Le FC Barcelone, qui a conquis mercredi son 22e titre de champion d'Espagne à quatre journées de la fin de la Liga, a conscience que ce titre ne saurait tout à fait cacher sa «panne» sur la scène européenne, une défaillance qu'il souhaite effacer dès l'année prochaine.

Mais quel visage aura le club catalan lors de la saison 2013-2014?

Une fin de cycle?

Les changements qui vont avoir lieu cet été dépendent d'abord d'un diagnostic : le Barça est-il oui ou non en fin de cycle? À en croire le club et ses dirigeants, cette expression est hors de propos.

«Il faut se souvenir que nous nous sommes qualifiés pour notre 6e demi-finale (NDLR: de C1) en 6 ans. Je ne crois donc pas qu'il y ait un changement de cycle», a fait savoir l'entraîneur Tito Vilanova récemment.

Certains indices laissent tout de même entrevoir une lassitude: les blessures à répétition, la Messi-dépendance qui a atteint cette saison des sommets sans précédent, et un jeu dont certains adversaires -comme le Bayern en C1 ou le Real en Liga- paraissent avoir pris la mesure.

S'il ne s'agit pas de changer un système de jeu qui a fait ses preuves dans toutes les catégories d'âge, des jeunes jusqu'à l'équipe première, peut-être faut-il penser à redonner aux joueurs les moyens de l'appliquer (fraîcheur physique, banc plus profond).

Changements ciblés plus qu'un chamboulement

Sur ce point, Vilanova, qui s'est dit prêt à continuer la saison prochaine après avoir récupéré d'un cancer, a été très clair: «Cette équipe n'a pas besoin de grands changements (...) Nous avons une base solide, des joueurs jeunes. Ce que nous allons faire, c'est seulement nous renforcer».

Le Barça continuera donc -et à juste titre- de faire confiance à son noyau dur: Piqué, Alves et Alba dans ses lignes arrière, Iniesta et Xavi, auteurs d'une saison pleine au milieu, et Messi comme buteur magique devant.

Par ailleurs, les Blaugrana sont aussi limités par le critère financier: avec l'objectif de réduire la dette du club (334 millions d'euros) avant de songer à la construction d'un nouveau stade ou à la rénovation du Camp Nou, les Catalans ne veulent pas non plus faire d'excès.

Deux priorités: un buteur, un défenseur

Malgré les contraintes économiques, il semble presque sûr que les Catalans feront un gros effort sur deux postes: un buteur et un défenseur central.

Troisième défense seulement de Liga (derrière l'Atletico et le Real Madrid), les lignes arrières ont sans doute été le gros point faible cette saison. Pour accompagner Gerard Piqué ou un Javier Mascherano qui devrait bientôt être rétabli de sa rupture d'un ligament au genou, les options du Barça s'appelleraient Mats Hummels, international au Borussia Dortmund, ou Thiago Silva, la sentinelle brésilienne du PSG. Avec un faible de Vilanova pour ce dernier.

Devant, pour donner du répit à un Messi qui a inscrit à lui seul 40% des buts de son équipe, le nom qui revient le plus souvent est Neymar. Les contacts avec la perle brésilienne de Santos sont déjà bien avancés (un à-compte de 10 millions d'euros aurait été versé), mais le Barça pourrait se faire doubler par d'autres prétendants.

Les possibles départs

Il est probable que les Catalans financent ces arrivées par des ventes de joueurs. Le cas le plus évident est celui de Victor Valdes, le gardien «made in Barça» qui a d'ores et déjà exprimé sa volonté de quitter le club à la fin de son contrat en juin 2014.

Pour ne pas s'exposer au risque de le voir partir «gratis», les Blaugrana devraient logiquement s'en séparer cet été, même si les options de remplacement restent dans le doute (Guaita, Diego Alves, De Gea).

Enfin, il n'est pas impossible de voir partir à l'intersaison des éléments comme David Villa ou Alexis Sanchez, dont l'apport offensif a déçu cette année.

FC Barcelone: Vilanova-Roura, les héritiers

Confronté à la lourde tâche de succéder à Guardiola à la tête du Barça, l'entraîneur Tito Vilanova a rempli sa mission en remportant un premier titre sans son ancien mentor, dans une année extrêmement difficile pour lui, où il a dû surmonter une rechute de son cancer.

Dans cette entreprise, il a été aidé par son adjoint Jordi Roura, inconnu jusque-là du grand public, qui a assuré l'intérim de manière sobre et efficace lorsque Vilanova a dû s'absenter pour deux mois, afin de subir un traitement à New York.

Homme de confiance de Guardiola, avec lequel il avait remporté 14 titres entre 2008 et 2012 -un record-, Vilanova est resté fidèle aux préceptes de jeu qu'il avait lui-même développés avec «Pep».

Ainsi, sous sa férule puis sous celle de Roura, peu de choses ont vraiment changé dans la manière de jouer des Catalans.

Le système de défense à trois popularisé par Guardiola au cours de sa dernière année a certes été abandonné par le tandem Vilanova-Roura. Et en début de saison, Iniesta a été repositionné comme ailier plutôt que comme milieu, pour un résultat peu probant.

Mais pour le reste, tout est resté à l'identique: «Tito» a perpétué l'idée d'un jeu en passes courtes et redoublées, dans une équipe tournant inlassablement autour d'un centre de gravité nommé Lionel Messi. Et si ce dispositif n'a permis de décrocher que la Liga et pas la Ligue des champions, la faute en revient sans doute à une défense flottante et à une forme de lassitude physique, des maux qui transparaissaient déjà lors de la dernière année du règne Guardiola.

Un Barça de combat

Mais l'apport de Vilanova à l'équipe a aussi été involontaire. Victime d'une rechute d'un cancer à la glande salivaire dont il avait déjà été opéré en novembre 2011, cet homme de 44 ans, lui-même ancien milieu des Blaugrana, a donné à son Barça un visage de combat.

«Peut-être qu'en comparaison de ce que j'ai traversé, entraîner le Barça sera un jeu d'enfant», avait-il annoncé à sa prise de fonctions en juillet 2012. La phrase, à la lueur de sa rechute en décembre, n'en a acquis que plus de poids.

Éloigné de son équipe de la mi-janvier à la mi-mars, «Tito» a trouvé en Roura un remplaçant solide, qui a à tout moment su chasser la sensation qu'il n'y avait plus de pilote à bord.

Encore plus soudé par cet épisode, le duo continuera de présider aux destinées du Barça la saison prochaine et même davantage, les dirigeants catalans ayant fait part de leur volonté de prolonger le contrat de Vilanova jusqu'en juin 2015.

La mission du technicien natif de Bellcaire d'Emporda serait cette fois de relancer un Barça qui semble à la recherche d'un second souffle, comme l'ont démontré les deux gifles reçues en demi-finale aller et retour de la C1 (4-0; 3-0) contre le Bayern Munich.

Cerise sur le gâteau, la saison prochaine offrira peut-être le spectacle d'une lutte fratricide, «Tito» pouvant désormais croiser le chemin de «Pep», qui aura pris les commandes de l'équipe bavaroise.