Un match Québec-Provence, ça vous dit? Ou un Québec-Tibet? Ce scénario n'est pas une plaisanterie. Il relève plutôt d'un sérieux projet visant à créer une équipe nationale du Québec, capable de rivaliser sur la scène internationale avec les autres nations «non fédérées» par la Fédération internationale de football (FIFA).

«Le Québec est déjà représenté sur la scène culturelle internationale, que ce soit par ses cinéastes, ses musiciens, ses artistes. Maintenant, il pourrait l'être aussi sur la scène sportive avec une équipe de soccer», lance l'instigateur du projet, Yannick St-Germain.

Depuis 2006, la VIVA World Cup organise en parallèle de la FIFA une Coupe du monde de soccer des laissés-pour-compte. Y participent les peuples non souverains qui le désirent. Les champions en titre sont les Kurdes, qui ont défait en finale Chypre du Nord en juin 2012 (2-1, pour la petite histoire).

Yannick St-Germain a tenté de créer une équipe québécoise dès 2012, mais le projet a avorté. Cette fois, en prévision de la prochaine Coupe du monde, qui doit avoir lieu en 2014 en Laponie suédoise, il pense pouvoir y arriver.

Il est à boucler le financement, puis s'attaquera à trouver l'effectif. «C'est un projet intéressant pour des joueurs semi-pros ou professionnels qui veulent se faire valoir, dit-il. On a aussi parlé à des anciens de l'Impact, à Ali Gerba, à Patrick Leduc. Plusieurs joueurs se montrent intéressés.»

Patrick Leduc confirme d'ailleurs faire partie du projet. On l'aurait même considéré pour prendre les rênes de l'équipe. «Je n'ai pas assez de temps pour rassembler l'équipe et en devenir l'entraîneur, explique celui qu'on peut désormais entendre sur les ondes de RDS et lire dans les pages de La Presse. Mais je suis intéressé à assister l'entraîneur et à jouer des matchs. Même si je suis un peu rouillé depuis ma retraite...

«Je suis vraiment emballé par ce projet et sans dire que c'est réglé, je pense qu'on avance», ajoute Leduc.

Objectif Marseille

Les choses vont maintenant se précipiter pour l'équipe québécoise. Afin de se préparer pour 2014, elle aimerait participer le mois prochain à un tournoi à Marseille. Ce sera l'occasion de se mesurer à d'autres équipes «non FIFA», comme le Tibet et la Provence.

«On devrait savoir dès cette semaine si on a le financement nécessaire pour Marseille, note Yannick St-Germain, qui a déjà amassé 27 000 $ auprès de ministres québécois. Il reste environ 5000 $ à trouver et on a bon espoir d'y arriver.»

Après le financement et l'effectif, restera à régler la question de l'hymne national. L'équipe pourrait emprunter la chanson Gens du pays, composée par Gilles Vigneault en 1975. «On ne veut pas créer de controverse, alors peut-être qu'on fera impasse sur un hymne national ou qu'on prendra Gens du pays», note M. St-Germain.

Le but de la VIVA World Cup est de rassembler des peuples et des cultures qui brillent la plupart du temps par leur absence sur la scène internationale. Une fois sur le terrain, toutefois, l'objectif reste de gagner.

«Bien sûr, on aimerait l'emporter en 2014, voir le Québec devenir champion du monde non fédéré, dit Yannick St-Germain. Mais ce sera une première, alors il ne faut pas être trop ambitieux. Juste d'être là, en Laponie, serait pour nous une victoire.»