La sonnerie de la mi-saison a retenti depuis un certain temps pour l'Impact, qui présente, après 20 matchs, un carnet de notes de 6 victoires, 11 défaites et 3 verdicts nuls. Si les élèves sont scrutés et jugés semaine après semaine, voici venu le temps d'évaluer celui qui coordonne leurs actions, le professeur Jesse Marsch.

ÉVALUATEURS

Patrick Leduc, ancien joueur de l'Impact et analyste pour La Presse et RDS

Pat Raimondo, entraîneur de l'équipe masculine des Carabins de l'Université de Montréal et détenteur d'une licence UEFA de niveau A

Christian Schaekels, ancien joueur, concepteur de l'outil statistique visiondujeu.com et analyste pour diverses chaînes de télévision

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Respect de l'identité: NEUTRE =

Dès son entrée en scène, Marsch a énoncé deux principes: être un adversaire coriace et devenir une équipe qui sait jouer au ballon. A-t-il tenu ses promesses?

«Il avait une intention de poser le jeu et d'être dans la lignée venez voir du soccer à Montréal parce qu'il y aura du spectacle. Après, il a vu que la réalité était autre chose avec des joueurs venus de plusieurs équipes», lance Schaekels. Ce dernier lie également les problèmes de construction à la génération de Marsch, 38 ans, qui a davantage appris à défendre qu'à faire le jeu.

Il y a néanmoins une évolution intéressante dans le jeu montréalais avec le passage du 4-4-2 au 4-2-3-1.

«Au niveau du style, l'Impact s'est longtemps cherché en jouant beaucoup de longs ballons sur Bernardo Corradi. Avec trois milieux axiaux, c'est une équipe qui essaie de jouer», juge Leduc, qui estime donc que Marsch a tenu ses promesses.

Raimondo reconnaît également la valeur ajoutée du changement tactique ainsi que la difficulté d'affronter l'équipe à domicile.

L'Impact, diminué par les blessures, affiche par contre la pire défense de la MLS au cours des dernières semaines. «Encaisser 36 buts est un signe inquiétant», constate Raimondo, qui montre du doigt la faiblesse de l'équipe sur coups de pied arrêtés et l'inefficacité de Donovan Ricketts. «Est-ce le manque d'expérience de certains joueurs ou un manque de connaissance de leur rôle?»

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Changements: FAIBLE -

Voilà le gros point faible de Marsch, selon nos évaluateurs. Ses changements ont rarement eu l'effet escompté, allant même jusqu'à déstabiliser ses propres joueurs. Plus tôt dans la saison, Marsch avait même fait un mea-culpa à ce sujet. «La plupart du temps, cela déséquilibre l'équipe, et les joueurs n'ont pas l'air de toujours savoir où se repositionner», explique Leduc. Les récents matchs contre Chivas USA et Toronto en témoignent.

«Il ne modifie les choses que très rarement. Il l'a fait contre le Fire de Chicago, où il a rééquilibré l'équipe. Pour le reste, à aucun moment n'a-t-il su remettre de l'équilibre dans son système», renchérit Schaekels.

Raimondo rappelle cependant que cet aspect est le plus difficile pour un entraîneur recrue. La préparation du match et les ajustements en cours de rencontre sont deux qualités très différentes.

«Il n'a pas souvent réussi, mais il est en train d'apprendre sa profession dans le feu de l'action après avoir été un adjoint», souligne l'entraîneur des Carabins.

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Gestion de l'effectif: NEUTRE =

Aujourd'hui, un entraîneur doit se mettre dans la peau d'un psychologue avec la tâche de gérer les ego d'une vingtaine de joueurs. Si le cas Patrice Bernier a retenu l'attention en début d'année, Marsch a-t-il bien géré le temps de jeu de ses hommes?

«Il a fait jouer pas mal de monde, notamment en défense, et a écarté Tyson Wahl ou Josh Gardner. Certains, comme Sinisa Ubiparipovic, n'ont pas joué autant qu'ils l'auraient mérité, alors qu'il a été patient avec Lamar Neagle», selon Leduc.

Sur le plan de la gestion humaine, nos évaluateurs divergent d'opinion sur la mainmise de Marsch sur son groupe.

«Lorsque j'écoute ses joueurs après les matchs, ils ont le même discours que Marsch. Tout le monde est avec lui, surtout qu'il prend la responsabilité du jeu et des résultats. Il ne montre pas les joueurs du doigt», estime Raimondo.

Schaekels croit, au contraire, que certaines réactions - les énervements à répétition de Davy Arnaud, par exemple - traduisent un mal-être et qu'il a parfois eu la gâchette facile.

«Quand tu joues un mauvais match, il te met sur le banc comme Ricketts - qui était peut-être fatigué et blessé - ou Bernier en début de saison. Il a changé tout le monde. Ne pas mettre les choses en continuité pour permettre aux joueurs d'acquérir une confiance est le signe d'une impuissance.»

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Communication:
EXCELLENT +

Marsch ne commence jamais ses points de presse sans lancer un petit mot ou une petite phrase en français. À l'aise devant les caméras et les micros, il a, très tôt dans la saison, donné sa première entrevue dans la langue de Molière. Même lors de rencontres individuelles avec la presse écrite, Marsch se veut une personne sympathique et très disponible. Il a rapidement saisi le particularisme du marché montréalais et, comme les entraîneurs modernes, maîtrise parfaitement l'exercice médiatique.

«Il faut le féliciter, car il a fait des efforts, indique Leduc. Cela est assez planifié même si cela peut avoir l'air spontané. On peut penser à la vidéo sur ses cours de français qui vont certainement plus aider le club que lui nuire.»

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Les attentes pour l'avenir

Les attentes étaient peu nombreuses en début de camp d'entraînement, mais Marsch a maintenant des joueurs de classe internationale à sa disposition. Pour Leduc, c'est d'ailleurs un des aspects importants de sa deuxième moitié de saison. «Il devra améliorer sa gestion pendant le match et essayer d'impliquer plus de joueurs. Il devra aussi montrer une flexibilité tactique avec Alessandro Nesta qui s'est joint au club.»

Selon Raimondo, Marsch devrait revenir à la base: une équipe d'expansion n'a aucun espoir d'atteindre les séries sans une défense hermétique. Les blessures n'ont certes pas aidé, mais les dernières semaines ont été catastrophiques.

«L'Impact ne peut pas encaisser trois buts par match, parce qu'aucun club d'expansion, dans la MLS, ne peut en marquer trois. La priorité doit être là, même si le jeu va être un peu plus laid.»

Schaekels estime finalement que Marsch n'est pas «au point physiquement et psychologiquement avec son groupe», puisque l'équipe, qu'il souhaitait physique, est la plus pénalisée et la plus perméable en fin de match. Il devra aussi mieux s'adapter à ses adversaires.

«Il doit contrer ses adversaires plus facilement. Chaque équipe a une qualité offensive et il faut la bloquer, ce qui est assez facile.»