Moins de 48 heures après les accusations du Sunday Times, la Fédération internationale de football a annoncé qu'elle compte boucler d'ici le 9 juin son enquête sur l'attribution controversée des Mondiaux 2018 à la Russie et 2022 au Qatar.

«Après des mois consacrés à des entretiens avec des témoins et à la recherche de matériel, nous envisageons de terminer cette phase de notre investigation avant le 9 juin 2014, et de soumettre un rapport à la chambre de jugement (de la FIFA) environ six semaines plus tard», soit après la finale, le 13 juillet, du Mondial brésilien qui débute le 12 juin, ont déclaré Michael J. Garcia et Cornel Borbely, respectivement président et président délégué de la chambre d'investigation de la commission d'éthique de la FIFA, chargée de l'enquête.

Lundi, Jérôme Valcke a refusé de commenter le dossier. «Pas de réponses, pas de questions», a lancé à Rio le secrétaire général de la FIFA à des journalistes lors de l'inauguration d'un centre de transmissions (IBC) du Mondial-2014 qui commence dans dix jours.

Un peu plus tard, Joseph Blatter a lui aussi botté en touche après une rencontre avec la présidente du Brésil Dilma Rousseff à Brasilia: «Je parle de la Coupe du monde au Brésil et ce sera une Coupe du monde magnifique au Brésil», a répondu le président de la FIFA en réponse à une question sur le Qatar. «Laissons place aux émotions», a-t-il ajouté.

L'annonce de la fin de l'enquête arrive après les nouvelles accusations du Sunday Times qui assure être en possession de milliers de courriels et d'autres documents attestant de présumés versements d'argent effectués par le Qatarien Mohamed Bin Hammam, alors membre du Comité exécutif de la FIFA et radié à vie en 2012 pour corruption, pour soutenir la candidature qatarienne pour 2022.

Pour le Mondial-2018, outre la Russie, l'Angleterre, ainsi que les candidatures conjointes Espagne-Portugal et Pays-Bas-Belgique étaient en lice.

Pour 2022, outre le Qatar, les États-Unis, l'Australie, la Corée du Sud et le Japon avaient présenté leur candidature.

A huit ans du coup d'envoi du Mondial dans le richissime émirat du Golfe, la polémique n'en finit pas de rebondir sur la façon dont ce minuscule État a obtenu son organisation, le 2 décembre 2010 à Zurich.

«Affirmations ridicules»

«Nous nions avec véhémence toutes les allégations de mauvaise conduite», a plaidé dimanche soir le Comité de candidature du Qatar, ajoutant que «toutes les mesures nécessaires pour défendre l'intégrité de la candidature du Qatar» seraient prises.

Le président de la Confédération africaine(CAF) et vice-président de la FIFA, Issa Hayatou, a «réfuté catégoriquement et formellement les accusations» le concernant.

«M. Hayatou n'a jamais reçu de M.(Mohamed) Bin Hammam, de l'Émir du Qatar ou de tout membre de la candidature qatarie de récompenses financières afin de soutenir la candidature Qatar-2022», assure la CAF, parlant «d'allégations fantaisistes» et d'«affirmations ridicules».

La Confédération asiatique s'est élevée contre ce qu'elle estime être une campagne de presse contre le Qatar.

«L'insistance de certains médias sur l'attribution de Mondial-2022 au Qatar fait partie d'une campagne» contre l'émirat, critiqué tantôt pour «les conditions de travail des migrants sur les chantiers du Qatar», tantôt pour «l'opportunité d'organiser cette compétition en été», a souligné cheik Salman bin Ebrahim Al-Khalifa, un Bahreïni qui a remplacé Mohamed Bin Hammam à la tête de l'AFC.

Manoeuvre britannique? 

«Cela nous amène à nous interroger sur les véritables raisons de cette campagne et à se demander si certains ne cherchent pas à empêcher que la Coupe du monde soit organisée par un pays asiatique», a-t-il conclu.

La Russie également voit dans ces accusations une manoeuvre britannique. «Il faut bien voir que ce sont les Britanniques qui ont lancé cette nouvelle chasse aux sorcières. Auparavant, ils avaient déjà tenté d'accuser la Russie et d'autres pays. Ils ne peuvent tout simplement pas accepter leur défaite», a-t-elle dénoncé.

Du côté de la Fédération australienne, dont la candidature pour le Mondial-2022 avait été écartée, on étudie la possibilité d'être à nouveau en lice, dans l'hypothèse d'un nouveau vote.

Les propos étaient plus durs en Europe. «Je ne suis pas surpris, mais il faut aussi que Blatter porte le chapeau», a affirmé l'ex-président de l'UEFA Lennart Johansson.

Pour Greg Dyke, le président de la Fédération anglaise (FA), dont le dossier avait été battu par la candidature russe, la possibilité d'un nouveau vote sur le Mondial-2022 n'est pas à écarter: «S'il est démontré qu'il y a eu corruption, alors bien entendu un nouveau vote doit avoir lieu».