Le hasard du calendrier fait en sorte que l'Impact retrouve Andrew Wenger, trois semaines seulement après son échange à l'Union de Philadelphie en retour de Jack McInerney. Durant cette période, l'ex-Montréalais a rapidement ouvert son compteur tout en étant le joueur le plus utilisé par l'entraîneur John Hackworth (242 minutes). En conférence téléphonique, l'Américain a d'ailleurs avoué que son adaptation avait été rapide et qu'il s'était joint à un «bon groupe de joueurs talentueux».

Seul le temps dira s'il aura définitivement tiré un trait sur ses années montréalaises constituées de rares bons flashs, mais aussi de très nombreux moments de frustration. Au moins, le natif de la Pennsylvanie a fait une excellente première impression à Philadelphie en marquant dès son premier match, contre le Real Salt Lake. Surtout, il ne joue pas avec la même pression qu'à Montréal. «Le premier but lui a enlevé énormément de pression, explique le journaliste au site internet philly.com Jonathan Tannenwald. À Montréal, il y avait tellement d'attentes envers lui. Non seulement était-il dans l'ombre de [Marco] Di Vaio, mais il est aussi un premier choix de repêchage constamment comparé à Darren Mattocks.»

La direction montréalaise n'a jamais caché que Wenger serait probablement sorti de sa coquille plus vite s'il avait porté les couleurs d'une autre équipe. Le cadre de l'Union, sans un concurrent du calibre de Di Vaio, est donc moins étouffant pour le joueur de 24 ans. Wenger a principalement occupé le rôle d'unique pointe dans un 4-2-3-1 semblable à ce qu'il a connu à Montréal. Par ses caractéristiques et son gabarit plus imposant que celui de Jack McInerney, il présente un profil qui se marie davantage au style de jeu de l'Union.

Il lui reste maintenant à résoudre la plus grande partie de l'énigme: être plus incisif devant le but. Dans le temps additionnel du dernier match, Wenger, seul aux 5,5 m, a raté une occasion en or en expédiant sa volée dans les hauteurs du PPL Park. Après le match, il s'est excusé auprès de son nouvel entraîneur pour toutes les tentatives ratées. «Andrew, reste positif, lui a répondu Hackworth. Tu auras d'autres occasions et je suis absolument convaincu que tu vas en conclure quelques-unes.

«Le plus important est que le travail soit bon, qu'il se retrouve aux bons endroits et qu'il s'intègre parfaitement dans notre système de jeu. Je pense que l'on verra de belles chances de sa part dans l'avenir», a prédit son entraîneur, cette semaine.

Surprise à Philadelphie

L'arrivée de Wenger, qui a grandi à 90 km du domicile de l'Union, n'est pas passée inaperçue dans la ville de l'amour fraternel. Mais si Hackworth insiste sur la nécessité d'employer des joueurs locaux, le départ de JackMac a tout de même fait un certain bruit. «Le grand public a été surpris qu'il soit échangé, atteste Tannenwald. Il était le meilleur buteur de l'équipe et l'un des visages les plus connus. Mais ceux qui suivent l'équipe n'ont pas été contrariés puisque McInerney ne fonctionnait que dans un certain type de schéma et de services. D'où sa remarque sur sa préférence pour un 4-4-2 avec un vrai numéro 10 derrière lui.»

Il ne faut donc pas chercher plus loin pour trouver le principal match dans le match, cet après-midi. Autant Wenger que McInerney aimeraient certainement faire regretter à leur ancien employeur de les avoir échangés.

«Ce sont deux joueurs compétitifs et ils veulent bien faire pour leur équipe et pour eux-mêmes, confirme Frank Klopas. Mais je ne pense pas que ce soit un motif supplémentaire pour Jack qui veut être au meilleur de sa forme chaque fois qu'il se trouve sur le terrain.»

Une victoire pour le retour à la maison?

Trois matchs au Stade olympique plus tard, l'Impact retrouve finalement son pré du stade Saputo où il a présenté un dossier de 10-4-3 la saison dernière. Contre l'Union de Philadelphie, qui n'a également rien d'une machine à gagner, les Montréalais pourront-ils y inverser la fâcheuse tendance du début de saison? «On doit comprendre que c'est le moment d'en donner plus et de faire davantage d'effort, a résumé Marco Di Vaio sur l'importance du rendez-vous. Les choses n'arrivent pas comme ça.»

D'autres changements en défense?

Après avoir fait confiance au même quatuor défensif lors des trois premiers matchs, Frank Klopas a souvent changé la recette, en arrière, depuis un mois. En tout, il a aligné quatre défenses différentes et, signe de problèmes récurrents, a remplacé l'un de ses défenseurs à quatre reprises durant les matchs. Il s'agissait, très souvent, de changements poste pour poste. «Nous travaillons pour nous améliorer, et l'entraîneur a utilisé des joueurs différents en défense. Peut-être que ce sera moi sur le banc au prochain match, on ne sait pas. On doit se préparer à tout quand ça va mal», a jugé Matteo Ferrari.  L'Italien a d'ailleurs terminé le match contre Kansas City dans la peau d'un simple spectateur.

Un effet stade Saputo?

Depuis son entrée dans la MLS, l'Impact a remporté exactement 20 matchs à domicile. Le stade Saputo a été le théâtre de la grande majorité des victoires, même si la domination s'est largement estompée en deuxième moitié de saison 2013. Impossible de trouver un joueur montréalais qui n'est pas heureux de retrouver l'intimité du stade Saputo et sa pelouse naturelle. «Tous les joueurs sont excités car c'est un stade fantastique, mais c'est aussi une belle occasion pour nous, a insisté Klopas. On ne peut pas changer le passé, mais on peut influer sur ce qui se présente. Et tous les joueurs ont été impliqués, concentrés, mais également détendus, cette semaine. On ne va pas à la guerre où l'on risque nos vies.»

Impact-Union, prise 2

L'Union est le premier adversaire que l'Impact affronte pour la deuxième fois de la saison. Le 29 mars, il avait obtenu un match nul de 1 à 1 en Pennsylvanie grâce à un exploit individuel de Di Vaio, en fin de partie. «Ils ont des joueurs créatifs en [Cristian] Maidana et [Leo] Fernandes. C'est une bonne équipe avec de jeunes joueurs et beaucoup de rapidité dans les couloirs, a commenté Klopas. Mais comme je le dis souvent, il y a tellement de parité dans cette ligue, avec le plafond salarial, que chaque match sera difficile.» L'entraîneur américain a résumé les forces de l'Union en une phrase: outre un milieu physique et créatif, son adversaire peut faire mal depuis les couloirs ou sur phases arrêtées. Cinq de ses huit buts ont été marqués dans les deux derniers contextes.