L'Allemagne et l'Espagne ont quelque chose en plus, a estimé Michel Platini, président de l'UEFA, dans un entretien exclusif à l'AFP, axé sur le volet purement sportif de l'Euro-2012 (8 juin-1er juillet) et la hiérarchie des favoris attendus.

Qui voyez-vous comme favoris à l'Euro-2012?

«Pour les favoris, je fais toujours la différence entre ceux qui peuvent gagner et ceux qui sont difficiles à battre. Je mets donc l'Allemagne et l'Espagne dans la première catégorie et après pratiquement tous les autres, car jouer le Danemark, le Portugal, l'Italie, la France, ce sera compliqué, il ne faut pas oublier que la Grèce a gagné en 2004».

Qu'est-ce qui peut faire la différence?

«L'Espagne a une grande expérience, l'Allemagne est un peu plus jeune, elle a faim. L'Espagne voudra conserver son titre avec une formidable génération. On va voir des matches extraordinaires avec ces équipes qui ont fait des sans-faute dans les qualifications, des joueurs qui ont montré qu'ils sont costauds. Mais ce n'est pas pour autant qu'ils ont déjà gagné».

Sur quoi peut-on se fier?

«On se fie un peu aux compétitions, aux qualifications, à la dernière Coupe du monde. L'Allemagne a fait une belle impression, elle était tombée sur une bonne équipe d'Espagne pour perdre en demi-finale de la dernière Coupe du monde. Il faut bien dire que ces deux équipes ont quelque chose en plus».

Et les Pays-Bas, finalistes de la dernière Coupe du monde?

«Je les mets tout de suite derrière (les deux favoris)... Mais à un moment ou un autre, il faut franchir le pas».

Pensez-vous que le départ de Capello a perturbé l'Angleterre?

«Le Danemark, ils ne savaient pas qu'ils allaient venir en 1992 et ils ont gagné l'Euro cette année-là. C'est très aléatoire le foot, c'est difficile de savoir les choses, c'est pour ça que c'est passionnant».

Et la suspension de Rooney?

«Je pense que l'absence de Rooney pour les deux premiers matches de l'Angleterre, c'est plus handicapant que le départ de Capello. Rooney, c'est un des meilleurs joueurs du monde».

Que pensez-vous de l'équipe de France?

«Elle a été intéressante contre l'Allemagne en amical le 29 février (victoire 2-1), ça m'a très agréablement surpris. C'est une équipe qui n'est pas la favorite, à elle de montrer ses talents. Le 29 février, il y avait quelque chose, il y avait une idée, le match en Allemagne a été intéressant, c'était mieux que pendant les qualifications. Laurent Blanc a mis une équipe qui jouait. En tant que partisan de l'équipe de France, c'était comme un déclic, quelque chose qui te laisse espérer du positif. Il y avait une belle image sympa. Battre l'Allemagne, quel plaisir. Je devais y aller, à ce match, mais je n'ai pas pu, quel dommage».

Quel regard avez-vous sur les deux pays hôtes?

«On se doit d'être neutre, nous les organisateurs. Quand l'équipe locale est présente longtemps dans le tournoi, il y a une meilleure atmosphère, une plus grande ferveur, c'est vrai, c'est un constat. Mais c'est une compétition, que le meilleur gagne».

Vous détenez toujours le record de 9 buts marqués dans un Euro...

«Ce serait bien de le garder après cette phase finale là, car après l'Euro passera à des matches de plus, avec 24 équipes: ce n'est plus du jeu (rires). Mais c'est beau que le président de l'UEFA soit le meilleur buteur, c'est rare. Ah, si j'avais pu être en forme pendant cet Euro-1984 (rires)!»

Propos recueillis par Philippe Grélard