Il est impossible d'atteindre l'objectif d'une carrière professionnelle sans l'appui d'une famille prête à faire de nombreux sacrifices et la rencontre de nombreux intervenants marquants. La trajectoire de Karl W. Ouimette, premier Académicien à avoir rejoint l'équipe première de l'Impact, illustre parfaitement cette situation. Le défenseur montréalais a ciblé quelques-unes des personnes qui lui ont permis de porter le maillot montréalais et d'être convoqué en sélection nationale.

Natalie Waskiewicz et Daniel Ouimette, parents

Ouimette l'avoue, ses parents ne connaissaient pas grand-chose au soccer quand il a commencé à taper sur un ballon rond. Son père, ingénieur, était plus du type hockey alors que sa mère, physiothérapeute, jouait à la balle molle. Par manque de formateur, ils ont tout de même entraîné leur enfant lors de sa première année de pratique. « Aujourd'hui, ils connaissent ça un peu mieux, explique le défenseur de 21 ans. Ils vont faire leurs commentaires quand on va voir un match ou que l'on regarde la Coupe du monde. Ils comprennent pas mal tout ce qui se passe. » Le plus grand dévouement a cependant été logistique. Pour assister à la très grande majorité des matchs ou conduire son fils aux entraînements, le couple Ouimette-Waskiewicz a dû avaler pas mal de kilomètres. « Avec l'Académie, nous avions cinq entraînements par semaine et je n'avais pas encore mon permis. C'est donc eux qui me conduisaient, se rappelle-t-il. Puis, ils essaient d'être là à chaque match, comme pour les Jeux du Canada [2009] où ils sont partis de Terrebonne pour aller jusqu'à l'Île-du-Prince-Édouard. »

Julie W. Ouimette, soeur

Malgré la maladie - une forme très rare de leucémie qu'elle combat depuis l'âge de 9 ans -, la soeur du numéro 34 a été toujours été un soutien au quotidien. Tandis que Julie devait se soumettre à de nombreuses transfusions sanguines et à trois greffes de moelle osseuse, Karl faisait son petit bonhomme de chemin sur les terrains de soccer. « C'est sûr que c'est difficile comme situation. Pendant que moi, je gagnais des championnats, elle devait faire des efforts pour rester en vie. Mes parents ont essayé de me le cacher pour que je puisse me concentrer sur mon soccer », se remémore-t-il.

Depuis plusieurs années, Julie est porte-parole de la collecte de sang du maire de Terrebonne (du 4 février au 30 mai). Son grand frère, de son côté, a accepté d'être le président d'honneur du Défi têtes rasées de Leucan pour la région de Terrebonne, en 2013. « Je suis fier de mon parcours professionnel mais, selon moi, la vraie championne dans ma famille, c'est ma soeur Julie », a-t-il souligné à l'époque.

Jean-Claude Duclos et Abdennour Amirouche, entraîneurs

Avant d'atterrir dans le système de l'Impact, Ouimette a notamment évolué au niveau AAA avec Lanaudière (U14 et U15) et Laval (U16). Il est aussi passé par le Centre national de haute performance. Du coup, il lui est difficile de ne trouver qu'un seul entraîneur marquant. Au fil des années, chacun a façonné le profil de Ouimette, qui a notamment changé de position. Il se replonge alors dans ses plus jeunes années, dans le AA. « Duclos m'a appris le côté technique, à bien tirer, à regarder partout et à mieux maîtriser le ballon. Amirouche, de son côté, m'a appris ma position de défenseur central alors que j'étais milieu de terrain auparavant. Il a vu quelque chose en moi et peut-être qu'il manquait aussi de joueurs à ce poste. Mais c'est à partir de là que tout a débloqué et que j'ai ensuite fait l'équipe du Québec et du Canada. » Aujourd'hui, Ouimette peut encore faire preuve de polyvalence en faisant la navette entre la défense centrale et le couloir droit.

Philippe Eullaffroy, ancien entraîneur avec l'Attak de Trois-Rivières et l'équipe des moins de 21 ans de l'Impact

« On peut se demander pourquoi l'équipe nationale, qui est en train de rajeunir, ne pourrait pas l'inviter. [...] Il mériterait que l'on s'intéresse lui », a dit Philippe Eullaffroy à La Presse, en janvier 2013. Cette affirmation du directeur de l'Académie est devenue réalité 10 mois plus tard lorsque Ouimette a obtenu sa première sélection contre la Slovénie. Eullaffroy a d'ailleurs joué un rôle crucial dans la formation de son ancien capitaine avec les moins de 21 ans. « C'est lui qui est au centre de tout, reconnaît Ouimette. Il a vraiment été un bon coach qui m'a ouvert les yeux sur plusieurs points. Il m'a aussi fait confiance dès le début avec l'Attak. »

Il suffit d'assister à un entraînement mené par Eullaffroy pour constater ses talents de pédagogue. Aussi, il n'hésite pas à hausser la voix pour se faire comprendre. « Quand il y a quelque chose qui n'allait pas, il le disait très vite. Si c'était une erreur de placement, il le faisait tranquillement. » Par contre, pas de demi-mesure sur l'attitude. « Mais j'ai toujours été à mon affaire et j'ai toujours fait ce qu'il fallait. Il ne m'a jamais fait de reproches », souligne Ouimette.

Hassoun Camara, Matteo Ferrari et Troy Perkins, coéquipiers

La saison 2013 a été celle des grandes premières pour Ouimette. Avant d'inscrire son premier but contre l'Union de Philadelphie, en octobre, il avait obtenu une première titularisation contre les Red Bulls de New York, le 23 mars. En défense, il pouvait compter sur le soutien de Matteo Ferrari, à sa gauche, et d'Hassoun Camara, à sa droite. Ce sont d'ailleurs les deux coéquipiers qu'il mentionne instantanément pour parler des trucs et des astuces reçus sur un terrain et dans le vestiaire. « Matteo parle beaucoup et il nous dit quoi faire. Hassoun vient aussi nous voir quand les moments sont plus difficiles. Il nous dit ce qu'on veut entendre. »

Ouimette enchaîne ensuite sur les gardiens de but montréalais. Autant Troy Perkins qu'Evan Bush sont reconnus pour être extrêmement vocaux durant le match. « Troy m'aide beaucoup et, à l'entraînement, il m'a un peu pris sous son aile. Il veut toujours faire en sorte que je pousse vers l'avant », confie-t-il.