La Fédération internationale du football (FIFA) et le gouvernement brésilien sont à couteaux tirés relativement au non-respect d'engagements pris par l'ex-président Lula da Silva pour la tenue de la Coupe du monde de soccer en 2014.

Au coeur du litige se trouve la «Loi du Mondial» que le Congrès brésilien tarde à adopter et qui permettrait la réalisation des exigences de la FIFA pour la tenue de l'événement.

Cerveja por favor!

L'une de ces exigences est l'autorisation de vendre de la bière dans les stades brésiliens durant les matchs, tout en garantissant l'exclusivité au géant Budweiser, un des principaux commanditaires de la FIFA.

Certains élus du gouvernement de coalition de Dilma Rousseff, avec en tête la ministre de la Santé, ne sont pas chauds à l'idée de ramener le houblon dans l'enceinte des stades.

La vente de bière a été bannie en 2003 pour mettre un terme aux bagarres entre partisans intoxiqués.

De passage au Brésil la semaine dernière, le secrétaire général de la FIFA, Jérôme Valcke, s'est montré intransigeant sur la question de la vente de bière. «Les boissons alcoolisées font partie de la Coupe du monde de soccer. Excusez-moi si j'ai l'air un peu arrogant, mais c'est quelque chose qui n'est pas négociable», a-t-il affirmé aux journalistes.

Un autre des nombreux points en litige est le refus de la FIFA d'accorder des tarifs préférentiels aux personnes âgées, aux étudiants et aux personnes souffrant d'un handicap. La loi brésilienne leur accorde actuellement une réduction de 50% sur le prix des billets.

La FIFA propose plutôt de réserver 400 000 billets à 50 $ US aux moins nantis en général, mais ne veut pas ouvrir la porte à des rabais pour ces trois groupes.

L'ancien attaquant-vedette du Brésil Romário de Souza Faria, aujourd'hui député fédéral, soutient que le Congrès n'a toujours pas adopté la fameuse loi parce qu'il est question ici de souveraineté nationale. «La FIFA veut se substituer à notre souveraineté, elle veut dicter les règles dans notre pays».

Mais pour Marcos Alvito, professeur d'histoire à l'Université fédérale Fluminense de Niteroi, la faute incombe en premier lieu à l'ex-président Lula da Silva, qui semblait, à l'époque, avoir accepté toutes ces conditions, les yeux fermés.

«Lula da Silva, avec toute la popularité qu'il avait, a mis tout son poids pour obtenir la Coupe du monde de 2014. Il voulait que la Coupe du monde se déroule dans 12 villes plutôt que 8 pour faire plaisir à 4 États supplémentaires. La FIFA lui a donné ce qu'il voulait mais a exigé des choses en échange et il s'est engagé à les faire. Aujourd'hui, Dilma Rousseff n'est pas en accord avec toutes ces exigences, mais elle doit en payer le prix.»

Prêt? Pas prêt?

Concernant l'avancement des travaux, le Brésil a été étonné d'apprendre il y a deux semaines, de la bouche du même député Romário, que le pays ne sera «pas prêt à 100%» pour accueillir la Coupe du monde. «Sur les 12 stades, il y en a peut-être 10 qui seront prêts. Concernant les aménagements urbains, aucune ville ne les aura tous finis», a-t-il affirmé au magazine Istoé.

Dans un communiqué publié au terme de sa visite au Brésil, la FIFA a voulu se faire rassurante en affirmant être satisfaite de l'avancement des travaux dans les 12 stades. La Fédération s'inquiète davantage de la lenteur des travaux d'infrastructures, particulièrement en ce qui concerne l'agrandissement des aéroports.

Jerome Valcke a tout de même réitéré que ce qui est crucial, c'est que le Brésil adopte la «Loi du Mondial» afin de pouvoir s'attaquer à une liste de 20 000 éléments à réaliser d'ici à 2014. Le secrétaire de la FIFA a affirmé que c'est la première fois dans l'histoire qu'un pays argumente encore, cinq ans après avoir obtenu la Coupe du monde.

Lors de son passage à Saint-Pétersbourg vendredi, le président de la FIFA, Sepp Blatter, a décoché une autre flèche en direction du Brésil en affirmant qu'à six ans de la Coupe du monde de 2018 en Russie, le pays est déjà plus avancé dans ses préparatifs que ne l'est le Brésil, à moins de deux ans de l'événement.

«Je peux vous dire que nous sommes largement en avance [en Russie]. Nous avons plus de problèmes actuellement au Brésil que nous nous attendons d'en avoir pour la Coupe du monde de 2018.»

Le ministre brésilien des Sports, Aldo Rebelo, a indiqué que les pourparlers avaient franchi une étape importante la semaine dernière et que la fameuse loi devrait être adoptée par le Congrès, en mars.