Joey Saputo a tenu à le répéter en conférence de presse téléphonique: c'est en son nom propre qu'il a participé au rachat du Bologne FC. Il n'empêche qu'avec l'officialisation de la nouvelle, mercredi, il est facile d'imaginer les synergies possibles entre l'Impact et le club italien de deuxième division.

En gravitant autour du club bolognais depuis quelques semaines, le président montréalais a été étonné de l'absence de stratégie marketing. Tout en donnant un coup de main dans ce domaine, l'Impact pourrait bénéficier de l'expertise sportive d'une institution fondée en 1909.

«Je suis surpris que certains propriétaires qui ont plusieurs équipes ne profitent pas des synergies. Selon moi, c'est une erreur et je vois ma participation à Bologne comme une occasion à saisir, a-t-il indiqué, jeudi, avant d'entrer dans le détail. Cela pourrait favoriser le développement de nos jeunes joueurs en leur donnant la possibilité de s'immerger dans la culture du soccer italien. Il pourrait aussi y avoir des échanges d'idées au plan technique avec l'occasion pour nos entraîneurs de l'Académie de rester quelques mois à Bologne.»

Ce lien qui s'est créé entre les deux entités depuis le recrutement de Marco Di Vaio, en 2012, pourrait également comprendre le prêt de joueurs à Montréal. Présent à Bologne, jeudi, Di Vaio, le futur retraité, sait déjà qu'un poste l'attend chez lui et qu'il serait le pont parfait pour évaluer les besoins des deux équipes.

«Marco est un grand joueur dans l'histoire de Bologne et je crois qu'il peut m'aider énormément ici, a mentionné Saputo. Mais nous n'avons encore rien décidé, car il doit d'abord terminer sa saison avec Montréal. Après, on va se parler pour voir ce qu'il veut faire et comment il veut s'impliquer. Sa présence (jeudi) était pour montrer aux partisans de Bologne que je connais le club et que je veux le conduire à un niveau supérieur.»

La délégation montréalaise, partie mercredi de Montréal, comprenait aussi Nick De Santis. Tout au long des négociations, le nouveau directeur du développement des affaires internationales était les «yeux et les oreilles» de Saputo sur le plan technique. Il n'aura cependant pas un rôle précis à Bologne.

Un engagement à long terme

Après plusieurs rebondissements, le groupe d'investisseurs mené par l'avocat new-yorkais Joe Tacopina aurait payé 13 millions d'euros (18,7 millions de dollars) pour se porter acquéreur du club. Plus de 10 millions de dollars auraient été également versés aux membres de l'ancien conseil d'administration. À ces dépenses s'ajoute la promesse de rénover le vieux stade Renato-Dall'Ara et d'investir dans le recrutement afin de retourner en Serie A.

«Je ne cache pas que c'est aussi une décision d'affaires, a poursuivi Saputo en faisant référence à la situation de Bologne, vainqueur du championnat à sept reprises. Ces dernières années, le soccer italien a perdu beaucoup au chapitre de la participation et des droits télévisuels. Il y a un potentiel énorme avec le stade et notre plan d'affaires peut faire en sorte que ce sera une affaire très intéressante.»

En conférence de presse, plus tôt dans la journée, le président Tacopina et Saputo ont juré que leur présence à Bologne allait se mesurer en décennies. Pour commencer, ils analyseront la situation administrative et technique avant de potentiellement investir lors du prochain mercato, en janvier. Le club est actuellement au cinquième rang de la Serie B, à un point de la tête. À terme, l'ambition est continentale.

«Une fois le maintien en poche, nous devons consolider notre position dans le top 10, a raconté Tacopina à la presse italienne. La deuxième étape sera de devenir un club qui lutte régulièrement pour la qualification en Coupe d'Europe. J'ai beaucoup de respect pour l'Udinese, Torino ou la Fiorentina, mais Bologne n'a rien de moins que ces clubs.»

L'arrivée de ce nouveau groupe d'investisseurs, tant attendue par les partisans locaux, s'est également accompagnée de plusieurs rumeurs. L'une d'elles envoyait l'entraîneur Roberto Mancini aux commandes de l'équipe.

«Chaque fois qu'il y a de nouveaux investisseurs avec des fonds, tu vas entendre ces rumeurs sur l'arrivée de joueurs, d'un directeur sportif ou d'un entraîneur. Mais nous allons d'abord analyser la situation avant de prendre des décisions, a souligné Saputo devant les médias italiens. C'est encore trop tôt pour se livrer à des conjectures.»