L'UEFA a «fermement condamné» lundi les récents incidents racistes dans le soccer en Espagne, où le milieu sénégalais de Levante Pape Diop a été visé par des cris de singe dimanche, une semaine après le jet d'une banane sur le Brésilien Dani Alves.

«L'UEFA et son président Michel Platini condamnent fermement toutes formes de discrimination, y compris la récente attitude raciste de supporteurs en Espagne», a écrit le porte-parole officiel de l'UEFA, Pedro Pinto, sur son compte Twitter.

La ligue espagnole de soccer (LFP) lui a emboité le pas lundi soir, condamnant «énergiquement tout acte discriminatoire, violent, raciste, xénophobe, ou intolérant, particulièrement dans le soccer» et annonçant des cours obligatoires de prévention pour tous ses clubs associés.

Alors que le défenseur barcelonais avait réagi avec humour en croquant le fruit avant de reprendre le jeu sur la pelouse de Villarreal, Diop a lui esquissé dimanche quelques pas de danse face aux cris venus de supporteurs de l'Atletico Madrid. Mais dans les deux cas, les deux joueurs ont ensuite fait part de leur amertume.

«Cela m'a beaucoup affecté, a réagi Diop après la rencontre. J'allais tirer un corner et une partie des supporteurs de l'Atletico a commencé à pousser des cris de singe. Pour désamorcer l'affaire, je me suis mis à danser, mais je n'ai insulté personne».

«Il me semble que c'est un manque de respect qui se produit sur tous les terrains, c'est une provocation. Je ne sais pas si on peut qualifier ça de racisme mais il faut que les cris de singe s'arrêtent.»

Une semaine plus tôt, Dani Alves avait confié: «cela fait onze ans que je suis en Espagne et depuis onze ans c'est pareil».

Le cas Diop est toutefois loin de la vague d'indignation mondiale suscitée par l'incident visant le joueur brésilien.

Dans un premier temps, le geste du joueur, alors que l'«Atleti» a perdu 2-0, a été perçu comme une provocation par certains joueurs madrilènes et le match s'est achevé par un début de bousculade.

«La petite danse de Diop, destinée aux supporteurs de l'Atletico, était en trop», écrivait lundi El Mundo Deportivo, admettant toutefois que «les présumés cris racistes aussi... comme n'importe quelle autre insulte».

Les images de l'incident montrent plusieurs supporteurs faisant des gestes de singe face au milieu de terrain.

Selon Marca, après le match, une délégation de joueurs de l'Atletico est venue dans les vestiaires s'excuser auprès du milieu sénégalais.

«Un volcan endormi»

«Pour la faute de quelques énergumènes, on ne peut pas juger tous les supporteurs, ni ceux de Villarreal, ni ceux de l'Atletico, ni d'aucune autre équipe», commentait lundi El Mundo.

Déjà, la semaine dernière, plusieurs représentants du foot espagnol et la presse avaient semblé minimiser la gravité de l'épisode Alves.

«Je veux croire qu'il s'agit de faits isolés», avait affirmé le sélectionneur de l'équipe nationale, Vicente del Bosque. «Dans le soccer, il n'y a pas de racisme, pas du tout».

«On ne peut pas accuser notre public d'être raciste», s'était aussi défendu Fernando Roig, président de Villarreal, car l'épisode avec Alves «est une action isolée et ce n'est pas juste que l'on accuse un public ou un pays de raciste pour un acte de ce type».

«On ne peut pas dire de façon générale que l'Espagne ou le soccer espagnol soient racistes, car ce sont des épisodes isolés, anecdotiques», affirme à l'AFP Salvador Rodriguez Moya, journaliste et auteur du livre Carton noir au racisme, qui recense 300 exemples d'actes racistes dans l'histoire du football en Espagne.

«Mais il n'en est pas moins vrai que c'est comme un volcan endormi, qui peut entrer en éruption à tout moment», prévient-il, estimant qu'il faudrait être «un peu plus dur».

Pour Quique Peinado, journaliste et auteur d'un ouvrage intitulé Footballeurs de gauche, «il y a un problème de racisme, que l'on ne veut pas affronter».

«C'est un problème que l'on voit tous les jours quand on va voir un match et il faut l'éradiquer».

Cette saison d'autres joueurs, comme le défenseur brésilien du Betis Séville Paulao ou le latéral franco-camerounais de Grenade Allan Nyom, ont déjà subi ce type d'insultes ou de comportements dans les stades espagnols.