Des milliers de supporteurs zambiens en extase ont accueilli lundi l'équipe nationale à l'aéroport de Lusaka, au lendemain de la première victoire des «Chipolopolo» dans une Coupe d'Afrique des nations, contre la Côte d'Ivoire (0-0, 8 t.a.b. à 7) à Libreville.

Malgré la chaleur écrasante, une foule gigantesque avait commencé à se masser dès 6 heures du matin pour être certaine de ne pas manquer le retour des joueurs et de la Coupe.

L'avion des Chipolopolo («Boulets de cuivre») s'est finalement posé vers 15h locales.

«Les gars méritent nos louanges», s'enthousiasmait Anthony Kabwe, tandis que près de lui, Catherine Mbao était aux anges parce qu'elle avait vu de ses yeux la Coupe d'Afrique: «J'ai vu le trophée, jusqu'ici, je ne l'avais vu qu'à la télé».

À la sortie de l'aéroport, les joueurs ont pris un autobus qui s'est frayé un chemin parmi la foule drapée dans les couleurs nationales de la Zambie, chantant inlassablement des airs à la gloire des vainqueurs, couverts par le bourdonnement des vuvuzelas.

La police avait été massivement déployée pour éviter des incidents comme ceux qui avaient fait 11 morts lors des célébrations des matches précédents.

Elle a eu fort à faire pour contenir la foule en délire lorsque les joueurs, costume bleu et cravate rouge, se sont enfin présentés pour saluer, soulever le trophée un à un et le faire admirer. Pour des raisons de sécurité, ils se sont éclipsés rapidement sous bonne escorte, laissant les supporteurs sur leur faim.

«C'est mal organisé», grommelait Barbara Zulu, frustrée que les héros du jour, noyés dans une foule de 200 000 personnes, n'aient pas pu dire un mot.

«Nous avons un nouveau gouvernement, et les choses commencent à bouger dans le bon sens», clamait Angela Chanda, assimilant dans une même euphorie la victoire des footballeurs zambiens à celle de l'opposant Michael Sata à la présidentielle en septembre, qui a ouvert une nouvelle ère politique pour le pays.

L'esprit des morts de 1993

«Mon héros, c'est Mweene, c'est lui qui nous a fait gagner», continuait Angela, louant les exploits du gardien de but de la sélection qui, non content d'avoir préservé sa cage vierge durant tout le match, a ensuite marqué lui-même un tir au but avant d'arrêter le tir d'un Ivoirien.

Les supporteurs attribuaient la victoire à l'esprit des victimes d'une catastrophe aérienne qui avait anéanti l'équipe nationale en 1993.

«Depuis le coup d'envoi, je savais que la Zambie allait gagner, parce que c'est l'endroit où reposent nos pères, au Gabon», avait lancé Michael Mwale, qui avait suivi la rencontre dans un bar de la capitale Lusaka.

En 1993, un appareil transportant l'équipe nationale s'était écrasé au Gabon, pays hôte de cette CAN-2012. Dans la semaine précédent la finale, les joueurs avaient rendu un hommage ému à leurs prédécesseurs, cherchant dans ce souvenir une source d'inspiration.

Une chanson composée à la hâte, en langue locale, faisait un tabac parmi les supporteurs: «Nos larmes pour l'équipe qui a péri au Gabon doivent maintenant être adoucies par la victoire de la Zambie.»

Des milliers de Zambiens s'étaient rendus lundi, avant le retour de l'équipe, sur les tombes des 18 joueurs morts en 1993, pour prier près des stèles érigées près du stade de l'Indépendance de Lusaka, aujourd'hui désaffecté après sa fermeture pour raisons de sécurité.

«Ces hommes ont engagé le combat que nous avons gagné cette année après des années d'efforts sans relâche», commentait Amon Banda, un supporteur venu se recueillir.

«Les héros morts nous ont aidés pour en arriver là, et maintenant ils peuvent reposer en paix», a ajouté une autre, Brenda Mwale.