Au lendemain de la lourde suspension infligée à l'Uruguayen Luis Suarez pour racisme, le capitaine de l'équipe d'Angleterre de soccer John Terry a appris mercredi qu'il devrait prochainement répondre de la même accusation devant la justice de son pays.

Et le même motif, insultes racistes proférées au cours de matches du Championnat d'Angleterre, est à l'origine des deux affaires.

Terry, défenseur de Chelsea, est accusé d'avoir agressé verbalement le joueur des Queens Park Rangers Anton Ferdinand le 23 octobre, alors que Suarez, attaquant de Liverpool, s'en était pris à l'international français de Manchester United Patrice Evra le 15 du même mois.

Le cas Suarez a été réglé dans le cadre des instances sportives: la Fédération anglaise lui a infligé mercredi une suspension de huit matches et une amende de 40 000 livres.

Celui de Terry est allé beaucoup plus loin puisqu'après une enquête menée par Scotland Yard, c'est un tribunal de Londres qui décidera de son sort le 1er février. Le joueur risque une amende, avant que la FA ne se saisisse éventuellement de l'affaire.

Ni l'Uruguayen ni l'Anglais n'ont admis la moindre culpabilité.

Selon la presse britannique, Suarez se serait justifié de l'emploi du mot espagnol «negrito» (petit noir) en expliquant à la commission de discipline de la FA que ce terme n'avait pas de connotation raciste dans son pays.

Corde sensible

Terry affirme pour sa part que les propos qui lui sont reprochés, dont la nature ne fait guère de doute au vu des images circulant sur internet, ont été sortis de leur contexte, celui d'un match de haute intensité où les nerfs peuvent s'échauffer rapidement, et mal interprétés.

Le joueur anglais âgé de 31 ans, jurant «avoir toujours lutté contre le racisme» et «compter parmi ses proches amis des gens de toutes races et de toutes croyances», a promis de «se battre bec et ongles» pour prouver son innocence».

Quant à Suarez, dont le club, Liverpool, a souligné qu'il avait «lui-même une famille d'origine métisse», il devrait selon toute probabilité faire appel de sa sanction.

Les comportements présumés de ces deux joueurs mondialement connus ont touché une corde sensible en Grande-Bretagne, où l'image du soccer a parfois été ternie par le racisme.

C'est pour lutter contre les abus, allant des cris de singe aux jets de bananes, dont les joueurs noirs ont été victimes à de multiples reprises, que la campagne «Montre le carton rouge au racisme» a été créée en 1996 en Grande-Bretagne.

De récentes déclarations du chef de la FIFA Sepp Blatter avaient suscité l'indignation. «Il n'y a pas de racisme (dans le soccer), mais peut-être un mot ou un geste déplacé», avait affirmé le Suisse. «Et la victime devrait se dire que ce n'est qu'un jeu et serrer la main» de son adversaire.

Des propos jugés «épouvantables» par le premier ministre britannique David Cameron et «consternants» par l'ex-star de Manchester United David Beckham.