Contre les Red Bulls de New York, à la fin du mois de mars, Patrice Bernier a réussi 58 de ses 64 passes. La semaine précédente à Columbus, son coéquipier Justin Braun a perdu la possession du ballon à 15 reprises.

Bien que facilement perceptibles, les performances antagonistes des deux hommes n'auraient jamais été aussi détaillées et appuyées par de telles statistiques, il y a deux ans seulement. La firme Opta Sports a changé cette réalité en compilant des centaines de données pendant chaque rencontre de la MLS. Les statistiques sur les passes, les dribles ou encore la position moyenne des joueurs en possession du ballon sont ainsi dévoilées au grand public dès le coup de sifflet final.

Installée dans les bureaux de mlssoccer.com, à quelques pas de la 5e Avenue, à New York, la société anglaise compte sur une armée d'analystes pour mener sa tâche à bien. Chaque match, ils sont quatre pour recenser et archiver de 1500 à 2000 événements.

Deux d'entre eux sont chargés de suivre le match en s'occupant chacun d'une équipe. Leur écran d'ordinateur est séparé en deux: la formation d'un côté et la vidéo du match de l'autre, superposée sur un terrain de soccer virtuel. Grâce aux touches numériques du clavier et à des clics de souris, ils peuvent rapidement établir l'identité du joueur en possession du ballon, ainsi que sa position. Le plus gros du travail consiste à compiler les passes et les duels, dont les tacles et les batailles aériennes.

Étant donné l'instantanéité du travail à accomplir, les analystes doivent non seulement faire preuve d'une grande dextérité, mais également connaître l'équipe sur le bout des doigts. Chaque analyste, dont la formation s'échelonne sur une période de quatre à six semaines, s'occupe d'ailleurs de la même équipe durant toute la saison.

«Nous nous attendons à ce que l'analyste devienne un expert de l'équipe en connaissant les couleurs des chaussures de chacun ou même les coupes de cheveux, comme celle de Brek Shea», illustre l'analyste Oren Pollak.

L'exactitude des chiffres

Si la communication est nécessaire entre les deux hommes, il est également primordial d'avoir le soutien d'une troisième personne pour s'assurer notamment de l'exactitude des chiffres.

«Les chiffres, comme le nombre d'arrêts d'un gardien et les tirs cadrés de l'équipe adverse, doivent s'équilibrer, explique le président d'Opta USA, James Dennis. Si cela n'est pas égal, nous devons savoir pourquoi. Il peut y avoir une raison valable, mais sinon, on doit comprendre ce qui s'est passé.»

Avec l'aide d'un moniteur, ce superviseur peut également revoir certaines portions du match. C'est le cas de chaque but, tandis que l'analyste doit rapidement détailler la séquence. Dans une nouvelle fenêtre, il indique alors les noms du marqueur, du passeur individuel et la physionomie du but: a-t-il été inscrit du pied droit, du pied gauche, de la tête?

Parce qu'une caméra de télévision limite le champ d'analyse, certains jeux ne peuvent être recensés sans l'aide d'une quatrième personne plus près de l'action.

«Nous avons aussi une quatrième personne présente au stade et qui est connectée par Messenger, indique Dennis. Il est notre quatrième paire d'yeux qui peut nous faire part de tous les événements, comme les remplacements ou cartons, qui se passent hors caméra ou durant les ralentis.»

Quelques minutes après la fin du match, les statistiques sont mises en ligne sur le site officiel de la MLS. Le travail d'Opta se poursuit néanmoins puisque les 90 minutes seront de nouveau passées au crible afin de s'assurer de la précision de toutes les données.