Deux semaines après avoir limogé le légendaire Kenny Dalglish, Liverpool s'en est remis à un entraîneur presque inconnu, Brendan Rodgers, pour tenter de recoller au peloton de tête du football anglais. Cet Irlandais du Nord âgé de 39 ans s'est fait remarquer ces deux dernières saisons à la tête du modeste club gallois de Swansea, qu'il a fait monter en Premier League puis maintenu dans l'élite grâce à un jeu de passes très séduisant.

Officiellement, Rodgers, un «jeune entraîneur très talentueux et stimulant» selon le président Tom Werner, a été choisi pour sa philosophie offensive. Mais sa promotion à la tête de ce qui fut l'un des plus grands clubs d'Europe illustre peut-être aussi l'incapacité des «Reds» à attirer désormais les personnalités les plus prestigieuses.

Ainsi, les noms des Néerlandais Frank De Boer et Louis van Gaal, de l'Allemand Jürgen Klopp et même de l'Italien Fabio Capello ont-ils circulé dans la presse, mais il semble que l'affaire se soit finalement jouée entre Rodgers et l'Espagnol Roberto Martinez, un autre jeune entraîneur, qui reste finalement à Wigan.

«Brendan était notre premier choix», a affirmé Werner.

Il n'est pas impossible non plus que Liverpool ait opté pour une solution moins coûteuse, après les grosses dépenses consenties par le consortium américain Fenway Sports Groups depuis le rachat du club en octobre 2010.

«Une bénédiction»

Dalglish a ainsi disposé d'une enveloppe de plus de 100 millions de livres (124 millions d'euros) avec laquelle il a recruté des joueurs comme Andy Carroll, Luis Suarez, Charlie Adam ou encore Jordan Henderson. Mais le club de la Mersey n'en a pas moins terminé qu'à la huitième place du Championnat d'Angleterre, sa plus mauvaise depuis dix-huit ans, avec son plus faible total de points en plus de cinquante ans.

Le club à l'immense palmarès, dix-huit fois champion d'Angleterre et cinq fois d'Europe, a été relégué à 37 points du premier, Manchester City, et à 18 de la qualification en Ligue des champions, son objectif de l'année après deux ans d'absence. La victoire dans la Coupe de la Ligue, premier trophée remporté depuis 2006, et la place de finaliste en Coupe d'Angleterre, n'ont pas pesé lourd face à ce déclassement.

Rodgers, troisième entraîneur à poser ses valises à Anfield en moins de deux ans après Roy Hodgson et Kenny Dalglish, devra au mimimum inverser la tendance, à défaut de viser immédiatement le 19e titre de champion que les partisans d'Anfield Road attendent depuis 22 ans.

«C'est une bénédiction pour moi d'obtenir une telle chance», a déclaré l'Irlandais du Nord, qui a été privé d'une carrière de joueur par une blessure précoce.

«Nous ne sommes peut-être pas encore prêts pour le titre, mais le processus commence maintenant. C'est un nouveau cycle», a dit Rodgers, qui avait fait ses classes d'entraîneur à Chelsea sous José Mourinho, avant de s'occuper de Watford et de Reading en deuxième division anglaise.