L'atmosphère dans le vestiaire de l'Impact était lourde comme une tonne de briques samedi soir à Toronto. L'équipe se rendait dans la ville Reine pour écrire une autre page de son histoire. Elle en est repartie avec une défaite et bien des questions.

Patrice Bernier, qui avait regardé le match des gradins, avait l'air déconfit en lançant le fameux «le sort n'est plus entre nos mains».  «Il y a de la frustration», a admis Hassoun Camara. Mais le plus cinglant était sans doute le gardien Troy Perkins: «Si on ne peut battre une équipe au fond du classement, on n'ira pas bien loin dans les séries.»

La déception était vive.

> Le sommaire du match



L'Impact avait besoin d'une victoire pour s'assurer de la troisième place au classement et d'une première participation aux séries. Mais les Montréalais se sont compliqué la vie en s'inclinant par la marque de 1-0 contre le Toronto FC.

L'équipe et ses joueurs doivent maintenant patienter pour connaître leur sort. Il sera scellé dimanche lors du dernier match de la saison de ses trois poursuivants.

Le onze montréalais arrivait à Toronto avec un scénario en tête: la jeune équipe allait arracher sa place en séries à sa deuxième année en MLS seulement, contre une équipe torontoise incapable de le faire pour une septième année d'affilée. Pour faire court, c'étaient les jeunes premiers contre les vétérans frustrés.

Mais les rôles ont semblé inversés dès les premières minutes. Le TFC, déjà éliminé des séries, a dominé la première demie de bout en bout. Il ne lui a fallu que 16 minutes pour marquer. Perkins ne pouvait rien devant la frappe de Robert Earnshaw, laissé seul devant le filet. C'était 1-0 Toronto.

Après une première moitié sans un seul tir cadré, l'Impact s'est ressaisi en deuxième. Le jeu des bleus trahissait l'urgence. À la 53e minute, Davy Arnaud a manqué une chance en or. Dix minutes plus tard, Marco Di Vaio envoyait le ballon au fond du filet torontois tout en tombant. L'arbitre a jugé qu'il y avait eu main.

Marco Schällibaum a brassé les cartes en envoyant dans la mêlée Collen Warner (pour Felipe Martins), Andrea Pisanu (pour Davy Arnaud) et Andrés Romero (pour Karl Ouimette). Sans succès.

Un absent nommé Nesta

«On était trop nerveux. On s'est compliqué la vie derrière», a commenté Marco Schällibaum. L'entraîneur admet que l'absence d'Alessandro Nesta, blessé, a nui à la défense montréalaise. «Oui, bien sûr, mais je ne peux pas pleurer toute la journée. On n'avait pas Alessandro... Karl (Ouimette) a bien fait la semaine passée, peut-être moins bien dimanche. Ce n'est pas facile. Il y a beaucoup de pression.»

Les joueurs de l'Impact et leurs supporteurs auront maintenant les yeux rivés sur les matchs du Fire de Chicago, du Revolution de la Nouvelle-Angleterre et du Dynamo de Houston, dimanche.

«C'est dur à accepter parce qu'on avait tout entre nos mains. Il faudra regarder les résultats demain», note Schällibaum.

Si les trois équipes sont défaites, l'Impact conservera le confortable 3e rang dans la conférence de l'Est. À défaut de finir 3e, l'Impact devrait jouer un match suicide (4e contre 5e) dès mercredi prochain pour atteindre les demi-finales de conférence. Si les trois l'emportent, les Montréalais seront en vacances.

«On avait à coeur de bien finir, de montrer qu'on pouvait pousser le plus loin possible et qu'on est une équipe de séries, se désole le défenseur latéral Hassoun Camara. C'est sûr que la dernière partie de saison a été délicate. Il y a de la frustration parce qu'on sait qu'on peut faire beaucoup mieux. Le match de ce soir nous laisse un goût amer.»

Saison à deux vitesses

Cette défaite marquait le point final d'une saison régulière à deux vitesses pour l'Impact. L'équipe a connu un départ canon. À la mi-saison et après 17 matchs, les Montréalais comptaient neuf victoires, quatre défaites et quatre matchs nuls (9-4-4).  La deuxième moitié du calendrier a été plus laborieuse (5-9-3).

L'Impact a par ailleurs été blanchi dans quatre de ses cinq derniers matchs.

Une victoire samedi aurait permis de racheter la fin de saison difficile. Elle aurait offert à l'équipe ses premières séries. «On doit maintenant attendre le dernier match de ce championnat et faire les calculs», explique Schällibaum.

L'entraîneur aurait préféré entrer dans la ronde finale par la grande porte, en marquant des buts plutôt qu'en faisant des maths. «Mais c'est ça le football», philosophe Schällibaum, qui en a vu d'autres.