Le stade de Sao Paulo, théâtre mercredi d'un spectaculaire accident dans lequel sont morts deux ouvriers, ne sera pas livré comme prévu à la date-butoir du 31 décembre, mais il ne devrait pas être écarté de la Coupe du monde de soccer de 2014, selon les organisateurs.

«Nous allons nous réunir pour évaluer les conséquences de cet accident, mais le stade ne va pas être exclu de la Coupe», a affirmé le chef du Comité organisateur local, Ricardo Trade, dans l'édition de jeudi du quotidien O Estado de Sao Paulo.

Le Corinthians Arena, plus connu localement sous le nom d'Itaquerao, doit accueillir six rencontres du Mondial, dont le match d'ouverture entre le Brésil et un adversaire qui sera connu après le tirage au sort des groupes, le 6 décembre.

Il devait être livré avant la date butoir du 31 décembre fixée par la Fédération internationale de football (FIFA), qui veut disposer des six mois suivants pour effectuer tous les tests nécessaires.

Selon la presse brésilienne, qui cite des sources anonymes, les travaux, avancés à 94% lors de la dernière évaluation le 13 novembre, pourraient prendre d'un à deux mois de retard.

«Il est encore impossible de faire une quelconque prévision pour le moment. Mais de toute manière, nous ne pouvons penser que, si les travaux sont retardés de trois mois, le stade ne sera pas retenu pour le Mondial», a également déclaré M. Trade au journal O'Globo.

La FIFA ne s'est pas encore prononcée. «La sécurité des ouvriers est la priorité absolue», avait-elle indiqué mercredi.

L'accident a été provoqué par la chute d'une grue, qui a emporté la dernière portion du toit du stade qu'elle était occupée à poser. Cette partie de 420 tonnes, qui gît brisée à l'extérieur du stade, a entraîné dans sa chute un écran géant.

La structure épargnée?

La structure du stade n'aurait toutefois pas été affectée, selon les premières évaluations d'architectes, d'ingénieurs et de la sécurité civile.

Des fonctionnaires du ministère du Travail et des représentants du Syndicat des ouvriers de la construction lourde effectuaient jeudi une inspection du stade, mais, en signe de deuil, le chantier a été totalement arrêté jusqu'à dimanche inclus.

Les travaux resteront ensuite interrompus à 30% pour une durée encore indéterminée, dans la zone du sinistre. Et ce jusqu'aux conclusions de l'enquête.

Le parquet de Sao Paulo avait assuré mercredi qu'il ne paralyserait la totalité du chantier «que si des éléments techniques en démontraient la nécessité».

José Roberto Bernasconi, président du Syndicat d'architecture et d'ingénierie du Brésil (Sinanenco), qui supervise les travaux du Mondial, estime qu'un retard est «certain».

«Une partie du stade, les tribunes est et sud, a été affectée par l'accident. Il va falloir retirer les décombres, les pièces touchées, la grue, la portion du toit détruite, faire place nette pour permettre une inspection pointilleuse qui dira si réellement la structure a été affectée ou non», explique-t-il à l'AFP.

«J'ai l'espoir que le match d'ouverture de la Coupe aura bien lieu à Sao Paulo. Mais à l'heure où je vous parle, c'est plus un acte de foi, et de confiance, qu'une conclusion à partir d'éléments objectifs», ajoute-t-il.

L'accident s'est produit alors que des milliers d'ouvriers se relaient jour et nuit pour livrer à temps les six stades toujours en travaux dans le pays.

En 2012, la FIFA avait déjà plusieurs fois rappelé à l'ordre les autorités sur les retards des stades de la Coupe des Confédérations, qui serviront également pour le Mondial.

«Ah si nous pouvions comme la France ou l'Allemagne faire les choses à temps, avec anticipation, soupire M. Bernasconi. Mais si Dieu le veut, nous ferons l'inauguration du Mondial à l'Itaquerao. Il reste du temps d'ici avril ou mai pour finir le stade. Malheureusement, ce genre d'accident arrive».