La Juventus de Turin a touché plus de 90 millions $ pour sa participation à la dernière Ligue des Champions de l'UEFA et le Bayern Munich, vainqueur de la compétition, plus de 75 millions $. Combien touchera l'Impact de Montréal pour sa participation à la Ligue des Champions de la CONCACAF? Absolument rien.

Ce n'est pas une surprise : la version pour l'Amérique du Nord, Centrale et des Caraïbes du prestigieux tournoi européen n'a pas le même lustre, ni la même notoriété. Les réseaux internationaux ne font pas de la surenchère pour obtenir ses droits de télédiffusions et son rayonnement est plutôt local. Mais de là à ce que les clubs y participant ne touchent rien?

«Le tournoi appartient à la CONCACAF. Tout ce qu'on nous permet de garder est le produit de la vente de billets. La plupart de nos partenaires ne peuvent même pas être affichés et il n'y a surtout pas de redevances découlant des droits de télévision, a expliqué Richard Legendre, vice-président exécutif de l'Impact, lors d'en entretien avec La Presse Canadienne. Il y a à peine une allocation de dépenses (pour les déplacements de l'équipe).»

Si les grands clubs européens misent sur la Ligue des Champions pour rembourser les frais exorbitants encourus en raison des transferts de joueurs et de leur masse salariale, les 24 clubs qui participeront au tournoi de la CONCACAF ne peuvent compter que sur leurs recettes aux guichets.

«Pour nous, l'enjeu est purement sportif, a ajouté Legendre. On ne se fie pas sur la Ligue des Champions pour boucler notre budget. Mais on aimerait bien que les gens se déplacent pour ce grand événement. Le défi est de vendre le plus grand nombre de billets possible.»

Sur ce point, l'Impact travaille d'arrache-pied: au moment d'écrire ces lignes, encore plus de 10 000 billets n'avaient pas encore trouvé preneurs pour la rencontre de mercredi, face aux Earthquakes de San Jose, l'un des deux adversaires de l'Impact dans cette phase de groupe. L'autre est le C.D. Heredia, du Guatemala. Et Legendre avoue ne pas trop savoir à quoi attribuer ce manque d'engouement pour ces matchs internationaux.

«C'est certain qu'au départ, on ne part pas le compteur avec les 8000 billets de nos détenteurs d'abonnements saisonniers, car ces matchs ne sont pas compris dans leur forfait. Plusieurs s'en procurent et ils bénéficient d'un rabais substantiel, mais quand même, on part à zéro. On met tout en place pour faire de ces matchs un franc succès, en offrant notamment des rabais à ceux qui se procureront des billets pour les deux parties (du tournoi rotation).

«Il y a de l'intérêt, c'est sûr. Tout le monde est content de notre victoire en Championnat canadien. C'est juste que ça ne se traduit pas encore en vente de billets.»

L'Impact avait vécu le même phénomène à sa première participation en Ligue des Champions, en 2008-09, alors qu'il n'avait vendu qu'en moyenne 9000 pour ses trois premiers matchs dans le tournoi. C'est au moment des quarts de finale, face à Santos Laguna, que l'intérêt s'était réellement traduit en billets vendus, avec plus de 55 000 pour le match disputé au Stade olympique.

Qu'en retire donc l'Impact? Une carte de visite.

«Au niveau sportif, c'est super important. Les dirigeants de l'équipe de Monterrey, qui a remporté les trois dernières éditions de la compétition, nous disaient lors du tirage au sort des groupes que ç'a changé leur existence. De notre côté, notre participation en 2008 a rajouté toute une dimension à notre équipe. C'est après le match de 55 000 spectateurs que la Major League Soccer a vraiment porté davantage attention à Montréal. Indirectement, ç'a sûrement aidé à mousser notre candidature pour la MLS et notre recrutement à l'international.

«Qu'un club de deuxième division passe si près d'atteindre les demi-finales de cette compétition continentale, ç'a vraiment fait écarquiller les yeux sur la scène internationale. Même chez nous, plusieurs ont constaté que si on pouvait connaître du succès dans cette compétition, c'est parce qu'on avait un bon club. Alors c'est certain qu'on veut goûter de nouveau à ça.»

Après la visite des Earthquakes, le 7 août, l'Impact se rendra au Guatemala deux semaines plus tard. Le onze montréalais se rendra à San Jose le 17 septembre, tandis que les représentants du Guatemala seront à Montréal la semaine suivante. Les deux matchs locaux de cette première phase seront disputés au stade Saputo.

L'équipe qui terminera en tête de chacun des huit groupes passera ensuite en quarts de finale, qui seront joués en mars 2014.