Le Mondial-2022 au Qatar fait toujours autant parler et figure à l'agenda du comité exécutif de la FIFA, jeudi et vendredi à Zurich, alors que le rapport sur les conditions d'attribution de la compétition est revenu sur le devant de la scène mercredi.

Michael J. Garcia, l'enquêteur en charge de faire la lumière sur les conditions d'attribution des Mondiaux 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar, a en effet réclamé la publication intégrale du rapport qu'il a remis le 5 septembre à la chambre de jugement de la commission d'éthique de la FIFA.

L'ancien procureur général fédéral de New York n'a pas apprécié le communiqué publié plus tôt par Hans-Joachim Eckert, le président de la chambre de jugement de la commission d'éthique de la FIFA, qui a annoncé qu'il ferait sur le rapport «vraisemblablement début novembre une première déclaration publique» et qu'il n'entendait pas sa publication intégrale.

«Etant donné le rôle limité qu'envisage M. Hans-Joachim Eckert pour la chambre d'instruction, je crois qu'il est nécessaire pour le comité exécutif de la FIFA d'autoriser la publication du rapport d'enquête sur les conditions d'attribution des Coupes du monde 2018 et 2022», a insisté M. Garcia.

Plus tôt cette semaine, l'Allemand Théo Zwanziger, un des 27 membres du comité exécutif de la FIFA, sorte de gouvernement du foot mondial, avait au magazine Sport Bild Plus qu'il pensait, à titre personnel, «qu'au final, la Coupe du monde 2022 (n'aurait) pas lieu au Qatar», car un Mondial ne pouvait «se tenir en été dans ces conditions».

Mais il semble que l'ancien président de la Fédération allemande de football (DFB), opposé depuis le début à un Mondial au Qatar, soit, sur la base de ce seul argumentaire, un peu isolé, voire hors-jeu pour filer la métaphore footballistique.

C'est QUAND, pas SI

Car, comme l'a rétorqué le directeur exécutif du comité d'organisation Qatar-2022 Nasser Al-Khater, «la seule question qui demeure aujourd'hui», à propos de la Coupe du monde dans ce minuscule et richissime émirat gazier du Golfe, «c'est QUAND, pas SI».

La programmation du tournoi en plein été, avec des températures très élevées (qui peuvent monter à cette période de l'année jusqu'à 50°), a ainsi amené la FIFA à réfléchir à une alternative.

A l'issue d'une séance du groupe de travail sur le calendrier international des matches 2018-2024, tenue à Zurich le 8 septembre, le secrétaire général de la FIFA Jérôme Valcke avait expliqué que, «conformément au choix de l'organisateur, la Coupe du monde devait se tenir en 2022. Les options de janvier-février 2022 et novembre-décembre 2022 ont été présentées comme des alternatives à juin-juillet 2022».

«Que ce soit en été ou en hiver, nous serons prêts», a écrit lundi M. Al-Khater dans un communiqué après les déclarations de M. Zwanziger.

La tendance générale dessine un Mondial-2022 qui se jouerait probablement en hiver. Michel Platini, président de l'UEFA, avait préconisé cette solution dès le départ, tandis que Joseph Blatter, président de la FIFA, s'est rallié plus récemment publiquement à cette position.

Jeudi et vendredi, un point d'étape sur le dossier du Qatar sera fait par le biais d'un «rapport du secrétaire général de la FIFA sur les préparatifs de la Coupe du monde Qatar-2022» et un «rapport du président du groupe de travail sur le calendrier international des matches 2018-2024, le cheikh Salman bin Ebrahim Al Khalifa», selon l'ordre du jour.

Depuis la désignation du Qatar pour organiser le Mondial-2022, le 2 décembre 2010, les polémiques n'en finissent plus. Les grandes chaleurs en été dans cet émirat du Golfe ne sont qu'un volet. Certaines organisations internationales du travail ont taxé le Qatar d'état esclavagiste.

Pas de limitation dans le temps

Dans ce contexte, le rapport Garcia est très attendu. Mais la chambre de jugement de la commission d'éthique de la FIFA n'a pas de limitation dans le temps pour rendre son verdict et publier ses jugements. Certaines dates ont été évoquées au fil des déclarations des uns et des autres, pour l'instant sans réelle précision.

Dans un communiqué transmis mercredi matin à l'AFP, le vice-président de la FIFA et représentant de l'Asie, le Jordanien Ali Bin Al Hussein, avait demandé à ce que le rapport soit lui-même «entièrement divulgué et ouvert au public».

Cette publication a également été réclamée par le président de la Fédération américaine, Sunil Gulati, également membre du comité exécutif.

«Si on veut soutenir l'idée de transparence et de changement au sein de la FIFA, il faut le rendre public, pas uniquement aux membres du comité exécutif, à plus de monde», a-t-il déclaré au New York Times.

«Pour le moment, on ne parle pas de ce qu'il y a dans le rapport, mais s'il faut le rendre public ou non, ce n'est idéal pour personne», a-t-il regretté.

Une chose est sûre, le dossier Qatar-2022 n'a pas fini d'alimenter les débats et s'invitera encore longtemps aux réunions dirigées par «Sepp» Blatter, 78 ans, en route vers un 5e mandat à la présidence de la FIFA (l'élection est prévue le 29 mai 2015 à Zurich).