Cette Coupe du monde n'en manque certainement pas, mais une autre grande et belle page pourrait s'écrire, cet après-midi, à la suite du match entre l'Italie et l'Uruguay. Dans ce groupe D au scénario imprévu, un poids lourd de l'histoire suivra forcément le chemin de la sortie déjà emprunté par l'Angleterre.

Le dénouement est encore inconnu à l'Arena das Dunas de Natal, mais les prémices de ce duel sont déjà prometteuses. Puisque les deux équipes ont le même nombre de points, le vainqueur accompagnera le surprenant Costa Rica en huitièmes de finale. Dans le cas d'un match nul, ce sont Andrea Pirlo et ses coéquipiers qui lèveront les bras au ciel dans l'humidité étouffante de cette ville du Nord-Est. 

Simple, n'est-ce pas ? Sauf que les pistes se brouillent ici. L'Italie, par l'entremise de Cesare Prandelli, promet de ne pas jouer le match nul, alors que l'Uruguay peut encore miser sur Luis Suarez, l'une des meilleures armes en contre-attaque. À cela s'ajoute la perspective d'une fin de carrière internationale pour Pirlo et l'indécision d'Óscar Tabárez à la barre de l'Uruguay.

La dimension sportive risque donc de se doubler d'une couche émotive dans cette bataille entre ex-champions du monde. Le vocabulaire employé dans les deux camps, en conférence de presse, permettait bien de saisir l'importance du moment. « Ce match est le plus important de ma carrière professionnelle. Il m'est impossible de le comparer à un autre », a commencé par dire Prandelli. «Nous savons ce que ce match implique, a ajouté Tabárez, un peu plus tard. Les deux équipes ont besoin d'un bon résultat même si l'Italie a une plus grande marge de manoeuvre.»

Une question d'honneur

Pour marquer les esprits, chaque bon duel a besoin de joueurs de stature internationale, capables de le faire basculer sur un seul geste. Impossible de ne pas penser ici à Suarez, bourreau des Anglais la semaine dernière. Sa blessure à un genou est un vilain souvenir, a révélé celui qui sera de nouveau associé à Edinson Cavani, en attaque. «Contre l'Angleterre, je suis allé au bout de mes capacités. Mon dernier match était avec Liverpool en mai, donc j'ai ressenti des crampes et j'étais fatigué. Mais mon genou est en parfaitecondition maintenant. Si cela n'allait pas, je l'aurais dit au Maestro [Tabárez].»

Au-delà des 11 joueurs, l'Uruguay est accompagné de cette culture du sacrifice physique et moral qui lui permet, très souvent, de s'extirper de situations compliquées. Sur chaque ballon, chaque action, il est assuré que les joueurs uruguayens redoubleront d'effort. «Dans un pays de moins de 4 millions d'habitants, le [soccer] est surtout une question de survie et même d'honneur, plutôt qu'une question d'esthétisme», a résumé l'ancien joueur et dirigeant argentin Jorge Valdano, dans le quotidien El País.

C'est à ce concept de « garra charrúa » que Prandelli a fait allusion en conférence. « Sur chaque ballon, tu dois être déterminé avec un sens patriotique qu'ont les Uruguayens et que nous n'avons pas. »

Des changements

Prandelli devrait, par ailleurs, modifier son schéma tactique pour proposer un 3-5-2 avec les trois défenseurs axiaux de la Juventus (Barzagli-Bonucci-Chiellini). Cela suppose également la titularisation de Ciro Immobile aux côtés de Mario Balotelli. 

Moins connu mondialement que l'attaquant de l'AC Milan, Immobile a fini en tête du classement des buteurs de la Série A. «Immobile est un attaquant moderne qui peut prendre la profondeur et qui a le sens du but, a vanté son sélectionneur. Il peut aider l'équipe de différentes façons. [...] Ce n'est pas le nombre d'attaquants qui compte, mais la capacité d'attaquer les espaces.»

Blessé, Daniele De Rossi ne devrait pas participer à ce match crucial.