Paolo Maldini avait 16 ans quand il a joué son premier match pour le Milan AC. Ce défenseur exceptionnel y restera toute sa carrière. Vingt-quatre années à distribuer ballons et tacles dans sa ville natale, malgré des offres lucratives de Chelsea et Manchester United. Juste avant sa retraite, en 2009, pour son dernier derby contre l'éternel rival, des fans de l'Inter avaient hissé une banderole: «Pendant 20 ans notre ennemi, mais dans la vie toujours loyal.»

Paolo Maldini participe d'une fascination des partisans pour la loyauté. Mais dans «l'industrie du sport», les fans doivent se faire à l'idée: la loyauté est une chimère.

Voici l'un des constats tirés d'un nouveau livre du journaliste néerlandais Simon Kuper, à qui l'on doit entre autres Soccernomics. Dans Soccer Men, une série de portraits de joueurs, d'entraîneurs et de personnages gravitant autour du plus populaire sport de la planète, Kuper se fait un devoir de briser les illusions.

Prenez Wayne Rooney, par exemple. Entré à neuf ans à l'académie du club dont il a toujours été partisan, Everton, il part néanmoins jouer pour Manchester United. Ou Fernando Torres, le petit Madrilène qui grandit en rêvant de jouer pour l'Atletico. Son talent vient un jour à dépasser l'équipe et celui qui jurait de toujours rester finit par partir.

«Un joueur sait que son club le larguera s'il n'est plus bon, ainsi lui aussi larguera le club s'il n'est plus bon pour lui», écrit Kuper. Les joueurs ne sont pas nécessairement cupides, mais ils sont des «professionnels» qui pensent à leur «carrière».

L'auteur est érudit et gravite dans l'univers du soccer depuis son adolescence. Son livre, captivant, nous plonge dans celui des footballeurs. Mais plus encore, il nous en apprend sur nous, les supporters, et sur notre «syndrome Maldini».

Les joueurs n'ont pas à aimer leur équipe et dans les faits, peu le font. La réalité est dure à avaler, mais on n'est pas obligé de trop y penser...

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Soccer Men

Simon Kuper

Nation Books, 294 pages

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