L'accident mortel survenu hier sur le chantier de construction du stade de Sao Paulo a ravivé le débat sur la capacité du Brésil à accueillir l'an prochain la Coupe du monde de soccer. Que faut-il retenir de cette catastrophe?

Q: Que s'est-il passé hier?

R: Une structure métallique de 500 tonnes s'est effondrée lors de son montage, entraînant dans sa chute une grue et détruisant une partie des tribunes du côté est. La structure en question était le dernier morceau à monter de la couverture du stade. «Le morceau qui était le plus lourd», a témoigné un ouvrier du chantier. Il semblerait que la grue ait été emportée par le poids de la structure qu'elle était censée retenir. Le bilan de cet accident est de deux morts. Les travaux sur le chantier ont été interrompus pour le reste de la journée.

Q: Est-ce une première?

R: L'accident mortel d'hier est le troisième à survenir sur un chantier de construction de la prochaine Coupe du monde de soccer. En juin 2012, un ouvrier a fait une chute mortelle sur le chantier du stade de Brasilia, la capitale du pays. En mars, un autre ouvrier est décédé dans les mêmes circonstances à l'Arena da Amazonia, à Manaus, au coeur de l'Amazonie.

Q: Dans quel contexte est-ce arrivé?

R: Cet accident survient au moment où six des 12 stades qui doivent accueillir la Coupe du monde sont lancés dans une course contre la montre. Celui de Sao Paulo, lieu du drame, fait partie des chantiers en retard. C'est au stade de Sao Paulo, complété à 94%, que doit se tenir le match d'ouverture de la Coupe du monde, le 12 juin prochain. Ce stade de 70 000 places doit accueillir cinq autres matchs, dont ceux du Brésil et une demi-finale. Il devait être construit cette année pour la Coupe des Confédérations, tournoi préparatoire à la Coupe du monde. Des délais dans le financement des installations ont incité les autorités à y renoncer.

Q: Pourquoi la FIFA exige-t-elle une livraison en décembre?

R: En théorie, tous les stades doivent être livrés le 31 décembre au plus tard, date fixée par la Fédération internationale de football association (FIFA). La fédération veut disposer de six mois pour pouvoir effectuer tous les tests nécessaires avant le début de la compétition, le 12 juin. La FIFA a averti qu'elle n'accepterait pas des délais de construction semblables à ceux qui ont précédé la Coupe des Confédérations. Seulement deux stades ont été livrés à temps pour cette compétition de juin dernier.

Q: Pourquoi le Brésil est-il en retard?

R: Le Brésil a-t-il minimisé l'organisation de la Coupe du monde de soccer? Il a en tout cas accumulé les difficultés depuis sa désignation en 2007. Aux traditionnels dépassements des coûts et des délais de construction, sont venues se greffer des difficultés locales. La banque centrale brésilienne a débloqué l'argent tardivement, laissant des ouvriers dans l'attente de travailler. L'efficacité légendaire de l'administration a considérablement ralenti les chantiers. Les arrêts de travail et le mouvement de contestation sociale de cette année ont amplifié les retards déjà pris. Et dans certains stades, des erreurs de conception se sont fait jour. Par exemple, une petite partie du toit du stade de Salvador s'est effondrée en mai sous le poids de l'eau accumulée après des pluies. Conséquence, des centaines d'ouvriers travaillent jour et nuit pour achever à temps les travaux des stades. Il y a quelques jours, le stade de Cuiaba, dans l'ouest du pays, attendait sa pelouse, et tous les sièges n'étaient pas montés. Et on ne parle pas ici des infrastructures de transport.

- Avec l'AFP, AP et Bloomberg