Le mode d'attribution de la Coupe du monde de football a été changé vendredi par la FIFA à l'Île Maurice, passant d'un vote réservé jusque-là au comité exécutif (collège restreint de votants) au vote du Congrès entier (209 fédérations), dans une volonté de démocratisation.

Ce changement de mode d'attribution d'un Mondial n'est pas une surprise. Le président en exercice de la Fifa Joseph Blatter en avait fait adopter le principe par le Congrès de Zurich en 2011. Il revenait au Congrès de l'Île Maurice de l'inscrire dans les statuts, ce qui a été fait avec 198 votes pour et 2 contre (207 votants autorisés sur les 209 membres).

Ce changement découle des critiques soulevées par les Mondiaux attribués à la Russie pour 2018 et au Qatar pour 2022.

Blatter, dès le Congrès de Zurich en 2011, avait admis que le système était imparfait, soulignant notamment l'erreur d'attribuer deux Coupes du monde (2018 et 2022) en même temps.

FIFA: Lydia Nsekera, première femme élue au comité exécutif

La Burundaise Lydia Nsekera est devenue la première femme dans l'histoire élue pour quatre ans au comité exécutif (gouvernement du football mondial) de la FIFA, vendredi lors du Congrès de l'Île Maurice, tandis que deux autres femmes y ont été cooptées pour un an.

Moya Dodd (Australie) et Sonia Bien-Aime (Turks-et-Caïcos) ont elles été cooptées pour un an.

L'an dernier, au Congrès de Budapest, Lydia Nsekera, déjà, avait été la première femme à entrer au «comex», mais en étant seulement cooptée pour un an.

C'est donc une première historique qui a eu lieu à l'Ile Maurice avec cette élection d'une femme dans l'organe décisionnaire de la FIFA pour un mandat de quatre ans.

C'est aussi la première fois que trois femmes y entrent en même temps, alors qu'il n'y en avait encore aucune il y a deux ans. C'est un pas de plus vers la parité à la FIFA même s'il reste du chemin (24 membres dans le «comex»).

«Une femme avait été cooptée l'an dernier pour un an au comité exécutif et cette année, une femme a rejoint officiellement le comité exécutif en étant élue, avec deux autres cooptées. Il nous a fallu 109 ans pour en arriver là», a commenté le président de la FIFA, Joseph Blatter.

Blatter a ensuite loué le «courage» de la FIFA pour ouvrir son gouvernement aux femmes, contrairement à «l'UEFA». «L'UEFA avait quatre sièges à renouveler maintenant, ils auraient pu mettre des femmes, ils n'ont pas le courage. Ils ont mis des hommes, des bons, certes, mais nous, nous ouvrons aux femmes», a-t-il réagi.

Blatter: «Nous avons surmonté des tempêtes»

«Nous avons surmonté des tempêtes, nous arrivons à bon port» a indiqué vendredi le président de la FIFA, Joseph Blatter, filant la métaphore sur les réformes enclenchées depuis la crise morale de 2011, en ouverture des sessions de travail du Congrès de l'Île Maurice.

«Nous avons traversé des temps difficiles, ce fut un test pour le monde du football et ses dirigeants, et, en tant que votre capitaine, je dis que nous avons surmonté des tempêtes», a-t-il déclaré à la tribune.

«Nous en sommes sortis plus forts, nous pouvons regarder l'horizon, dans des eaux calmes et transparentes, comme celles de l'Île Maurice, et nous arrivons à bon port», a ajouté le dirigeant suisse.

La crise morale de 2011 avait notamment débouché sur la radiation à vie de l'ex-boss de la Confédération asiatique Mohamed Bin Hammam après une affaire d'achats de voix dans la présidentielle FIFA.

Domenico Scala, président du comité d'audit et de conformité de la FIFA (un des nouveaux organes de surveillance) avait rappelé mercredi devant la presse à l'Île Maurice «qu'un tiers du comité exécutif (gouvernement du foot) de la FIFA a changé en 18 mois», signe patent d'une volonté d'agir.

Blatter a part ailleurs désigné vendredi deux ennemis du foot à combattre, en érigeant des «défenses».

Le dirigeant a d'abord dénoncé «racisme, haine, ignorance, discrimination, intolérance». «Nous devons répondre: zéro tolérance. Le foot peut montrer la voie», a-t-il souligné.

Le Congrès de l'Île Maurice a d'ailleurs adopté une résolution durcissant les sanctions en cas de racisme.

«Pour une récidive ou une infraction grave, la déduction de points, l'exclusion d'une compétition ou la relégation devraient être prononcées», mentionne notamment cette résolution.

Blatter a ensuite évoqué «la manipulation (matches truqués): il n'y a pas de plus grande menace pour notre jeu. Car l'essence du jeu c'est l'incertitude du résultat. Nous avons besoin d'aide, des autorités publiques».

Gouvernance: Pieth regrette le report de l'âge limite

Mark Pieth, président du comité de gouvernance indépendant, a regretté, vendredi au Congrès de la FIFA à l'Île Maurice, le report des questions de l'âge limite et de la durée des mandats au prochain Congrès de 2014 à Sao Paulo.

«Malheureusement, les limites d'âge et de durée des mandats ne pourront être examinées à l'Île Maurice, a indiqué Pieth. Ce ne sont pas les réformes les plus fondamentales, mais cela risque de lancer un message symbolique (négatif, ndlr)», a d'abord déploré Pieth.

Le président du comité de gouvernance indépendant (un des nouveaux organes destinés à aider les réformes après la crise morale de 2011) a toutefois admis que «beaucoup a été fait» vu la «complexité de l'institution», la FIFA, qu'il a comparé à un «super-tanker».

Pieth a également insisté sur une nécessaire «transparence des rémunérations des hauts dignitaires à la FIFA». «Je demanderai aux dirigeants de faire preuve de courage en la matière», a-t-il insisté.

«Soyons courageux, nous n'avons rien à cacher, nous avons le droit d'être correctement rémunérés comme cela peut se faire ailleurs», a également renchéri sur le sujet Theo Zwanziger, membre du comité exécutif de la FIFA et président du comité dé réflexion sur la révision des statuts.

«Nous sommes plutôt au début qu'à la fin du processus de réformes. Nous avons un signal clair à donner: amener les réformes à la vitesse supérieure», a conclu pour sa part Pieth.

L'UEFA avait également déploré, jeudi par la voix de son président Michel Platini, le report à 2014 des questions sur la limite d'âge et la durée des mandats.

Le président de la FIFA, Joseph Blatter, 77 ans, est en revanche opposé à la limite d'âge. Après avoir redit de vive voix cette semaine à l'Île Maurice qu'il apparentait cette limite d'âge à de la «discrimination», il est revenu sur le sujet à la tribune du Congrès à l'Île Maurice en avançant un autre argumentaire.

«Pour moi, si nous devons introduire de telles limites, (elles devront) se refléter dans toute la communauté du football: Nous ne pouvons pas avoir une règle pour l'un et une différente pour d'autres, car ce serait un mauvais message à envoyer au monde», a ainsi déclaré Blatter vendredi.