ce système durant les matchs. Sauf que l'Impact se base plutôt sur le logiciel Match Analysis qui permet de suivre les déplacements des joueurs et la compacité du bloc. Au stade Saputo, trois caméras installées près de la galerie de presse permettent d'avoir une vision panoramique des matchs. Pacione utilise évidemment les données sur le chapitre physique.

«Je fais une comparaison des courses à haute intensité par rapport à l'autre équipe, mais aussi par rapport à la période dans la saison. C'est un chiffre qui, en général, doit grimper car tu es en meilleure forme au fur et à mesure des matchs. Cela me permet de jauger notre capacité, et si on ne peut pas soutenir un bon niveau pendant quelques semaines, il y a un problème à régler.»

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Photo fournie par l'Impact de Montréal

Les données récoltées au cours d'un entraînement sont envoyées en temps réel à cet ordinateur central afin d'être traitées, puis analysées par le personnel technique.

Vassili Cremanzidis vit son rêve

La vie est faite de grands et de petits rêves qui, ajoutés les uns aux autres, permettent d'avancer, de se dépasser et, en fin de compte, de remporter de belles batailles. Assis dans les gradins du complexe sportif Claude-Robillard il y a plusieurs années, un jeune garçon rêvait de se joindre à l'Impact, un jour. Allongé dans une chambre d'hôpital et affligé par la maladie en trois occasions, ce même enfant espérait seulement pouvoir rentrer chez lui, un jour.

Non seulement il est sorti gagnant de ce long épisode, mais il a aussi remporté son pari d'intégrer l'Impact. Vassili Cremanzidis, 25 ans, agit à titre d'analyste des performances depuis plus d'un an. Lors des entraînements, le jeune homme surveille étroitement les données récoltées par le système miCoach Elite System pour ensuite les catégoriser et les interpréter. Il ne s'agit là que d'une partie de son travail, dont l'angle évolue les fins de semaine.

«Je passe chaque match au peigne fin pour recenser de nombreuses choses: les passes, la possession, où nous avons récupéré le ballon et où nous l'avons perdu, la provenance des tirs. Je répertorie dans le moindre détail tout ce qui se passe dans le jeu et pour tous les joueurs. Ce sont des données sur lesquelles nous pouvons nous appuyer quand il faut prendre des décisions. J'aime les deux parties de mon travail même si ce sont des choses totalement différentes», explique-t-il.

Assis près d'une entrée de Claude-Robillard, Cremanzidis parle avec passion de son travail qu'il perfectionne par la lecture d'articles trouvés sur internet ou les réseaux sociaux. Il avoue que le sport et les chiffres l'ont toujours fasciné. Il n'est donc pas surprenant qu'après des études à Concordia, il ait pris le chemin de Georgetown afin d'obtenir un master en management du sport.

Son embauche, en août 2013, s'inscrit aussi dans l'utilisation croissante des outils analytiques et statistiques au soccer. À l'entraînement ou durant un match, il est facile de connaître les vitesses moyennes des joueurs, leur distance parcourue, le nombre de sprints effectués ou le nombre de passes réussies dans le dernier tiers. Encore faut-il quelqu'un pour les déchiffrer, essayer de les intégrer dans la préparation de l'équipe et ainsi tenter de prendre un léger avantage sur l'adversaire.

«C'est quelque chose qui prend de l'ampleur et je sais que beaucoup d'équipes en Europe ont recours à ce genre d'analyse, dit-il en mentionnant Manchester City comme exemple à suivre. En MLS, c'est le cas pour quelques-unes, mais je suis sûr que d'ici deux ou trois ans, toutes les équipes posséderont au moins un gars dans ce domaine. Ici, il y a beaucoup de choses que j'aimerais faire, mais je n'y parviens pas puisque je suis tout seul. Il y a beaucoup de calculs et d'opérations.»

«J'ai survécu»

Avec Troy Perkins, Heath Pearce et Felipe, Cremanzidis a visité l'Hôpital de Montréal pour enfants, la semaine dernière. L'endroit ne lui est pas étranger puisque, après un diagnostic de lymphome de Hodgkin à l'âge de 10 ans, il a été victime de deux rechutes au début de l'adolescence.

«La troisième fois, ils ont opté pour un chemin expérimental et ils ne savaient pas ce qui allait se passer ou si j'allais survivre, indique-t-il. Vers 13 ou 14 ans, je suis resté à l'hôpital pendant plusieurs mois consécutifs dans la chambre d'isolement, avec les traitements de chimiothérapie et les greffes de moelle osseuse. Il y avait tous les éléments négatifs que tu peux associer à la vie en hôpital. Mais j'ai survécu.»

Pendant tout ce temps, il a poursuivi sa scolarité à l'hôpital avec un tuteur privé. Il disposait aussi d'un ordinateur et d'une console de jeu dans sa chambre d'isolement. Ses journées étaient cependant rythmées par les différents traitements reçus.

«Un jour, tu peux te sentir bien et le lendemain, la situation peut être complètement opposée à cause de la chimiothérapie, des cures de radiation subies au General Hospital ou des antibiotiques que l'on te donne. Certaines journées sont plus tranquilles parce que l'on t'accorde du repos, mais le lendemain, on peut te prescrire un traitement agressif. Dans ce cas-là, tu te sens complètement K.-O.»

Pour lui, les moments de réjouissance incluaient la visite des équipes sportives de Montréal, dont son Impact. Une décennie plus tard, Cremanzidis peut dire mission accomplie. Deux fois plutôt qu'une...

Photo François Roy, La Presse

Vassili Cremanzidis, 25 ans, agit à titre d'analyste des performances de l'Impact depuis plus d'un an.