Plus jeune, Nick De Santis assistait parfois aux matchs du Manic avec l'un de ses meilleurs amis, qui était également le président des Ultras. Il ne pouvait guère soupçonner qu'il deviendrait joueur, entraîneur, puis directeur sportif d'un club fondé en 1993 par la famille Saputo. Ni qu'il occuperait, près de deux décennies plus tard, un rôle central dans le passage de la deuxième division à la MLS.

Comme d'autres figures emblématiques, l'ancien milieu de terrain a connu les hauts et les bas de l'Impact. En 2001, le retrait de la société Ionian a par exemple obligé les joueurs à accepter d'importantes concessions financières. Inutile de dire que la MLS n'était pas dans les esprits à ce moment-là. Et pourtant, quelques années plus tôt...

«En 1996, il y avait la possibilité d'y entrer, mais Joey (Saputo) et sa famille ont pris une bonne décision en attendant de voir dans quelle direction la MLS irait», explique De Santis.

Il a ensuite fallu patienter 14 longues années et 2 championnats avant que le commissaire, Don Garber, fasse l'annonce officielle de l'entrée montréalaise dans la ligue. Une foule de souvenirs s'est bousculée dans l'esprit de De Santis cette journée-là, même si l'ampleur de la tâche l'a rapidement ramené à la réalité. Premier geste qu'a fait l'homme de 45 ans? S'entourer de personnes avec une bonne expérience de la ligue.

«Une des premières signatures a été Matt Jordan, car je savais qu'il était important d'avoir quelqu'un sur qui me fier et qui connaît bien la MLS. Matt est quelqu'un de motivé et de dévoué envers le club. Tout de suite après, nous avons fait une liste d'entraîneurs.»

De l'avis de De Santis, c'est ce processus qui s'est avéré le plus fastidieux. Avec initialement 20 noms en tête, l'état-major montréalais a enchaîné les voyages et les entrevues - une douzaine - pour trouver un entraîneur qui partagerait sa vision.

Le 10 août 2011, un homme s'est finalement présenté devant la presse montréalaise: Jesse Marsch, ancien milieu de terrain de DC United, du Fire de Chicago et de Chivas USA. Retraité depuis 2009, le natif de Racine, au Wisconsin, n'avait pourtant pas le CV le plus étoffé.

«Il n'a pas d'expérience, mais il a gagné des championnats, rappelle De Santis. Il a du charme, une bonne personnalité et il est un bon communicateur, ce qui sont des atouts présents chez tous les meilleurs entraîneurs du monde.»

Une page blanche

Avec Marsch à bord, l'Impact a alors été aux prises avec le syndrome de la page blanche. De l'effectif de la NASL, une infime partie présentait le profil pour évoluer à l'échelon supérieur. La majorité des joueurs ont plutôt été dénichés par l'entremise des différents repêchages, des transactions ou de transferts. Le fil conducteur de ce recrutement a été suivi à la lettre dans tous les cas.

«Nous voulions des joueurs avec de la fierté et un esprit de compétition; des joueurs qui veulent s'entraîner fort chaque jour afin de devenir meilleurs. Jesse a été comme cela, moi aussi, Matt aussi, Mauro (Biello) aussi. J'espère que cela va transparaître dans l'équipe.»

Une première réponse sera donnée demain contre les Whitecaps de Vancouver, même si tout ne sera pas parfait, ajoute-t-il. «Bâtir une équipe avec des joueurs de différents horizons et créer une fierté de porter ce maillot prend du temps. On comprend cela, mais c'est sûr aussi que l'on veut avoir du succès.»

Dans tout ce puzzle entrepris il y a près de deux ans, un morceau important manque toujours. Les partisans montréalais rêvent d'un grand joueur qui ferait contrepoids aux Beckham, Henry et autres vedettes présentes dans la MLS. De Santis comprend ce désir qui doit devenir réalité cet été, tel que promis à plusieurs reprises par Joey Saputo.

«Le marché montréalais s'attend à un niveau supérieur. Pendant 18 ans, les partisans ont vu l'Impact jouer à un bon calibre, mais ils s'attendent à voir des joueurs encore meilleurs. On a cette responsabilité et on travaille très fort pour trouver un ou deux joueurs désignés», conclut De Santis.