L'ancien footballeur italien Stefano Borgonovo est mort jeudi, emporté par la SLA, sclérose latérale amyotrophique, appelée «maladie des footballeurs», car elle touche anormalement cette population sans explications médicales pour l'instant.

«Une maladie de merde», a dit l'ancien joueur Massimo Mauro, ami de Borgonovo. «Pauvre Stefano, tu as fini de souffrir», a ajouté Mauro, aujourd'hui commentateur sur la chaîne Sky, et qui a contribué à la naissance de la Fondation Borgonovo de lutte contre la SLA, avec la femme et les quatre enfants de l'ancien joueur, mort à l'âge de 49 ans.

Son calvaire avait ému toute l'Italie. Borgonovo était paralysé et ne respirait plus que grâce à une machine. Il communiquait par clignements d'yeux avec l'aide d'un ordinateur et d'un synthétiseur vocal traduisant ses signes.

Les joueurs de l'équipe d'Italie ont porté un brassard noir en hommage à Stefano Borgonovo jeudi soir en demi-finale de la Coupe des Confédérations contre l'Espagne, à Fortaleza (Brésil).

Sa mort a entraîné de nombreuses réactions dans le monde du football, sur le média social Twitter. «Ciao Stefano, héros», a écrit l'ex-N.10 Roberto Baggio, ami de Borgonovo. «Ta force est une leçon de vie pour tous, a dit Mario Balotelli, le buteur vedette de l'Italie. Tu seras toujours avec moi, avec nous. Adieu».

Le président de la Fédération internationale (Fifa), Joseph Blatter, s'est dit «très triste d'apprendre la mort de Stefano Borgonovo, un modèle de courage».

Maladie dégénérative mal connue, la SLA est également appelée maladie de Gehrig, du nom d'un joueur de base-ball décédé à 37 ans en 1941. Elle présente une anomalie statistique inexpliquée par la médecine à ce jour. Cette pathologie très rare touche beaucoup plus les anciens footballeurs en Italie.

«Je rechausserais les crampons»

Selon une étude conduite par le Pr. Adriano Chio à Turin, sur un échantillon de 7325 joueurs en activité entre 1970 et 2006, huit cas de SLA ont été recensés, un chiffre supérieur à six fois la moyenne de la population. Il n'existe aucun chiffre officiel sur cette maladie qui serait à l'origine de la mort de 39 joueurs au total depuis 1973, selon les chiffres de la Gazzetta dello sport.

Adriano Lombardi, ex-capitaine de l'Avellino, est décédé de la SLA en 2007, et Gianluca Signorini, capitaine du Genoa au début des années 1990, en est mort en 2002.

Aucune étude n'a encore pu fournir d'explication décisive. Le dopage fait partie des hypothèses, mais d'autres sportifs ne sont pas autant touchés que les footballeurs par la SLA, qui paralyse peu à peu tous les muscles.

Borgonovo, qui appelait la SLA «la conne», ne croyait pas le «calcio» coupable. «Je crois à une malformation génétique. Si je pouvais revenir en arrière, je rechausserais les crampons», expliquait-il en 2008 à la Gazzetta dello sport, où il écrivait quelques chroniques.

Ex-attaquant notamment de l'AC Milan et de la Fiorentina, Stefano Borgonovo avait révélé publiquement sa maladie en septembre 2008.

Avant la maladie, il s'était fait connaître du monde entier sous le maillot de l'AC Milan en étant décisif en demi-finales de la Coupe des clubs champions (ex-Ligue des champions) contre le Bayern Munich. Une faute sur lui à l'aller avait rapporté le penalty de la victoire (1-0), et au retour il avait réussi d'un lob d'anthologie le but de la qualification, en prolongation (2-1 a.p.). Le Milan avait été champion d'Europe, Borgonovo, remplaçant, avait 26 ans.