Résultats minables en coupes d'Europe, stades désertés et misère de grands joueurs: le championnat d'Italie ne cesse de reculer dans la hiérarchie et doit revoir son modèle d'affaires.

L'Italie ne prend que le quart. Pas un seul demi-finaliste européen en trois saisons. La Ligue des champions 2010 de l'Inter Milan de José Mourinho a masqué la réalité: le «calcio» est en déclin, et a chuté au 4e rang européen.

La Serie A n'a plus que trois représentants en Ligue des champions, doublée par l'Allemagne. Et avec la finale 100 % Bundesliga (Bayern Munich-Borussia Dortmund) qui s'annonce, l'indice UEFA, calculé sur les cinq dernières saisons, n'est pas près de s'inverser.

Ces trois dernières saisons, l'Italie n'a eu qu'un quart de finaliste par C1. En 2011, l'Inter a été corrigé justement par un club allemand, Schalke 04 (5-2/2-1).

L'an dernier l'AC Milan fut dompté par Barcelone (0-0/3-1) et cette saison la Juventus Turin a touché ses limites au plus haut niveau en étant impuissante contre... le Bayern (2-0/2-0), encore un Allemand.

En Europa League, l'Italie n'a produit qu'un seul quart de finaliste sur la même période, la Lazio Rome cette saison, écartée par Fenerbahçe (2-0/1-1). Et dire que de 1989 à 1999 la Serie A avait remporté huit des 11 C3 en jeu!

«Et en 1992 on a atteint la finale avec le Torino avec une équipe qui ne pouvait pas remporter le +scudetto+, note le gardien Luca Marchegiani, aujourd'hui consultant sur Sky Sport. C'était une autre époque...» Le Toro avait perdu contre l'Ajax Amsterdam aux buts marqués à l'extérieur (2-2/0-0).

Fuite des cerveaux

La première raison est l'argent, dans un sport où les budgets des gros clubs sont à huit zéros. «On ne peut pas penser que cet été arrivera un joueur à 30-40 millions d'euros», dit Antonio Conte. L'entraîneur de la Juventus, double championne, aimerait pourtant renforcer son excellent collectif par un tueur de surface.

Mais la Juve ne peut pas courtiser le gratin, Carlos Tevez a l'air de préférer l'AS Monaco, nouveau promu en France, mais riche de la fortune d'un milliardaire russe. La «Vieille Dame» peine même à attirer un autre Argentin, Gonzalo Higuain, qui n'est pas du calibre de Radamel Falcao.

L'an dernier l'AC Milan a vendu ses deux grandes vedettes à un club plus riche, Zlatan Ibrahimovic et Thiago Silva, partis au Paris SG. Et Naples se fait à l'idée de laisser partir l'Uruguayen Edinson Cavani, 104 buts en trois saisons.

C'est la fuite des cerveaux. Si le Matador part, il ne restera qu'une vedette en Italie, Mario Balotelli (AC Milan), revenu dans des circonstances particulières, parce qu'on ne voulait plus vraiment de lui en Angleterre.

Les vedettes, l'Italie les fabrique, à l'image d'Arturo Vidal et du Français Paul Pogba, déclarés «intransférables» par Conte, mais ne peut plus se les acheter.

Financièrement les clubs ont pris trop de retard sur leurs rivaux européens. Les stades sont vétustes, et mal remplis, car la politique sécuritaire complique la vie du quidam qui veut un billet, quand les clubs anglais vendent les leurs en deux clics sur Internet.

Les autorités du calcio ne jurent que par de nouveaux stades, notamment pour briser cette règle de la propriété municipale qui empêche de gérer cet outil comme il l'entendent. Seule la Juve a franchi le pas. Mais sera-ce suffisant pour rejoindre les chiffres d'affaires des géants anglais, espagnols et allemands?

Heureusement la sélection brille encore. Elle s'envole mi-juin pour la Coupe des Confédérations. Et elle au moins a battu l'Allemagne, en demi-finale de l'Euro-2012 (2-1).