La suggestion faite par la Fédération de soccer du Québec aux jeunes sikhs de pratiquer le sport dans leur cour arrière a été prise au pied de la lettre par Aneel Smara.

Mais ce n'est pas le terrain de jeu idéal, tant s'en faut.

La cour du jeune homme, située dans un arrondissement de Montréal, ne fait qu'une dizaine de mètres carrés et est recouverte de pierres, à l'exception des plates-bandes de fleurs. Le balcon qui donne sur la cour limite, lui aussi, son jeu.

L'adolescent, qui porte le turban, affirme qu'il espère encore qu'une solution sera trouvée pour remédier à la décision de la FSQ d'exclure les jeunes sikhs pratiquants des terrains de soccer de la province.

Aneel Smara est l'un des 100 à 200 jeunes joueurs de soccer sikhs du Québec qui ne pourront plus pratiquer leur sport amateur, en raison de la réglementation de la fédération.

Interrogée lors d'un point de presse sur ce qu'elle dirait à un enfant ne pouvant jouer au soccer en raison de son turban, la directrice générale de la FSQ, Brigitte Frot, avait répondu qu'elle lui conseillerait de pratiquer le sport dans sa cour arrière.

L'adolescent, âgé de 18 ans, s'est dit sceptique quant aux raisons de maintenir un interdit d'un an quant au port de turbans, patkas et keskis, et ce, sans preuve qu'ils puissent représenter un risque pour la sécurité. Quant à ceux qui affirment que les sikhs n'ont qu'à retirer leur turban pendant le match, Aneel Smara rétorque qu'ils ne comprennent pas véritablement ses croyances religieuses.

Les sikhs pratiquants recouvrent leurs cheveux en tout temps, et M. Smara soutient que le risque serait d'autant plus grand si les sikhs jouaient sans turban, en raison de la longueur de leur chevelure.

L'adolescent n'avait joué qu'à quelques reprises dans une ligue de garage en 2012, mais il ne s'est pas donné la peine de s'inscrire pour la prochaine année après avoir entendu parler de la controverse.

Aneel Smara a raconté que son père avait reçu un appel téléphonique de soutien de la part du chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, mercredi matin, pour discuter de l'affaire. La famille ne cache pas son adhérence au PLC. Le jeune homme a précisé qu'il avait aussi puisé un soutien dans la réaction du gouvernement fédéral.

Les principaux partis fédéraux ont exprimé de la frustration par rapport à cet interdit du FSQ, alors que les formations politiques de la province se sont faites plus discrètes.

«Maintenant que l'affaire s'est rendue jusqu'au Parlement et que plusieurs responsables se sont prononcés, je suis plutôt certain que la situation changera bientôt», a mentionné Aneel Smara.