Le Real Madrid, avec des doublés de Ramos et Ronaldo, a humilié le Bayern (4-0), mardi à Munich, pour glaner le premier billet pour la finale de Lisbonne et maintenir le rêve de triompher une 10e fois en Ligue des champions.

Coup de tonnerre à l'Allianz Arena! L'enfer promis par le patron du Bayern Karl Heinz Rummenigge, c'est finalement son tenant du titre qui l'a vécu, assommé par trois buts dès la première période pour concéder sa plus lourde défaite à domicile dans l'histoire de cette compétition.

Adieu l'espoir d'une 3e finale de rang et pour le coach Guardiola celui de réaliser, dès sa première saison en Bavière, le triplé (Championnat-Coupe-C1) réussi un an plus tôt par Jupp Heynckes...

Après quatre échecs de rang en demies, dont le dernier contre le Bayern en 2012, le Real a enfin décroché le sésame pour la finale. Et maintenu le rêve d'enrichir la vitrine de la «Maison Blanche» d'un 10e trophée, cette «decima» qui lui échappe depuis celui de 2002.

La veille, Carlo Ancelotti avait promis un match offensif, décidé à ne pas se reposer sur le but de Benzema inscrit au Bernabeu, et une entame de match moins timide qu'à l'aller.

Le coach madrilène a tenu sa promesse en alignant son trident «BBC», Bale, Benzema, buteur à l'aller, et Cristiano Ronaldo. Et ses joueurs ont répondu par un jeu agressif d'entrée, tuant tout suspense en guère plus d'une demi-heure par un doublé de Ramos et le 15e but de CR7 cette saison sur la scène européenne.

La tension était palpable dès le coup d'envoi entre deux formations décidées à se livrer corps et âme pour le billet en finale, à l'image de Ribéry qui se chauffait avec Pepe dès la 10e minute.

Le match basculait six minutes plus tard en faveur des Merengue !

Le navire bavarois prend l'eau

Sur un corner tiré par Modric de la droite, Ramos s'élevait au-dessus de la mêlée pour catapulter de la tête un missile qui trompait Neuer (16). Première douche froide dans l'arène qui devenait glaciale lorsque le défenseur doublait la mise quatre minutes plus tard!

Sur un coup franc de Di Maria, à l'angle droit de la surface, Pepe prolongeait de la tête pour celle de Ramos au second poteau (20).

Cette réussite insolente était récompensée d'un troisième but, cette fois par Ronaldo qui s'offrait enfin ce 15e but lui permettant de s'emparer seul du record en une saison de C1!

Sur une nouvelle contre-attaque, Benzema effaçait Dante et lançait Bale dans l'axe en pleine course. Le Gallois fixait Boateng et servait parfaitement l'international portugais à l'angle gauche de la surface qui trompait Neuer du pied droit (34).

Le navire bavarois avait pris l'eau. Et CR7 était tout près d'alourdir le score en tentant un lob depuis le milieu de terrain sur une sortie hasardeuse de Neuer, qui était tout heureux de voir le ballon rebondir devant son but et sortir juste au-dessus de la barre.

3-0, la mission était quasi-impossible. Le moral était sérieusement entamé et les Bavarois montraient d'ailleurs des signes d'énervement.

Certes, ils ont repris possession du ballon au retour du vestiaire. Mais ils ont tourné autour du pot sans quasiment jamais trouver la clé d'un système défensif aussi perméable qu'à l'aller.

Le Real était en pleine confiance et leur gardien Casillas faisait le petit nécessaire sur les rares tentatives de Ribéry (60) et Götze (76), entré en cours de jeu.

Ramos pouvait céder sa place la tête haute (75), histoire d'éviter un éventuel carton jaune qui le priverait de la finale de la seule grande compétition qu'il n'ait jamais remporté.

Et le dernier coup de poignard était porté par Ronaldo qui, sur un coup de franc de 25 m, glissait le ballon sous le mur laissant Neuer sans réaction (4-0, 90). Ce Real était trop fort !

C. Ronaldo entre dans la légende

Cristiano Ronaldo est entré mardi dans la légende de la Ligue des champions en devenant, grâce à un doublé, le premier joueur à inscrire 16 buts en une seule édition de la prestigieuse compétition.

«CR7» dépasse ainsi Lionel Messi (2011-12/Barcelone) et José Altafini «Mazzola» (1962-63/AC Milan), co-détenteurs d'une marque restée jusque là à 14 buts.

Le Portugais, à la finition d'un mouvement porté par Benzema et Bale, a d'abord marqué du pied droit son 15e but de la saison en C1 à la 34e minute (3-0 pour ce moment là pour le Real). Et il a encore trompé Neuer, le gardien des tenants du titre, le Bayern Munich, en toute fin de match sur un somptueux coup-franc (90e, 4-0).

Pourquoi pas, maintenant, viser le record d'un autre attaquant mythique de la «Maison blanche», Raul, meilleur buteur de l'histoire de la C1 avec 71 buts à partir de la phase de poules ?

Ronaldo n'en est pas loin avec 66 buts dans cette catégorie. Et dire que le Portugais a été blessé cette saison, absent au printemps trois semaines en raison de gênes persistantes au genou gauche puis d'une blessure à la cuisse gauche.

Sa participation à la demi-finale aller n'avait été confirmée que moins de deux heures avant le match mercredi dernier. Il n'avait pas marqué à Madrid à l'aller, mais au retour, il a trouvé la cible, deux fois.

Ce record témoigne en tout cas d'une saison faste pour l'attaquant de Madère, sur et en dehors des terrains.

Il a signé en septembre un nouveau contrat mirobolant avec le Real Madrid, a obtenu en janvier son deuxième Ballon d'Or après 2008, et il pointe actuellement en tête du classement des buteurs de la Liga (30 buts) et de la C1 (16 buts).

«L'important ? Gagner des titres»

Mais même si ces statistiques flattent l'ego du Portugais, elles resteront toujours accessoires par rapport aux trophées, comme il l'a expliqué en début de saison.

«Je crois que les records sont faits pour être battus. Mais ce n'est pas ma priorité parce que je crois que ces choses se font de manière naturelle. L'important sera de gagner des titres», a souligné Ronaldo mi-septembre, au moment de signer sa prolongation de contrat jusqu'en 2018.

Entrer dans la légende merengue, à ses yeux, passe davantage par le fait de garnir la galerie des trophées du Real, où une place est prête depuis 2002 pour la tant attendue «Decima», la dixième C1 de l'histoire du club.

La Ligue des champions, Ronaldo l'a déjà gagnée. C'était en 2008 et c'était sous le maillot de son précédent club, Manchester United. Or, depuis son arrivée à Madrid en 2009, il n'a pas dépassé le stade des demi-finales dans cette compétition.

Le défi est clair: pour faire taire ceux qui l'ont sifflé après le clasico perdu contre le FC Barcelone (4-3), «CR7» doit gagner la plus belle, la plus prestigieuse des compétitions de clubs.

«Je n'ai pas de doute qu'un jour ou l'autre nous gagnerons la Decima et, comme nous avons de grands joueurs, un grand entraîneur, je suis convaincu que ce sera cette année», a assuré Ronaldo mi-septembre.

Finalement, les records importent peu: seule compte cette promesse.