Voitures vandalisées, vitrines fracassées, journalistes attaqués: c'est dans une ambiance électrique que les partisans du Paris-Saint-Germain (PSG) - et plusieurs casseurs - ont souligné la victoire de leur club, lundi soir. Une fête qui s'est finalement transformée en véritable fiasco.

Des milliers de personnes s'étaient donné rendez-vous à 18h30 à la place Trocadéro, tout près de la tour Eiffel, pour assister à la remise du trophée de Champion de France de Ligue 1. La veille, le PSG avait décroché son premier titre en 19 ans en battant Lyon, 1-0.

Malgré l'importante présence policière, les festivités ont vite dégénéré. Plusieurs bombes fumigènes et pétards ont été lancés avant même l'arrivée des joueurs du PSG. «Un type a reçu le pétard en plein visage», a hurlé un jeune partisan avant de se mettre à courir vers une bouche de métro, vite suivi par plusieurs dizaines de personnes.

Les joueurs du PSG sont arrivés vers 19h30 à la place du Trocadéro, déjà envahie par un épais nuage de fumée. Ils ont récolté leur trophée avant de repartir moins de 10 minutes plus tard en raison des nombreux débordements.

Divers projectiles, dont des bouteilles et des boulons, ont été lancés sur l'estrade. Au moins une équipe de journalistes a aussi été attaquée, et on pouvait voir plusieurs blessés dans la foule.

Pendant que les émeutiers envahissaient les rues environnantes - dont les célèbres Champs-Élysées - en milieu de soirée, l'organisation du PSG a confirmé que la fête était bel et bien un désastre. Le «défilé» des joueurs, qui était prévu à 22h dans une péniche sur la Seine, a été annulé pour des raisons de sécurité.

Au moment de mettre sous presse, la police parisienne rapportait au moins 21 arrestations et 16 blessés, selon Agence France-Presse. Plusieurs critiques dénonçaient déjà, lundi soir, le lieu choisi pour tenir cette fête, ainsi que la désorganisation des forces policières, qui ont dû recourir aux gaz lacrymogènes pour disperser les émeutiers.

Pas une surprise

Cette effusion de violence ne surprend pas du tout Clément Lacord, journaliste à France Football. «Quand on connaît l'histoire du PSG, c'est un club qui, il y a encore deux ans, était gangrené par des fans qui ne sont pas là pour le sport», a-t-il souligné à La Presse.

Même si les «ultra» ont été bannis des matchs du PSG au cours des dernières années, leur présence se fait toujours sentir dans l'entourage du club. Plusieurs d'entre eux étaient d'ailleurs bien visibles lundi soir au coeur de la foule, banderoles à l'appui.

Clément Lacord rappelle l'incident survenu en plein centre-ville de Lille en avril 2012, alors qu'une bataille à coup de chaises a éclaté entre des partisans du PSG et du LOSC, l'équipe locale. «Ça a quand même dégénéré plusieurs fois depuis dix ans, et il y a quand même eu deux morts ces dernières années.»

Partisans satisfaits

Malgré les dérapages, une majorité de partisans réunis lundi soir au Trocadéro étaient là pour saluer de façon pacifique la victoire de leur club. «Ça faisait 19 ans qu'on attendait ça; j'avais 9 ans la dernière fois qu'ils ont remporté un titre», s'est réjoui Julien Imbeau, qui observait toute la scène avec circonspection.

«Avec l'arrivée des Qataris, qui ont investi beaucoup d'argent dans le club, on s'est bâti une véritable équipe de stars», a pour sa part souligné Rudy Kebey, un fan de longue date.

La question des millions injectés par le nouveau propriétaire du PSG - le fonds Qatar Sports Investments - est revenue dans la bouche de plusieurs partisans. «Quand on a les moyens des plus grands clubs d'Angleterre, on ne peut pas se permettre de ne pas monter sur la première marche du podium», a ainsi fait valoir Auster Lund, venue de la banlieue parisienne pour assister à la fête.