Les aventures de Joey Saputo à Bologne, le mois dernier, ont finalement débouché sur un énième et ultime rebondissement. L'offre d'achat de son groupe d'investisseurs, avec l'avocat new-yorkais Joe Tacopina à sa tête, a été préférée à la piste locale qui semblait pourtant détenir la position de tête.

Si rien ne bloque la transaction, Saputo deviendra, la semaine prochaine, l'un des propriétaires de ce club italien évoluant en deuxième division. Par extension, l'Impact aura posé les jalons d'un premier partenariat fort avec un homologue européen.

Muet depuis le début de cet épisode et refusant systématiquement les demandes d'entrevue, Saputo en a fait l'annonce dans une déclaration envoyée aux médias, jeudi.

«Je suis heureux de confirmer que l'offre d'achat de notre groupe d'investisseurs pour l'acquisition du Bologna FC a été acceptée par le conseil d'administration du club. Une lettre d'intention a d'ailleurs été signée par le club à cet effet. Je tiens à remercier tous les gens impliqués dans la transaction, notamment les fidèles partisans du Bologna FC pour leur encouragement au cours du processus. Nous allons continuer de travailler avec le conseil d'administration du club pour finaliser l'entente le 15 octobre.»

Selon La Gazzetta dello Sport, le groupe d'investisseurs s'est engagé à verser 6 millions d'euros (8,5 millions CAN) d'ici cette date, puis effectuer une recapitalisation de 7 millions (9,9 millions CAN) par la suite. Outre la promesse d'investir dans le recrutement, le consortium a aussi fait miroiter l'injection de 60 millions (85 millions CAN) pour la revitalisation du vétuste stade Renato-Dall'Ara et des alentours.

Lien renforcé

Avec cette transaction, le lien entre l'Impact et le Bologna FC, amorcé avec l'arrivée de Marco Di Vaio en 2012, ne fait que se renforcer. Les avantages pour le club montréalais pourraient prendre plusieurs formes, selon le joueur désigné italien.

«Tu peux faire beaucoup de choses quand tu as la possibilité d'associer deux clubs comme ça. Tu peux donner la possibilité à des jeunes (montréalais) de grandir dans un club comme Bologne ou faire venir à Montréal des joueurs en prêt, comme (Daniele) Paponi et (Andrea) Pisanu, l'an dernier. L'Impact a déjà un futur garanti et on espère que cela soit aussi le cas de Bologne, maintenant», a expliqué l'ex-capitaine Rossoblù.

Justement, la voie semble toute tracée pour Di Vaio qui rentrera à Bologne, cet automne, après deux ans et demi au Québec. Une place dans le nouvel organigramme du club devrait lui être réservée.

«J'espère, a-t-il répondu tout en se montrant prudent. On va attendre que ce cela soit confirmé, le 15 octobre, puis on verra s'il y a la possibilité de travailler encore avec Joey à Bologne. J'ai déjà décidé de retourner en Italie avant sa décision (...) et je ne sais pas encore ce qui va passer pour moi.»

«Un club historique»

Avec une population d'environ un million d'habitants, la région métropolitaine de Bologne est la septième plus peuplée d'Italie. Son club, champion national à sept reprises, a connu une lente glissade après un âge d'or, à la fin des années 30. Depuis trois décennies, il multiplie les promotions et les relégations, la dernière étant survenue au terme de la dernière campagne.

«C'est l'un des clubs historiques italiens avec de gros problèmes financiers et qui n'arrive pas à trouver une continuité au niveau de ses propriétaires, a précisé Thierry Cros, journaliste spécialisé en soccer italien et intervenant régulier sur RMC (Radio Monte-Carlo). Il est descendu en Serie B parce que cela devait arriver un jour ou l'autre, vu la façon dont il était géré.»

De l'intérieur, Di Vaio a dressé le même constat. «Les dernières années n'ont pas été bonnes et on devait toujours se battre pour ne pas descendre en deuxième division. Cette année, on doit remonter - et je parle comme un partisan - en première division qui est notre position historique. Après, on verra ce que le nouveau groupe va faire.»

Cette acquisition est une revanche pour Tacopina qui avait déjà tenté de mettre la main sur Bologne, en 2008. Mais malgré le potentiel du club et un marché, réputé pour son dynamisme, la transaction a généralement trouvé peu d'échos, en Italie.

«Les gens en parlent un petit peu parce que le conseiller de Bologne, Gianni Morandi, est un chanteur très connu en Italie et que Massimo Zanetti (à qui le club devait être vendu) est aussi un industriel très connu, a souligné Cros. On en parle aussi parce que les acquéreurs sont très proches des propriétaires de l'AS Roma. Tacopina a même été au conseil d'administration du club, au début. Mais les gens n'en parlent pas plus que ça.»

N'empêche, qu'à l'annonce des nouveaux développements, plusieurs partisans du club se sont rendus au centre d'entraînement de l'équipe en brandissant des drapeaux américains.