Championne d'Italie au terme d'un exercice 2011-2012 qu'elle a terminé invaincue, la Juventus de Turin a vu certaines de ses certitudes s'estomper cet été avec la suspension de son entraîneur, impliqué dans le scandale «Calcioscommesse», et un «mercato» en demi-teinte.

La saison passée, la Juventus a retrouvé un titre qui lui échappait depuis 2003. Le Scudetto, remporté avec 23 victoires, 15 matchs nuls et aucune défaite, a replacé les Bianconeri parmi les grands d'Europe.

Au-delà des performances éblouissantes de l'international italien Andrea Pirlo, ou des parades du gardien Gianluigi Buffon revenu à son meilleur niveau, tout le monde a reconnu en l'entraîneur, Antonio Conte, le véritable maître d'oeuvre du titre turinois.

Marcello Lippi, entraîneur champion du monde avec l'Italie en 2006 et champion d'Italie à cinq reprises avec la Juventus, n'y est pas allé par quatre chemins: «Conte a été le meilleur de tous». Andrea Pirlo n'a pas été moins élogieux: «D'un point de vue tactique et didactique, Conte est même plus fort qu'Ancelotti ou Lippi».

Seulement voilà, Antonio Conte ne pourra pas s'asseoir sur le banc de touche cette saison. Accusé du délit de non-dénonciation dans le scandale des paris truqués pour des faits remontant à la saison 2010-2011, alors qu'il entraînait l'équipe de Sienne en Serie B, le +Mister+ a écopé d'une suspension de dix mois.

En outre, l'adjoint de Conte, Angelo Alessio, a lui aussi été suspendu six mois pour les mêmes raisons. La Juventus sera donc guidée par Massimo Carrera.

Victoire en Supercoupe

Cet ancien défenseur, passé par la Juventus et l'Atalanta Bergame, sera jeté dans le grand bain sans aucune d'expérience. Depuis 2009, il entraînait les jeunes de la Juventus. Pas forcément les meilleures conditions pour défendre un titre et disputer la prestigieuse Ligue des Champions.

De plus, le club n'a guère renforcé son effectif lors du mercato estival, en vue des joutes européennes.

Même si elle un des rares clubs italiens à faire le plein d'abonnés et qu'elle table à terme sur les retombées de son nouveau stade inauguré l'an dernier la Juve n'a pas eu les moyens d'attirer le buteur néerlandais d'Arsenal Robin van Persie. Il a signé pour 30 millions d'euros à Manchester United, bien plus performant ces dernières saisons au niveau continental.

Seules arrivées notables: le retour de Sebastian Giovinco, formé au club, mais prêté ces dernières saisons, et la venue en provenance de Manchester United, de Paul Pogba, jeune milieu de terrain français né en 1993, sur les tablettes de plusieurs grands d'Europe.

Ce faible recrutement n'a pas empêché les Turinois de gagner la Supercoupe d'Italie contre Naples (4-2) le 11 août, signe qu'il faudra encore compter sur eux cette saison.

Massimo Carrera a déjà indiqué qu'il ne serait que le prolongement des idées de Conte, lequel pourra sans doute diriger les séances d'entraînement et continuer ainsi à insuffler la rage de vaincre qui caractérisait son équipe l'an passé.

Et malgré la blessure de Gianluigi Buffon, absent lors de la première journée contre Parme, samedi, le défenseur international italien, Andrea Barzagli, a prévenu les adversaires: «nous sommes prêts».

Matchs truqués: l'un des juges se comporte «comme un partisan», dit Conte

«Il y a un juge qui m'en veut comme un partisan» a déclaré jeudi lors d'une conférence de presse l'entraîneur de la Juventus, Antonio Conte, au lendemain de la suspension de dix mois que lui a infligée la Commission disciplinaire de la fédération italienne de football.

«Je suis devenu le spot publicitaire de ce scandale», a également déclaré Antonio Conte, visiblement furieux et très remonté contre la justice sportive. «Cette affaire est absurde, je peux le dire maintenant», a répété à deux reprises celui qui, comme entraîneur, a fait gagner à la Juve le championnat italien la saison passée.

«Cela fait sept mois que l'on associe mon nom à cette affaire, c'est diffamatoire», s'est défendu l'ancien défenseur. «Je n'ai jamais parié, mes joueurs savent qui je suis», a-t-il poursuivi, en soulignant avoir «toujours respecté les règles».

Conte était accusé d'avoir omis de dénoncer aux autorités des combines sur deux matches lors de la saison 2010-2011 (Novare-Sienne et AlbinoLeffe-Sienne). À l'époque des faits, Antonio Conte était l'entraîneur de Sienne, en deuxième division italienne.

Au terme d'une procédure d'appel, la Cour de justice fédérale (instance sportive) a estimé que l'accusation portant sur le match Novare-Sienne du 1er mai 2011 n'avait pas lieu d'être. Or, il s'agissait là de l'accusation la plus lourde. Toutefois, la durée de la suspension n'a pas été abaissée.

«Je me suis alors dit que la peine allait descendre. Et bien, même pas. C'est absurde», a déploré M Conte.

M. Conte a prévu de faire appel de sa suspension devant l'instance suprême du sport italien, le Tribunal national arbitral du sport (TNAS) du Comité olympique national (CONI).